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UNE PETITE VOIX QUI NE LA FERMERA PAS

Publié le 27 février 2006

Voici quelques numéros, nous avions entretenu nos lecteurs des poursuites pour "diffamation" perpétrées par son employeur à l’encontre d’un militant de la CNT-AIT de Montpellier, salarié d’une association para-administrative qui regroupe parmi ses dirigeants une bonne part du gratin local. Rappelons que notre compagnon avait tout simplement décrit, par voie de tract, les pratiques habituelles de sa boîte. Certes, il les avait agrémentées des propos qui convenaient, et en des termes choisis. Pour que nul n’en ignore, ces tracts avaient été diffusés dans toute la ville. On en vit même collés jusque dans le village ou habitait son patron.

Aujourd’hui, voilà que le même genre de procédure recommence, cette fois-ci à l’encontre d’une compagne de la CNT-AIT des Pays de Loire. Une affaire de plus, qui démontre que, public, privé, associatif ou culturel, le patronat a une insupportable propension à considérer comme une "calomnie" tout propos de salarié un peu critique et une tout aussi intolérable prétention à vouloir imposer le silence.

Pour revenir à ce nouveau procès, à quelle calomnie s’est donc livrée Chantal, puisque c’est ainsi que la nouvelle poursuivie se prénomme ? A-t-elle, en ces temps troublés, publié une quelconque caricature de son patron avec une bombe à la place du turban (ou, plutôt, s’agissant d’un patron... à la place du portefeuille). Même pas. Elle a tout simplement raconté, sur une petite radio associative (Alter-Nantes), ce qu’elle voit, ce qu’elle vit au quotidien depuis des années, là où elle travaille.

Comment appeler justement ce "là" où elle travaille ? Officiellement, c’est un "Etablissement public médico-social". Cette appellation ne dira pas grand chose à beaucoup de gens. Essayons de la traduire : "hôpital d’où l’on ne sort pas" conviendrait, ce qu’on appelait autrefois un hospice, une maison d’internement... bref un lieu ou des centaines de personnes, qui, généralement n’ont plus ni famille ni ami, attendent... attendent quoi, au fait ? Comment ces personnes sont-elles traitées pendant tout ce temps ? C’est là-dessus que porte le témoignage de Chantal. Un témoignage tout simple, d’une petite voix qui parle avec les mots de tous les jours, et qui, pour que nul n’en ignore, a été envoyé par la radio aux responsables. Ce témoignage aurait dû soulever des questions parmi les responsables. Il aurait certainement appelé d’autres types de réponses qu’une accusation de calomnie.

Mais, Chantal n’a pas eu le choix. Il y aura donc procès. Oserons-nous écrire que nous l’attendons, ce procès, sans impatience, mais de pieds ferme ? Car il nous donnera certainement le plaisir d’entendre à la barre l’administration de l’établissement déclarer que, partout et toujours, c’est l’intérêt des malades qui passe en premier ; que chacun des résidents qu’elle héberge reçoit les soins éclairés et attentifs que la déontologie médicale exige ; que ces soins sont réguliers et toujours conformes aux règles de bonnes pratiques ; qu’il n’y a jamais eu la moindre bavure, et que, finalement, c’est un réel plaisir de se faire interner chez eux. Autant de points qui seront discutés. Car, ce qui est sûr, c’est que Chantal avancera témoignages et preuves matérielles de poids.

Un mot avant de finir, pour indiquer à ceux qui ne l’auraient pas lue dans nos colonnes, l’issue du procès de Montpellier. Après avoir gagné en Correctionnelle contre notre compagnon, le patron s’est retrouvé Gros-Jean comme devant. Il a perdu sur toute la ligne en Appel et a été condamné à l’entier paiement des frais de justice. Le tout assorti d’une importante “publicité” sur son cas.

Nous ferons tout pour que la présente affaire finisse de la même façon. Pour cela, nous avons besoin de votre aide. Il faut soutenir Chantal qui a eu le courage de parler quand beaucoup se taisent. Il faut soutenir l’animateur d’Alter-Nantes, lui aussi poursuivi pour la même raison. Il faut des moyens pour réunir des preuves supplémentaires, pour établir un dossier qui sera rendu public en son temps, pour faire face aux frais de justice.

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