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ESPIONNAGE GÉNÉRALISÉ : LES TENTACULES DE LA PIEUVRE

Publié le 7 avril 2014

Dans le sillage de Wikileaks, Edouard Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA, a dévoilé des documents confidentiels liés à différents programmes de surveillance américains et britanniques.

Le 6 juin 2013, la NSA et la GCSQ, officines œuvrant dans l’ombre au profit des services de renseignement américain et britannique, ont subitement connu une notoriété mondiale. Ce coup de projecteur est évidemment le pire des scénarios catastrophe envisagés par les créateurs de ces programmes, de par la nature même des activités de leurs organisations  : espionner le monde (entier, si possible), c’est-à-dire être capable d’enregistrer tout ce qui se dit. C’est ce qu’on appelle la politique du « big data ».

Ces deux organisations n’ont aucun fondement juridique ou légal, ce qui fait d’elles des organismes autonomes, une sorte de bête sauvage à deux têtes dont les tentacules se déploient potentiellement dans l’intimité de tous.

Bien que l’existence d’une telle surveillance ne soit pas pour étonner les personnes un tant soit peu attentives au fonctionnement réel de nos sociétés, quelque chose a semblé surprenant lors des révélations de Snowden. Dans des pays qui affichent en principe la protection de la vie privée et l’inviolabilité des correspondances et qui traduisent ces principes dans des lois pénales, la faiblesse — pour ne pas dire l’absence — de réaction des « dirigeants » à eu quelque chose de surprenant. Même si — à ce que l’on sait aujourd’hui — François Hollande n’a pas été espionné comme Angéla Merkel à partir de son propre téléphone portable, la mollesse de sa réaction a eu de quoi surprendre… Mais cela n’a rien de mystérieux maintenant  ! La tête anglaise du poulpe a récemment lancé une information qui nous donne l’explication  : l’État français fait la même chose que les américains et les britanniques, sinon plus et moins... cher. Patrick Pailloux, à l’époque chef de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information, ne s’en cachait qu’à moitié devant les parlementaires  : «  Les systèmes d’information et de télécoms sont nos systèmes nerveux (…). Nos grands homologues internationaux ont souvent davantage d’effectifs que nous, mais sont en général moins centralisés  ». Cette centralisation repose sur une interpénétration entre les services secrets et l’opérateur historique français, France-Télécom alias Orange. Nous n’avons pas l’habitude de faire de la publicité, mais en l’occurrence, cette enseigne mérite qu’on cite son nom qui aurait pu figurer, à juste titre, dans l’utopie autoritaire totale dépeinte par Georges Orwell dans son chef d’œuvre d’anticipation politique « 1984 ». La DGSE et Orange travaillent en effet main dans la main au viol du secret de la correspondance et de la vie privée. Les données collectées sur tout un chacun sont ensuite diffusées à toutes les agences de renseignement français et à certains services étrangers. Depuis au moins trente ans, au sein de France-télécom puis d’Orange, un petit groupe d’indicateurs espionne toute la population, à l’insu de chacun. Plusieurs de ces individus (en particulier des ingénieurs) font des allers-retours entre la DGSE et Orange, travaillant tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre, avec en particulier la mission de casser les cryptages. Bien qu’ils disposent d’une habilitation «  secret défense », c’est en dehors de tout contrôle judiciaire (et on sait que ces contrôles ne garantissent déjà pas grand chose) que les espions d’Orange se livrent à leurs activités sans rencontrer de grandes difficultés puisqu’ils ont accès comme bon leur semble à la totalité des réseaux et à toutes les informations qui transitent par eux.

Ajoutons que cette surveillance est maintenant connue, de notoriété publique comme l’on dit, qu’elle est parfaitement illégale, qu’elle constitue donc un délit d’une gravité extrême par son ampleur. Mais nous pouvons affirmer qu’elle va continuer, qu’aucun responsable politique ni industriel ne sera incriminé. Qu’aucun juge ne lancera de réelles poursuites. Ce qui démontre une fois de plus le cas que l’État fait de ses propres lois quand ses intérêts sont en jeu. Car, s’il cherche à connaître en détail la vie de chacun, c’est dans l’optique de la contrôler et de tout faire pour que cette société d’exploitation dont il est le gendarme, reste ce qu’elle est.

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