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CLERMONT-FERRAND : UN IMMEUBLE RÉQUISITIONNE - LANCEMENT DE LA CAMPAGNE POUR LA LIBÉRATION DES ESPACES

Publié le 5 octobre 2014

Depuis mai dernier, à Clermont-Ferrand, des militants de la toute récente CLE (Campagne pour la libération des espaces) s’activent pour faire vivre le premier lieu qu’ils ont «  libéré  »  : le Guantanamo [1].

En mai 2014, alors que la vie militante clermontoise suit sa routine plus ou moins monotone, un événement sans précédent vient rompre le calme : l’ouverture d’un grand bâtiment situé à Chamalières, affublé par ses premiers habitant-e-s du doux nom de «  Guantanamo » et dont la vocation première est l’habitation de personnes sans domicile, qu’elles aient des papiers ou non.
Pour bien comprendre comment une telle initiative a pu voir le jour à Clermont-Ferrand, il faut revenir quelques mois en arrière, en septembre 2013, lorsque le 115 (l’organisme chargé de l’hébergement d’urgence) refusait de continuer à assurer son rôle pour cause de subventions coupées, laissant plus de trois-cent-cinquante personnes à la rue. Les sans-abris avaient brièvement trouvé refuge dans l’église de la place de Jaude, mais celle-ci avait été incendiée le soir même, et c’est ainsi qu’avait débuté l’occupation de la place de Jaude. Pendant près de deux semaines, c’est la solidarité qui a fait vivre le campement et a permis d’installer des douches, d’organiser des cantines, diverses animations et des manifs avec des revendications : des logements et des papiers pour tous  ! La seule réponse que les «  autorités (in)compétentes » ont été capables d’apporter est le démantèlement du camp par la CGT et son expulsion par les CRS, le 14 septembre, agrémentées des violences qui sont toujours de mise dans ces cas-là, ainsi que de l’arrestation d’une militante.

Suite à cela, face à l’incapacité des institutions d’apporter une solution durable, décente, et humaine aux personnes concernées, des militants ont décidé de se réunir pour tenter de trouver des solutions par elles/eux-mêmes… et la réquisition de logements vides leur est rapidement apparue comme une évidence. Parallèlement, certain-e-s d’entre elles/eux ont continué un travail de terrain avec des gens rencontrés lors de l’occupation (aide dans les démarches administratives, récup’ de nourriture…).

En mai, l’opportunité d’une première ouverture de bâtiment se présente, et le 22 du même mois se tient l’assemblée générale d’ouverture avec une quarantaine de personnes présentes. Parmi elles se trouvent celles et ceux qui constituent aujourd’hui la CLE (Campagne pour la libération des espaces).

La CLE, c’est un ensemble d’individus qui s’investissent dans le fonctionnement du lieu, qu’ils soient habitants ou non, selon les principes d’entraide et d’auto-organisation. Rapidement, leur implication a permis de mettre en place divers atelier au sein du lieu (français, anglais, jeux de société…), de donner naissance à un jardin, d’organiser des récups et des cantines à prix libre, des projections de films, d’ouvrir un magasin gratuit, une bibliothèque… le tout collectivement et dans un souci de bonne entente avec le voisinage. De plus, il s’y tient aussi une permanence juridique chaque jeudi pour accompagner celles et ceux qui en ont besoin dans leurs démarches administratives.

Si la CLE est une expérience aussi enrichissante pour celles et ceux qui la vivent, c’est également parce que le fonctionnement autogéré les pousse à développer d’autres pratiques du collectif à partir des situations du quotidien, et à se confronter les uns aux autres pour construire ensemble. Aussi, le nom de Campagne pour la libération des espaces n’est pas innocent puisque, outre le fait de libérer des espaces inoccupés, ils est aussi question de se réapproprier les autres espaces : les espaces de parole, d’expression, de prise de décision. Pas seulement nos villes mais aussi nos vies.
De telles aspirations ne pouvant naturellement pas être vues d’un très bon œil par les gardiens du pouvoir, la présence des squatters a remis au goût du jour le projet de restructuration du quartier par la mairie de Chamalières, qui a attaqué les habitants en justice, réclamant leur expulsion immédiate ainsi que 2 500 € par habitant. La mairie a par ailleurs très récemment obtenu un permis de démolir le bâtiment. Pour l’instant, le procès a déjà fait l’objet de quatre reports depuis juin, et la prochaine audience doit avoir lieu jeudi 25 septembre à 8h30.

Si les habitants du lieu ainsi que les membres de la CLE ont déjà commencé à faire l’objet de pressions et de répression, ils continuent d’afficher une volonté certaine de persévérer « avec rage et joie ».

En savoir plus  : https://cle.squat.net/

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