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CONTRE LE CHANTAGE A LA CRISE, LES TISSEO «  NE MARCHENT PLUS  »

Publié le 9 avril 2015

Bien qu’encore mal compris, à cause de la désinformation habituelle entretenue par une presse aux ordres du patronat, le conflit de TISSEO (transports publics de Toulouse et de l’agglomération), qui a démarré le 30 mars dernier, a pris la forme d’une grève de plus en plus suivie et de plus en plus dure.

Bien des éléments peuvent nous laisser espérer que cette grève augure d’une reprise des luttes offensives des travailleurs. Les contacts que nous avons avec des chauffeurs de bus grévistes nous ont en effet laissé l’impression de personnes déterminées et sur lesquelles le « chantage de la dette » et l’invocation sempiternelle des économies qu’il faut faire en se serrant la ceinture ne fonctionne plus. Ce chantage, depuis la crise de 2008, a enrichi les capitalistes au détriment des ouvriers et de leurs familles, en entretenant une pression idéologique permanente à la baisse des salaires et à la détérioration des conditions de travail. Au plan national la loi Macron, avec son cortège d’attaques contre ce qu’il reste d’acquis sociaux des salariés est la dernière expression en date de ce discours.

Le plus notable dans cette période est que les centaines de grévistes de TISSEO puisent leur détermination non pas dans la peur de perdre leur emploi, mais dans la volonté farouche de dénoncer l’injustice qui leur est faite. Ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme le gel de leurs salaires au prétexte du « contexte économique »… alors que leur direction, elle, ne se prive de rien.

En fait cette direction est constitué d’une pléthore de directeurs grassement rétribués et dont la plupart bénéficient de postes d’administrateurs dans d’autres sociétés, voire de mandats municipaux. Ce « gouvernement » de Tisséo reproduit en plus petit ce qui se passe en plus grand dans le pays  : une caste de décideurs (élus par une ultra-minorité (les abstentionnistes, rappelons le, sont, de loin, le « premier parti de France  ») veut imposer aux travailleurs ses ukases en exhibant des chiffes dont personne ne peut contrôler la réalité, puisqu’ils les fabriquent eux-mêmes.

Cette opacité débute dés le dénombrement de cette direction. Les grévistes parlent de « 12 directeurs » qui gagneraient « entre 10 000 et 17 000 euros par mois, hors primes, voiture de fonction et avantages en nature ». Et qui, non contents de cette petite vie tranquille, se seraient «  augmentés de plus de 13,2% en 3 ans… ». Mais le site « société com. » lui annonce 39 dirigeants. Quant à nous, nous en avons compté 16. Bien difficile donc de savoir combien sont les « directeurs  » et autres « dirigeants » de TISSEO. Bien plus difficile encore de savoir en quoi consiste réellement leur travail, surtout pour justifier de tels niveaux de salaire. Et on a peine à penser que la direction d’un service public, sommes toutes assez modeste, exige autant de dirigeants.

Une seule chose est certaine, c’est que pour loger tout ce beau monde le siège social actuel (et récemment reconstruit) est devenu trop étroit. Nos chers (dans le sens économique du terme !) décideurs ont donc... décidé d’acquérir l’ancien immeuble d’Air France, en plein centre ville de Toulouse. Ici encore, les chiffres sont vaseux, on nous parle de « plus de 10 millions d’euros », plus ou moins. Chez TISSEO, comme dans beaucoup d’entreprises, on ne semble pas être à deux ou trois millions près quand il s’agit de loger le gratin.

Mais quand il s’agit de la fiche de paye des ouvriers, là on est bien plus précis, là on compte au centime près, là on est à deux chiffres après la virgule : Pour 2015 la direction ne veut accorder que 0,45% d’augmentation aux ouvriers...

Le président de TISSEO n’est autre que le premier adjoint au maire. Or, le maire de Toulouse nous annonce, ce 2 avril que « les caisses sont vides ». Tellement qu’il a décidé de prendre une mesure d’urgence : stopper la gratuité de la cantine pour les enfants des familles qui n’ont pas les moyens de la payer. Priver de repas des enfants ne semble poser aucun problème éthique. Et dépenser des millions inutilement non plus. Car, dans le même temps, pour plaire aux compères de l’UEFA, qui impose d’y organiser des matchs de coupe d’Europe, de nouveaux travaux sont prévus pour réaménager le stadium. Un profond gouffre financier s’annonce. On parle d’un chantier de 50, 60 ou 100 millions d’euros. Rien n’est trop beau, rien n’est trop cher, quand il s’agit de faire de la diversion pour les gogos.

Lesquels gogos vont maintenant payer la note. Car, après avoir fait campagne en jurant ses grands dieux qu’il n’augmenterait pas les impôts d’un centime, voici que le maire va nous assommer d’une augmentation des impôts locaux (part municipale) jamais vue  : 15 % d’un seul coup.

Donc, d’un côté, la mairie refuse de donner de quoi manger aux enfants pauvres à la cantine, de l’autre elle programme des dépenses mirifiques pour le stadium, et, au total, elle nous présente une douille de 15 % de plus.
Avec son couple fatal, de patrons cupides et d’une presse qui reprend en boucle leur discours contre les salariés, la grève de TiSSEO nous montre comment aujourd’hui l’enjeu principal est dans les mentalités.

Rien n’est plus flagrant que l’injustice sociale actuelle. Rien n’est plus masqué par le pouvoir. Rien n’est plus urgent que de la mettre à jour. C’est pour cela qu’il faut saluer l’action des grévistes de TISSEO et faire en sorte qu’ils ne restent pas seuls, et plus encore, qu’ils ne restent pas les seuls : partout où c’est possible, les salariés doivent passer à l’offensive.