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les grévistes de la « Conquête du Pain »de Montreuil !

Publié le 18 octobre 2022

La « Conquête du Pain » est une boulangerie coopérative de Montreuil, en région parisienne. Créée en 2010 entre autre par des militants libertaires, son nom est une référence explicite au livre de Pierre Kropotkine, « La Conquête du Pain », selon la page Wikipédia, est une coopérative qui emploie neuf salariés et deux apprentis. Le salaire horaire est le même pour tous (hors les apprentis), de même que la répartition des bénéfices : « On fonctionne à l’égalité forfaitaire, ce qui revient à une paye mensuelle de 1 500 € qu’on a dû baisser à 1 350 € par mois pour pouvoir embaucher une personne pour la livraison. Cela dit, on n’a pas les mêmes charges, ni forcément les mêmes horaires. Pour la production, certains viennent bosser à 3 h 30, d’autres à 8 h, d’autres viennent bosser le dimanche ». Les boulangers se réclament du communisme libertaire : « Communisme parce que nous voulons mettre en commun, partager. Libertaire parce que nous refusons l’idéologie autoritaire et pensons que l’égalité sans la liberté n’est rien ».

« La Conquête du Pain » est une sorte de « vitrine médiatique » pour le milieu militant, qui lui a consacré moults articles, livres et qui est régulièrement cité en exemple dans la presse militante (Le Monde libertaire, CQFD, le Combat Syndicaliste, …) comme dans les médias mainstream (BFMTV, Le Parisien, les Inrockuptibles, …).

Mais au-delà des mots, cette expérience d’autogestion en milieu capitaliste a fini par dériver, comme hélas de nombreuses autres expériences du même type. Petit à petit, l’aspect autogestionnaire a fait place à l’autoritarisme. Une distinction apparait entre les « coopérateurs » – propriétaires du capital social – et les salariés. Il leur est demandé de faire des heures sup non payées, au nom de la « cause ».

Ainsi, au mois de juin 2022, certains salariés ont décidé de refuser de continuer et de se taire. Ils ont décidé de mettre les pieds dans le plat, de dire tout haut la réalité, loin des contes de fées, et ils se sont déclarés en grève. Ils appellent à la solidarité, et notamment de la part des militants.

Quand nous avons reçu l’information à la CNT-AIT, cela nous a rappelé la lutte des ex-travailleurs du Cinéma Utopia à Toulouse : un cinéma « alternatif », « engagé », vitrine médiatique mise en avant par tout le mouvement « alternatif et citoyen » mais où les conditions de travail étaient celle de n’importe quelle entreprise classique : heures supplémentaires non payées, management par la pression, non-respect de la parole des salariés (souvent des salariées d’ailleurs …) … À l’époque, la plupart du milieu militant avait refusé de se solidariser avec les travailleurs d’Utopia en lutte au motif qu’on ne doit pas critiquer des « patrons militants » ni un lieu si utile médiatiquement pour la « cause ». Les travailleurs en lutte, et ceux qui avaient pris fait et cause pour eux (dont la CNT-AIT) avaient été l’objet de la part du milieu militant au mieux de silence sur la lutte pour l’invisibiliser, au pire d’une véritable campagne de dénigrement et même de haine anti-grévistes digne des pages saumons du Figaro1.

En ce qui nous concerne, militants anarchosyndicalistes, dans un conflit salarial – hier comme aujourd’hui -nous sommes du côté des travailleurs. Point. Les grévistes de la « Conquête du Pain » ont donc notre solidarité de principe et en acte. C’est pourquoi nous relayons leur appel à solidarité financière et appelons à contribuer à leur cagnotte.

Par ailleurs, cette lutte pour des conditions de travail digne dans le secteur de la boulangerie rejoint celle de nos compagnons de la chaîne de boulangerie « Firin » en Autriche, montrant ainsi que l’exploitation salariale est un fléau à combattre internationalement.

Des militants de la CNT-AIT Paris Banlieue

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