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Espagne 36 ou Espagne 39 ? (débat et manifs le 19/07 à Tlse)

Publié le 13 juillet 2009

anarsonore

Comme des dizaines de milliers d’autres, il bat en retraite depuis la funeste bataille de l’Ebre.

En ce jour de février 1939, en franchissant la frontière franco-espagnole par le col du Perthus, il est un de cette armée battue, entourée de civils en fuite. Quand il abandonne son fusil mitrailleur, il sait qu’il a tout perdu - mais il n’avait pas grand chose à perdre - il sait surtout qu’il ne reviendra pas dans sa terre natale. "Je savais que je ne reverrai jamais ma mère" me disait-il. Il le savait, malgré les mensonges des politiciens qui sont partis, devant et en voiture. Il les a vu fuir sans s’étonner. Il les a vu agir pendant trois ans, mettre fin au triomphe populaire de 1936. Dans la glorieuse dépouille des journées révolutionnaires, il les a vu se tailler de beaux costumes de généraux. Ils ont transformé la victoire du peuple en une boucherie militariste, et la boucherie militariste en terrible débâcle. 1939 C’est la fin du massacre mais c’est aussi le début d’une grande déchirure.

L’exil, ce n’est pas les bons ici et les méchants de l’autre côté de la frontière, et tout va bien grâce à la France, non. Parmi ceux des vaincus qui ont survécu à la fin de la guerre civile, il y a ceux qui ont pu partir et ceux qui n’ont pas pu, de nombreux pères ont du laisser leurs enfants et de nombreux fils ont du laisser leur mère.

Sa mère, sur l’unique photo qu’il possède, c’est une femme toutes de rides et de noir vêtue, sous le soleil de plomb dans un village au silence pesant. Ainsi, a-t-elle du survivre, ainsi peut on imaginer qu’elle est morte, au milieu de haines faciles et de solidarités improbables. Ce n’est pas grand chose, la mère ou la fille d’un vaincu, quand il lui reste à affronter l’arrogance des vainqueurs. Il y a une immense souffrance de part et d’autre des Pyrénées qui durera des décennies.

70 ans après, je reçois des mots et des discours de politiciens dans ma boite aux lettres au sujet de la "Retirada", cette tragique "retraite" de Février 1939. Voilà maintenant qu’ils se mettent à célébrer ce moment de notre histoire et à le réduire a un cliché. Une plaque de rue par ci, un coup de violon par là comme par exemple à Toulouse le 27 juin (inauguration d’une voie en l’honneur des exilés). Pourquoi le 27 ? peut être un blanc dans un agenda, qui le sait ? Cette date ne correspond à rien. Le seul constat à faire, c’est que le pouvoir préfère ancrer dans les mémoires la défaite des prolétaires plutôt qu’évoquer l’action libertaire et victorieuse de ouvriers et des paysans espagnols.

Pourtant, c’est bien la mémoire de cette oeuvre révolutionnaire qu’il nous faut essayer de transmettre. Particulièrement en cette année , qui a vu tant de gens se dresser dans le monde pour défendre la liberté contre l’Etat et le capitalisme assassins. Il faut rappeler tous ces sacrifices, mettre en résonance le passé et le présent, poser comme un trait d’union entre les morts et les vivants le combat intemporel et universel pour l’émancipation de l’humanité.

C’est ce à quoi nous contribuerons à notre modeste niveau ce 19 juillet.

19 juillet 2009
DEUX MANIFESTATIONS SONT ORGANISÉES À TOULOUSE :

Une à l’initiative de Solidarité internationale antifasciste (SIA), à laquelle nous serons présents le matin. Salle des fêtes de La Fourguette, 28 rue de Gironis. Le programme est le suivant : 11 heures : présentation de documents sur la guerre et l’exil. A 12 h 15 : repas (paella. S’inscrire au 05 61 85 93 60). A 14 h 30 : animation festive avec la participation de Serge Utgé- Royo (chanson) ; Lorenzo y Cristo (rumba flamenca), l’association “A bailar” (danse espagnole et mexicaine), Marisol Costa (poésie), Camille Antczak-Arnal et Blanca Navarro (flamenco).

L’autre, à notre initiative :

A 15 heures,au local CNT-AIT de Toulouse :

Débat : “Espagne 1936, une révolution trahie ?”

La réflexion démarrera à partir de l’ouvrage "La revolucion traicionada, la verdadera historia de los amigos de durruti" (Editorial Virus, 2003, non encore traduit en français) dans lequel Miquel Amoros revient sur le rôle des Comités de la CNT catalane dans le “retour à l’ordre” qui a suivi la révolution de 1936. D’importantes questions sont posées par ce texte. Un exemple parmi beaucoup d’autres : une certaine vision du fédéralisme n’est-elle pas nuisible à l’élan révolution- naire ? Nous pensons, en tant que militants anarchosyndicalistes que la Révolution espagnole est un événement qui permet d’illustrer le débat fondamental entre une conception verticale de la société et une organisation horizontale, entre "pouvoir sur" et "pouvoir faire". Un débat qui doit intéresser tous les militants libertaires.

A 19 heures :

Rassemblement Allées Fédérica Montsény, (Empalot, avenue des Récollets)
Prise de parole

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