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Nouvelles attaques contre les conditions de travail

Publié le 15 mars 2012

Les uns après les autres, des pans entiers de
nos conditions de vie sont attaqués. Que
l’on soit mis hors jeu (retraite, STO [1]…) ou
que l’on s’éreinte au travail n’y change rien. Le
mot d’ordre des profiteurs est manifestement
« Exploiter plus pour gagner plus ». Exploiter plus,
ça veut dire nous plumer chaque jour un peu
plus.

C’est pourquoi, aux attaques aussi directes
que profondément scandaleuses contre les
chômeurs succèdent les attaques insidieuses,
menées par vagues successives, contre les
salariés. Un des leitmotivs du patronat est que
« nous » (nous, c’est-à-dire les salariés ; parce
que « eux » - les actionnaires, les rentiers et les
patrons - ne sauraient être concernés par de si
basses considérations), nous, donc, ne travaillerions
pas assez. Comme toujours, l’attaque
commence dans les médias, par des articles
supposés « objectifs » [2] ; mais le seul et véritable
objectif de l’opération est de propager des
idées fausses qui serviront de base à des décisions
néfastes au plus grand nombre [3].

Sortent donc en ce moment des articles sur
«  le temps effectivement travaillé en France ». En particulier
pour propager les résultats de prétendues
« études ». Par exemple celle du COE-rexecode
(organisme, proche du MEDEF, bras
armé patronal dans la lutte des classes) qui « 
montre » que les Français ne travailleraient « 
que » 1 679 heures par an alors que nos « voisins
allemands », eux, se farciraient 1 904 heures.
Beaucoup de bruit a été organisé autour de
cette « étude » par les patrons et par tous les
réactionnaires. Pour eux, l’objectif est simple :
liquider les « 35 heures », auxquelles ils
imputent tous les malheurs de l’économie
française, surtout ceux dont ils sont directement
responsables par leur voracité et leur
incompétence.

une étude ? une pitrerie !

Il suffit de lire le document en question
pour se rendre compte que cette
fameuse « étude », est surtout
une fabuleuse pitrerie…
Comment s’y sont pris les « 
experts » patronaux pour calculer
le temps de travail ?

Aussi incroyable que cela
puisse paraître, ils nous
indiquent avec le plus grand
sérieux que « Les enquêtes
européennes sur les Forces de travail
sont effectuées par sondage auprès
d’échantillons de ménages
 ».
Renversant. C’est comme si on
faisant une enquête sur la fraude
fiscale en effectuant un sondage
auprès d’échantillons de
ménages de millionnaires…

D’autant qu’il n’est pas difficile
de trouver une méthode plus
sérieuse. Par exemple, en calculant
le volume travaillé à partir
des cotisations versées aux
URSSAF. Ce qui serait beaucoup
moins farfelu, et fournirait du moins un plancher indiscutable. On ne s’étonnera
pas que d’autres études, quoique pas
franchement anarchosyndicalistes, quoique
menées avec la même méthodologie exécrable
mais un peu plus de logique dans le raisonnement,
trouvent des résultats bien différents.
Ainsi, une enquête de l’OCDE donne des
chiffres qui vont à l’inverse de ceux du
patronat : en moyenne les salariés allemands ne
travailleraient « que » 1 390 heures, alors que les
français monteraient à 1 554. Pourquoi une
telle différence ? Une des raisons, c’est que
COE-rexecode n’a retenu pour sa pitrerie que
les salariés à temps plein, écartant ce qui sont à
temps partiel ! Ce qui ne les empêche pas de
parler de … moyenne.

Les idéologues patronaux ne s’embarrassent
pas de scrupules. Après avoir escamoté
les salariés à temps partiel (car ils font baisser
la moyenne allemande), après avoir choisi une
méthode aussi peu fiable que possible, ils en
tirent, avec la suffisance de ceux qui ont décidé
quel serait le résultat de leur étude avant de
l’avoir commencée, une conclusion supposée
nous assommer : les Allemands auraient une
croissance supérieure à la nôtre car ils n’ont pas
mis en place les 35 h. Une fois cette brillante
conclusion proclamée, les idéologues
patronaux, redécouvrent les salariés à temps
partiel pour les besoins de la cause (la flexibilité)
et... pour se féliciter de leur existence.
Alors, nous disent-ils, que l’emploi à temps partiel
a stagné en France entre 1999 et 2010, il a
augmenté sur la même période de 7,3 % en
Allemagne. Le directeur de COE-rexecode,
Michel Didier, voit dans son augmentation une
des clefs du succès de l’Allemagne : «  Le pays,
nous dit-il, a encouragé la négociation d’entreprise, le
développement du temps partiel et une baisse limitée de
la durée effective du travail. Cela a permis une augmentation
du taux d’emploi et des gains de pouvoir d’achat
de sa population
 ». Ce monsieur nous explique
donc avec le plus grand sérieux tantôt qu’une diminution du volume total travaillé
est une bénédiction pour
l’économie tantôt qu’elle est
une catastrophe [4]. Ça ferait rire
si on ne voyait pas la manœuvre
qui se profile derrière.

petit rappel historique :
les socialistes champions de la flexibilité

lors du passage aux 35 heures, voilà les petits cadeaux offerts par nos
amis socialistes au patronat :

  • Annulation de la majoration salariale pour les 4 premières heures
    supplémentaires,
  •  Possibilité d’annualiser le temps de travail (et donc obligation pour
    le salarié de travailler jusqu’à 10 h par jour et 48 h par semaine, si cela
    « chante » au patron),
  • Annulation du décompte des temps de pause dans le temps de travail,

- Blocage des salaires dans certaines branches,

- Remise en question de deux jours de repos consécutifs,

  • Modification des emplois du temps dans de plus courts délais,

- etc.

merci les socialistes !

Il s’agit d’abord pour le
patronat de continuer cette
casse méthodique du Code du
travail qu’il a commencé voici
plusieurs années. La nouvelle
attaque porte sur la partie du
Code qui concerne le temps de
travail. Il y reste en effet
quelques règles qui ne permettent
pas aux patrons de faire
tout ce qu’ils veulent. Ce n’est
pas pour rien que Sarkozy veut
soumettre le temps de travail
dans chaque entreprise à une
négociation entre le patron et
les syndicats de celle-ci. Le désir
des capitalistes est de supprimer
tout cadre général, de
n’avoir que de la négociation au
cas par cas ! Quand on connaît
la capacité des syndicats à trahir
les salariés, on ne peut que
frémir à la vue de ce plan, et
s’attendre à travailler 45 heures
par semaine, le tout avec la plus
grande flexibilité et les plus bas
salaires.

Justement, la flexibilité, parlons-
en. A l’époque où nous
travaillions 40 heures par
semaine, la flexibilité n’existait
pas. Donc, nous avions des
temps de pause compris dans
l’horaire de travail, des plannings
réguliers, des périodes de
travail programmées à l’avance,
des congés tout aussi programmés…
ce qui permettait de
mieux organiser sa vie personnelle
et familiale.

Pour nous faire avaler la
flexibilité exigée par le patronat,
les socialistes ont abaissé le
temps de travail, en le passant à
35 heures, histoire de donner
aux salariés une contrepartie.
Bref, avec tout ça, nous avons
eu les 35 heures et la flexibilité.

La manœuvre actuelle est
simple : nous laisser la flexibilité,
mais nous voler les 35
heures.

Gageons que, s’il réussit son
coup, le patronat ne s’en tiendra
pas là. Il s’attaquera ensuite à
d’autres « archaïsmes », comme
le SMIC par exemple.

P.

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