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Le capitalisme vert, et le prétendu « greenwashing »

Publié le 1er octobre 2023

L’écologie, ces dernières années, a pris une importance dans la scène politique non négligeable. Pas une semaine, pas un jour, sans qu’un politicien prenne une position écolo ou pseudo-écolo, du NPA au RN en passant par Macron, tout le monde s’en réclame. C’est devenu un lieu commun où il est difficile d’apporter la contradiction, sous peine d’anathème proféré par le dernier des salopards climato-sceptique. L’écologie a bon dos pour pouvoir se donner une image respectable en politique-politicienne, surtout quand il y a un enjeu électoral, et comme ces gens qui ont la prétention de nous gouverner du plus haut niveau de l’état à la plus petite municipalité, appartiennent à une classe sociale qu’est la bourgeoisie, nous assistons parfois à des situations ubuesques dans les grandes villes et dans les campagnes.

Ainsi, dans la ville de Toulouse, nous assistons au nom de la lutte contre le réchauffement climatique à une espèce de gentrification qui ne dit pas son nom. En effet, la municipalité de cette ville a mis en place le 1ᵉʳ janvier de cette année une ZFE (zone à faible émission), qui consiste à interdire aux véhicules les plus polluants estampillés Crit’Air 4 et 5 et non classés de circuler en ville. Ce qui paraît être une mesure progressiste et écolo, est en réalité une mesure discriminatoire, puisque la plupart des Toulousains et des gens qui vivent dans les communes voisines, qui n’ont pas les moyens de se payer une voiture propre et propre jusqu’au bout, car cela sous-entend qu’il faudra acheter une bagnole neuve tous les deux ou trois ans sous peine d’amende, ne pourront plus se rendre en ville, ou même ne pourront plus rentrer chez eux. Donc il est fort à parier qu’il y aura d’ici à 2024 beaucoup de déménagements de prolétaire qui gagnent chichement leur vie, au profit de nouveaux arrivants qui eux auront du fric et auront des voitures électriques flambant neuves. Longue vie au Nucléaire Ecolo !!! D’un côté, ils relancent l’économie automobile et de l’autre, chassent la population populaire de Toulouse, étant hors-jeu d’entrée  ! Et voilà comment on transforme Toulouse en ville de riches. Bien joué Moudenc et en plus, vous avez droit à la médaille du super écolo.

À quelques kilomètres de là, le projet de l’autoroute Castres-Toulouse, qui, à l’origine, était un caprice de l’industriel pharmaceutique Pierre Fabre (et ami d’Antoine Seilliere), argumenté par ce qui se voudrait être un argument-massue, à savoir désenclaver le Tarn-sud, situation plutôt discutable puisqu’il y a déjà une bonne route nationale qu’il faudrait tout simplement réaménager. Mais quand on met en doute le bienfondé de la construction de cette autoroute inutile, nous avons droit à un florilège d’insultes, émanant souvent de personnes non résidentes de la région, qui n’ont aucune idée du contexte si ce n’est de simples phantasmes. Castres-Toulouse, c’est seulement 67 Km, ce n’est pas le bout du monde. Mais les populations du sud du département du Tarn qui ne sont pas, et loin de là, des gens fortunés, éviteront de prendre cette future autoroute qui, plus-est, sera payante environ 8€, d’autres disent 15€ -quoi qu’il en soit, c’est une injustice- : il existe déjà une autoroute Toulouse-Albi qui elle est totalement gratuite !!!

Et là, nous avons vu débarquer des contingents d’écolos venus des quatre coins du territoire français, pour expliquer qu’il y aura des dégradations, que ce n’est pas bien... Mais pour faire une simple route départementale, il y a aussi des nuisances à l’écosystème, et ce qui est rageant, c’est que ces écolos viennent donner des leçons, sûr il est vrai, un projet plutôt inutile. Mais pourquoi ils ne sont pas venus avant.
Car cette région est depuis longtemps polluée, voire vraiment très polluée, et les grandes forêts de la montagne noire ne prouvent rien. Pendant des décennies, depuis les débuts de la révolution industrielle, voire avant, il y a toujours eu de la pollution, notamment à l’arsenic dans les ex-mines d’argent à Salsignes, à quelques kilomètres de Castres, au nord de Carcassonne : les cités ouvrières de Mazamet et Graulhet ont eu il y a quelques décennies le record de France des rivières les plus polluées du pays avec divers produits chimiques particulièrement toxiques, dont les habitants de ces villes avaient tout le loisir de sentir les mauvaises odeurs et d’admirer les couleurs fantaisistes que prenaient parfois leurs rivières. À ces époques-là, ils étaient où les super écolos ?? De nos jours le sud du département du Tarn est une région beaucoup de chômage où les gens partent pour trouver du boulot ailleurs, et les vieux restent.

Le capitalisme, s’est depuis toujours accommodé avec l’écologie, en a même crée un marché et un mode de vie, à destination des classes « moyenne », petite bourgeoisie des grandes villes, population qu’on retrouve peu dans des régions comme le sud du Tarn ou le département de l’Aude dont les conditions de vie n’intéresse certainement pas ces « écolos ». On se souviendra des « beaufs » des campagnes dédaignant à l’époque les gilets jaunes.
Et l’écologie ces dernières années fait souvent appel à l’émotionnel, à l’instar de l’extrême droite.
Les deux se rejoignent sur la peur de l’inconnu et parfois l’absence de jugement réfléchi.
Les responsables politiques et les exploiteurs des grands groupes industriels ont compris depuis longtemps que les dégradations de l’environnement pouvaient porter préjudice à leur économie, que les dépenses pour protéger ou reproduire la force de travail s’alourdissent, que les pollutions suscitent des réactions malsaines pour le business et la stabilité politique.
Et il est tout à fait logique que les grands groupes industriels se repositionnent en faveur de l’écologie, et font des actes de « militance » pour la sauvegarde de la planète, mais ce n »est qu’une posture de façade. Avec cette histoire d’autoroute, je vois très bien les labos Pierre Fabre et Airbus retourner leurs vestes et nous donner des leçons d’écologie via les municipalités de Toulouse et Castres. Comme le disait Raul Gardini, grand patron ou ex-grand patron du groupe Ferruzzi qui possède (ou possédait) l’usine chimique très polluante Montedison : « L’écologie est l’avenir de l’économie, et l’agriculture l’outil le plus important de l’écologie » [1].

Quand le grand patronat commence à parler d’écologie, rien ne semble bon pour l’avenir du simple quidam. Les plus importantes ONG écologistes, par exemple le WWF ont été créées par des biologistes, mais aussi des hommes d’affaires, et cette organisation a des liens avec des entreprises comme Gazprom, le Crédit Agricole ou encore l’industrie agroalimentaire, qui ; c’est bien connu, est très respectueuse de l’environnement.

Cela montre une chose : tous ces bourgeois d’EELV à Greenpeace, qui nous donnent des leçons toute l’année sur l’écologie, nous demandant de se serrer la ceinture, de moins prendre l’avion (c’est sûr que le prolo du coin ou encore le précaire au RSA prend souvent l’avion pour l’usine ou pour Pôle Emploi), ou nous parlent sans arrêt de bagnoles électriques, du dérèglement climatique devant être largement financé, mais alors dans ce cas financé par qui ? Gazprom ? Lafarge ? Shell ? Coca cola ?... C’est à dire des multinationales qui pourrissent nos vies, qui nous font bosser dans des sales conditions, qui nous payent des salaires de misère, nous licencient comme des malpropres, nous intoxiquent physiquement , et abiment l’environnement, qui sollicitent les gouvernements pour retarder l’Age de départ à la retraite, et dans le même temps nous disent qu’il faut faire attention, car la fin du monde est proche et que si tu ne tries pas les déchets, tu es un irresponsable. C’est une mauvaise plaisanterie !

Il est évident que l’écologie est de nos jours un commerce comme un autre. Sous prétexte de montée catastrophique des températures, les discours officiels sont prêts à nous faire avaler n’importe quoi, comme celui d’accepter des technologies dangereuses comme le nucléaire, qui serait, paraît-il, bon pour le climat, et qui derrière tout ça, sans compter les intérêts économiques divergents ou convergeant des différentes factions du capitalisme international, et le gaspillage d’argent investi dans cette campagne contre la crise climatique. En attendant, les gens de la vie de tous les jours subissent les intérêts économiques des uns ou des autres au nom toujours de la lutte contre le réchauffement climatique, sans tenir compte des conditions de vie du prolétariat qui lui n’a le droit que de se taire et de subir. Les prolétaires n’ont droit qu’au mépris et à l’infantilisation.