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PSA : HEURES SUps ICI, FERMETURE DE SITE LÀ

Publié le 1er septembre 2012

Toute les institutions s’accordent pour nous présenter la chute de la production industrielle comme un drame national pour lequel chaque citoyen est incité à porter le deuil. Aucun paradoxe ne semble effrayer ces voix officielles tout à leur discours funèbre. La lutte contre le réchauffement climatique ou l’épuisement des énergies fossiles, préoccupations hier essentielles, sont désormais cachées comme une vile poussière sous le tapis d’un ministère du « redressement productif » condamné, l’avenir ne nous démentira pas, au rôle d’officiant principal des enterrements industriels .

Dans la même veine incohérente on voit dans tous les recoins fleurir des communiqués syndicaux, aussi enthousiasmants que de faire-parts de décès, invitant les travailleurs qui en étaient hier à se suicider sur leurs postes à « se battre » pour les conserver, c’est-à-dire pour l’essentiel à accepter toutes les reculades pour « sauver l’emploi ».

Le groupe PSA étant le nouvel emblème médiatique de ce non-dit qu’est l’exploitation industrielle de la planète et des hommes, voici donc quelques vérités qui sont tues par tous les pleureurs officiels. C’est le témoignage d’un ouvrier d’un des deux sites PSA-Metz.

Dans la semaine même où, la larme à l’œil, le groupe annonçait la fermeture du site d’Aulnay pour raisons économiques (donc du 9 au 13 juillet 2012), lui même et ses compagnons de chaîne étaient obligés, pour des raisons économiques bien sûr, de faire des heures supplémentaires. Et faut voir comment.

« En fait chez PSA, normalement quand tu fais des heures sups la semaine, c’est 1 h l’après midi, normalement elles ne sont pas obligatoires, c’est au volontariat, puisque ça cause des problèmes de garde d’enfant, de co-voiturage, etc.

Or, pour cette semaine, ces heures sups ont été imposées !!! On est venu pleurer pour qu’on fasse l’effort, vu la situation du groupe, et soi-disant à cause d’une perte de 800 moteurs suite à des pannes (qui sont causées par des machines, pas par des opérateurs !!!). »

Et elles ne seront pas payées, elles iront dans un compteur H+/H-, mon chef m’a juste dit qu’au mieux je toucherai les majorations heures sups de nuit, que dalle quoi... Pour hier, en principe on était en RTT, puisque toutes les 6 semaines il y a un vendredi RTT comme on fait plus de 35 h à la semaine mais qu’on est payé pour 35 h, du coup ça fait encore des heures sups.

Les syndicats comme la CGT étaient totalement contre et ont appelé au débrayage pendant les heures sups le soir, mais quasiment personne n’a suivi... [1]

A la suite de ça le quota de production est passé à 1 100 moteurs quotidiens, c’est 1 100 fois le même geste. A la fin de la journée, on en peut plus tellement la cadence est inhumaine, on pète tellement les plombs qu’on perd notre lucidité, hier on faisait des cris d’animaux, je poussais des hurlements, et on entend ça dans tout l’atelier arrivé une certaine heure. Quand je me lève le matin je n’arrive plus à bouger les doigts de la main droite..."

C’est bien cette souffrance, c’est bien cette déshumanisation du monde, qu’il nous faut combattre. Se battre -comme nous le suggèrent les institutions, les médias, les politiciens , les syndicats- dans des luttes d’arrière-garde, perdues d’avance, pour prolonger toute cette abomination sous perfusion étatique et pour que continuent les profits du patronat sur notre dos est parfaitement absurde.

Oui il faut lutter, mais luttons pour notre émancipation, pour nous libérer de cet esclavage et de cette aberration productiviste. Le paradoxe, c’est que cette lutte n’exige pas plus d’efforts que celle qu’on nous incite à mener pour perpétuer tout cela. Mieux, du point de vue moral ce sera bien plus enthousiasmant que la lente dépression dans laquelle nous enfonce le Pouvoir a coups de crises successives et de processions funèbres.

Ne pleurons pas avec les chorales d’hypocrites ; quand le roi est nu il faut le dire, il faut démasquer ces gesticulations insensées, ces contradictions abyssales, cela sera bien plus réjouissant que d’aller à la messe pour le rhabiller, et c’est même de cette bonne humeur collective que jaillira à mon avis l’énergie révolutionnaire et libératrice.

Iconoclaste

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