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Mythe des énergies renouvelables

Publié le 18 octobre 2022

Nous y voilà ! Les signes annonciateurs de cet évènement redouté, prévisible depuis longtemps (dès la fin du dix-neuvième siècle, des scientifiques s’inquiétaient des risques que faisaient peser sur le climat les énormes quantités de CO2 libérées dans l’atmosphère par les industries) sont indiscutables. Les pôles se réchauffent, les glaciers rétrécissent, les fleuves s’assèchent, le niveau des océans monte, les forêts brûlent, l’eau devient un bien infiniment rare et précieux. Mais heureusement, nous disent nos dirigeants, nous avons la solution : puisque cette modification du climat mondial est due aux excès de gaz à effet de serre que depuis le début de la révolution industrielle les sociétés développées relâchent dans l’atmosphère, il suffit de décarboner l’économie et les choses retrouveront leur cour normal.

Bien sûr, l’effort à fournir va être fantastique : depuis deux siècles, les énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole sont à la base du système économique mondial et leur substituer un autre type d’énergie n’est pas une mince affaire. Mais, nous disent les politiques, dans son histoire, l’humanité a été confrontée à bien des problèmes, conséquences d’innovations technologiques mal maîtrisées ; et à chaque fois des solutions ont été trouvées qui ont permis d’y remédier : par exemple, quand on a pris conscience que les gaz CFC utilisés dans tous les appareils de réfrigération détruisaient la couche d’ozone, la science a mis au point de nouvelles technologies qui ont éliminé ce problème ; et depuis la couche d’ozone se reconstitue lentement. Certes, il arrive parfois que le remède se révèle pire que le mal. Toute innovation comporte une part de risque, mais le génie humain est tel que toujours, on trouve une solution. On n’est pas obligé de partager cet optimisme, et compte tenu de l’importance de l’enjeu, il me semble essentiel de se poser la question : est-ce que le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables est réaliste ? Quelles conséquences pour nos sociétés ?

Les énergies fossiles présentent nombre davantage qui les ont rendus indispensables et ont permis le développement de la société capitaliste : elles sont abondantes, relativement faciles à extraire, à mettre en œuvre, à stocker et à transporter. Pour évaluer la productivité d’un système de production d’énergie, on doit prendre en compte la quantité totale d’énergie nécessaire pour la produire (par exemple dans le cas du pétrole pour l’extraire, le transporter, le raffiner et mettre à la disposition du consommateur un produit fini) et mettre cette quantité en rapport avec la quantité d’énergie livrée à l’utilisateur. On estime ainsi (un calcul précis est très difficile) que pour produire cent kilogrammes de pétrole livrés au consommateur, il faut trois kilogrammes de pétrole, soit un rapport de un à trente. Ce rapport est à peu près équivalent pour le gaz et le charbon. On estime que le même calcul effectué pour les énergies renouvelables donne un rapport entre dix et vingt fois plus bas, c’est-à-dire que pour produire 100 KW avec des éoliennes ou des capteurs photovoltaïques, il faut au minimum investir entre 30 et 60 KW (extraction des matières premières, fabrication, installation et entretien des installations) (concernant le photovoltaïque le rapport serait même plus proche de 1 KW investi pour 1 KW délivré à l’utilisateur final). Ce mauvais rapport est dû au fait que les installations éoliennes ou photovoltaïques nécessitent beaucoup d’énergie pour être fabriquées, ont une durée de vie relativement brève, (deux ou trois décennies et nécessitent beaucoup d’entretien, éolien principalement). Par ailleurs, si les énergies fossiles sont facilement stockables et transportables, ce n’est pas le cas de l’électricité : les véhicules électriques ont besoin de batteries très performantes qui nécessitent pour leur fabrication (et leur recyclage en fin de vie) des quantités phénoménales d’énergie (extraction des terres rares, du lithium, etc.) alors que la fabrication d’un réservoir de carburant est simple et peu coûteuse ; de même la nécessité de construire un réseau très dense de stations de recharges électriques nécessite des investissements considérables. Tout cela aggrave encore notre ratio et au final, dans le meilleur des cas, pour obtenir un KW produit avec de l’éolien ou du photovoltaïque mis à la disposition du consommateur, il aura fallu investir un KW. Sur le plan économique, ce rapport n’a pas de sens : dans l’état actuel des technologies, une société fonctionnant uniquement avec du photovoltaïque et de l’éolien tournerait en rond ou alors, elle externaliserait la fabrication de ses installations dans des pays où la main d’œuvre est surexploitée et vit misérablement (ce qui est le cas aujourd’hui). Notons aussi que les énergies renouvelables ne sont pas aussi écologiques que l’on prétend : l’extraction des minéraux nécessaires cause des dégâts énormes à la biodiversité, les installations de panneaux solaires artificialisent des terres agricoles ou des espaces naturels, les éoliennes détruisent des paysages, nuisent à la faune, etc.

Une société exclusivement basée sur des énergies renouvelables n’est pas réaliste ; (si les gouvernements sont si attachés à leur développement, c’est qu’ils les considèrent comme un formidable outil au service de la croissance économique et, pour les industries, une source de profits). Mais c’est bien pour cela que, dans l’état actuel des technologies, les gouvernements (à commencer par le français) ne les envisagent que comme un complément associé d’une part à l’hydroélectricité (énergie renouvelable qui nécessite des investissements considérables, mais qui s’amortissent très bien parce que la fiabilité et la durée de vie de ces infrastructures est très importante (plus d’un siècle) et d’autre part au nucléaire. Nous avons suffisamment depuis des décennies dans les colonnes de ce journal dénoncé les dangers du nucléaire tant sur les plans écologiques, que sociaux ou politiques pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter. Le nucléaire est une fausse solution, source des catastrophes à venir (et la guerre en Ukraine le montre un peu plus).

Si l’utilisation des énergies fossiles est à la fois une catastrophe sanitaire (plusieurs centaines de milliers de morts chaque année dues à la pollution de l’air par les fumées) et une catastrophe climatique et environnementale, si l’énergie atomique constitue un danger pour les générations présentes et futures, si les énergies renouvelables ne sont pas la solution, alors que faire ?

En réalité, les maux dont souffre la planète aujourd’hui, géopolitiques, économiques ou écologiques, ont tous la même origine : c’est bien parce que les états, les entreprises, les communautés, les individus se livrent une compétition acharnée et se sont lancés dans une course éperdue à la puissance, à la richesse qu’on aboutit aux absurdités suicidaires qui caractérisent notre société. Ce système régulé par les lois du marché, aussi impitoyables soient elles (Adam Smith dans son livre « la richesse des nations » affirme que la main invisible du marché est toute-puissante et détermine les gagnants et les perdants) justifie l’exploitation de l’homme par l’homme au nom de l’exploitation sans limites de la nature et la recherche maximum du profit. Si l’on écoute les tenants de cette idéologie, plus un individu est riche, plus il accumule de biens matériels, plus il a de pouvoir, plus il est libre, plus il est heureux et cette volonté de s’enrichir justifie tous les excès. C’est parce que des états, des entreprises, des individus ont voulu s’enrichir sans limites que des millions de personnes ont été, de par le monde, réduites en esclavages, forcées à travailler dans des conditions indignes, opprimées, massacrées, etc.

Les chemins de la croissance des économies occidentales sont pavés de millions de victimes, sacrifiées pour permettre l’enrichissement des classes dominantes, et si dans les sociétés développées, les luttes acharnées des travailleurs ont permis la conquête de droits sociaux, dans la majorité des pays, au nom de la recherche du profit, des dizaines de millions de personnes sont aujourd’hui encore exploitées, méprisées, et vivent dans une atroce misère, souffrant de la famine, etc. Si pour exploiter la force de travail des humains, le système a été capable d’user d’une barbarie sans limites, il ne faut pas s’étonner que pour exploiter les ressources de la nature, il fasse preuve d’une brutalité et d’une violence équivalente. Si les travailleurs sont considérés comme de simples propriétaires d’une force de travail avec qui il faut composer, la nature, passive, est vue comme une simple marchandise, une simple accumulation de ressources et de richesses que l’on peut exploiter sans limites. Ressources minérales, végétales, animales ont été ainsi systématiquement pillées, détruites, uniquement pour satisfaire la soif de profits des classes dominantes. Les crises climatiques, épidémiologiques, de la biodiversité, etc. ne sont que les conséquences logiques de cette folie et leur multiplication est la preuve évidente que nous arrivons au bout de ce système. Les équilibres naturels sont rompus !

Les forces de la nature ont vaincu la main invisible du marché chère à Adam Smith. Une transformation radicale de nos sociétés est nécessaire. Il faut en finir avec ce système qui divinise la marchandise et le profit et autorise l’exploitation scandaleuse de l’homme par l’homme et la destruction de la nature. À nous de reprendre notre destin en main en construisant un avenir désirable, égalitaire et démocratique et respectueux par ce que beaucoup moins dépendant de la marchandise de la nature.

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