Où on reparle des maisons de retraite
Publié le 25 mars 2008
Le "Ministre du travail et des solidarités" a de ces surprises ! Figurez-vous qu’il vient de découvrir que la maltraitance dans les maisons de retraite a une ampleur insoupçonnée !
Alors qu’il vient à peine d’ouvrir, le numéro téléphonique national pour les victimes de maltraitance en maison de retraite a reçu en moyenne 330 appels par jour et le service chargé de les traiter n’en peut déjà plus "On est débordé, c’est vraiment plus que ce que l’on avait imaginé !" [1]. Le ministre et ses services manquent de repères. Ils devraient lire la presse anarchosyndicaliste [2], ça leur éviterait bien des surprises...
Car, le constat n’est vraiment pas nouveau. Il reste par contre accablant : patients attachés sur leur lit à longueur de journée sans raison, vieillards nourris à la sonde alors qu’ils pourraient manger normalement, toilettes réduites au minimum ou pas faites du tout, familles laissées sans information, violences directes de toutes sortes, repas supprimés... c’est la sordide vérité.
Histoire de montrer qu’il fait quelque chose, le ministère vient d’annoncer glorieusement qu’il a fermé 83 établissements agréès. Vu ce qu’on constate dans certains qui restent ouverts, on se demande à quoi devaient ressembler ceux qui ont été fermés... mais passons. Car l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, le ministère des "solidarités", comme il ose s’intituler, n’y fait surtout pas allusion. Tout au contraire : comme il lui faut bien trouver des coupables à ces situations scandaleuses, il cherche a détourner la colère du public sur les personnels ! Effectivement, si une toilette est mal faite, on peut toujours incriminer la soignante qui l’a réalisée... à condition "d’oublier" qu’elle ne peut pas faire autrement car le temps lui est compté. Suivant les maisons de retraite en effet, le personnel dispose de 15, 12 minutes et parfois moins pour faire la toilette d’un résident souvent incontinent, pour l’habiller, le mettre au fauteuil. Mission impossible, tout le monde le sait. Alors, il faut "bourrer". Il ne faut pas perdre une seule seconde. On n’a pas le temps de dire autre chose que "bonjour" et "au revoir". Et encore. Il faut faire vite, vite, vite. Enlever le pyjama, enlever la couche, nettoyer les matières et l’urine, et l’horloge qui tourne, alors vite, vite, un coup de gant de toilette, une nouvelle couche, une robe ou un pantalon enfilés par dessus à la " va comme je te pousse " et, vite, vite, il faut passer au résident suivant. Et déjà, on n’est pas dans les temps, déjà, on va essuyer des remontrances, déjà, on risque de se faire virer. C’est ça, les conditions de travail dans pas mal de maisons de retraite. C’est ça qui cause tant de souffrances chez les résidents et chez les personnels. Car, croyez-vous qu’une femme, qu’un homme normalement constitués puissent traiter comme ça des personnes qui pourraient être leur mère ou père sans en souffrir ?
Et tout ça pourquoi ? Pour assurer de gros bénéfices aux actionnaires quand il s’agit de maisons privées ou de confortables salaires et avantages de toutes sortes à la haute hiérarchie quand il s’agit de maisons gérées par des "associations". Il faut le dire, face à des profiteurs sans scrupule, les personnes âgées sont devenues un " marché ", pire, de véritables vaches à lait. Plus de 700 000 vieux [3] sont déjà en maison de retraite. Leur nombre ne va faire qu’augmenter. A raison de plusieurs centaines d’euros de bénéfice par tête et par mois, ces "maisons" sont déjà un des secteurs les plus juteux de l’économie. Et, pour tirer le maximum de jus, la formule est simple : faire cracher au bassinet les familles [4], comprimer les salaires, réduire le personnel, rogner sur la qualité de tout... C’est simple et clair : la source essentielle de la maltraitance en maison de retraite, c’est la recherche du profit.
Ursula