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LES INJUSTICES S’AMPLIFIENT, AMPLIFIONS LA LUTTE

Publié le 17 avril 2016

En France, entre 1998 et 2005, les 90 % des salaires les plus faibles n’ont augmenté en moyenne que de 4 %, alors que les 1 % des salaires les plus élevés ont augmenté de 14 %. Dans le même temps, les revenus des capitaux mobiliers ont explosés, progressant de 31 %*1.

Cette évolution n’est pas spécifique à la France. Ainsi, une étude publiée par la Commission européenne montre que la part dévolue à la rémunération du travail dans le PIB*2 ne cesse de diminuer en Europe : entre 1975 et 2008 elle a, par exemple, perdu 12 %. Depuis 2008, en France comme dans le reste du monde, cette tendance ne s’est pas inversée, bien au contraire.

Les patrons et le gouvernement français font donc preuve d’un sacré culot lorsqu’ils affirment que la perte de compétitivité des entreprises françaises (argument avancé, toujours par les mêmes, pour justifier les délocalisations, les fermetures d’usines, les licenciements et enfin l’augmentation du chômage) est due au coût trop élevé (cotisations sociales plus salaires) de la main d’œuvre en France, alors qu’elle est la conséquence directe de la rémunération éhontée du capital.

La duplicité du patronat, du gouvernement et des «  partenaires sociaux  » dont certains soutiennent, plus ou moins ouvertement, le projet de loi Hollande - Valls - Macron - El Khomri (projet dont l’objectif unique est de comprimer encore plus, par des biais divers, la rémunération des salariés) apparaît ainsi au grand jour. Car, malgré toutes les astuces sémantiques du gouvernement pour cacher son forfait, la loi Hollande - Valls - Macron - El Khomri n’est en réalité qu’un dispositif supplémentaire, une machine de guerre mise en place par le gouvernement pour faire baisser la part du PIB attribuée aux travailleurs, soi-disant dans le but de rendre les entreprises françaises plus compétitives dans la compétition internationale, en réalité pour augmenter la part du PIB confisquée par les propriétaires de ces entreprises.

Pour ceux qui en douteraient encore (intoxiqués par les médias, thuriféraires de l’ordre capitaliste ou «  partenaires sociaux  » à la solde du patronat), la lutte des classes existe toujours. Elle devient même de plus en plus vive (au niveau mondial, les 1 % des individus les plus riches possèdent en 2015 autant de richesses que les 50 % des gens les plus pauvres). Et la classe la plus riche est, pour reprendre l’expression du milliardaire américain Warren Buffet, en train de remporter la « guerre des classes ». Effectivement, le monde (la France ne fait pas exception) est de plus en plus inégalitaire, de plus en plus injuste, de plus en plus mortifère. Pour satisfaire son insatiable appétit de richesse et de pouvoir, la classe dominante pille la planète, détruit les équilibres naturels et réduit à la misère des centaines de millions de personnes en les privant de travail ou en leur octroyant des salaires indignes (Salaire moyen en Chine : 450 €/mois ; au Cambodge : 102 €/mois ; en Afrique : 50 €/mois) Le seul avenir que nous propose l’ordre capitaliste est la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire un suicide collectif.

Faire reculer le gouvernement, mettre en échec les projets du patronat (rappelons qu’il soutient sans réserve le projet de loi El Khomri et Compagnie), c’est donc mettre un coup d’arrêt au déclin continu, amorcé il y a plusieurs décennies, des droits des travailleurs ici, c’est aussi se battre pour les droits des travailleurs partout.

Il est bon de se souvenir que tous les droits sociaux dont disposent les travailleurs en France, que ce soient les retraites, les congés payés, la sécurité sociale, etc. ont été conquis au prix de luttes longues, difficiles et de beaucoup de souffrances.

En effet, la classe dominante ne recule que lorsqu’elle y est contrainte et forcée et elle essaye sans relâche de reconquérir le terrain perdu, de revenir sur les conquêtes sociales et les droits acquis de haute lutte. Cet affrontement de classe est permanent et la remise en cause actuelle du Code du Travail n’est qu’un nouvel épisode dans cette lutte séculaire.

De la capacité du mouvement social, à faire échouer ce projet dépend notre avenir immédiat. La rapacité des capitalistes est telle que d’autres projets visant à rogner les droits des travailleurs suivront nécessairement. L’avenir que nous réservent les maîtres du monde actuel, si on les laisse faire, est autrement bien sombre pour tous les amoureux de la liberté, de la justice et de l’égalité. Il dépend de nous et de tous les travailleurs du monde entier de les mettre en échec.


_1.- Les hauts revenus en France, Paris School of Economics, 2007 (article de Camille Landais). _2.- PIB : Produit intérieur brut. Somme des richesses (valeurs ajoutées) produite en un an par tous les agents économiques dans un pays.

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