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AULNAY-SOUS-BOIS : LA BARBARIE DE L’ÉTAT

Publié le 5 mars 2017

eudi 02 février, vers 16h, la situation est très tendue dans la cité des 3000. Les sirènes de police hurlent, les jeunes sont surexcités. Après un gazage méticuleux aux abords d’un collège du quartier, où étaient rassemblés des jeunes de 11 à 15 ans qui sortaient tranquillement de cours, la BST, la brigade spécialisée de terrain, interpelle un jeune homme de 22 ans, Théo, qui s’en sort avec une déchirure du muscle sphinctérien et une lésion de 10 cm du colon suite à un coup de matraque dans l’anus ; tout cela assorti d’une ITT de 60 jours, avec de probables séquelles irréversibles. Ce fait, qui a tendance à devenir courant en Seine St Denis a logiquement déclenché une vague de protestation et de colère chez les habitants. A savoir qu’il y a quelques mois, c’est un habitant de Drancy qui avait subi le même traitement de la part de la police municipale.

En effet, la justice a mis un temps certain à décider de poursuivre les policiers pour viol. Le procureur, suivi par la police des polices, ont argués que l’introduction de la matraque dans l’anus du jeune homme était “involontaire”, et ne constituait donc pas un viol. Ces personnes, qui ne connaissent visiblement pas les textes de loi sur le viol, pensent donc qu’un des crimes les plus graves qui soit dans le code pénal ne mérite pas d’être jugé par une cour d’assise. Les arguments laissent pantois : le pantalon du jeune Théo aurait glissé tout seul sur ses genoux et le coup de matraque serait entré tout seul dans l’anus. On reconnaît bien là le type d’argumentaire pitoyable des violeurs.

Le procureur s’est retenu d’ajouter que Théo était consentant, et que de toutes manières, habillé comme il l’était, il fallait pas qu’il s’étonne …
Suite à ces décisions, nous avons eu la surprise de voir que le maire, pourtant ancien secrétaire général d’un syndicat de flics et responsable des questions de sécurité chez Les Républicains, soutenait fermement la famille et demandait que les faits soient correctement qualifiés de viol. Bien sûr, son argument était que Théo est un jeune sans histoire et parfaitement intégré. Espérons que sa réaction eût été la même s’il était s’agit d’un délinquant, car rien ne peut justifier un viol, pas même le caractère hors-la-loi de la victime.

Mais cette prise de position n’a pas suffi à apaiser les tensions : trois nuits d’incidents ont éclatés à Aulnay samedi 4, dimanche 5 et lundi 6 février. La réponse de la police a été sans pitié : armes de guerres, tirs à balles réelles, et interpellations de tous ceux qui avaient le malheur de se trouver dans les parages. Plusieurs de ces interpellés sont passés en jugement le 8 février à Bobigny. Malgré l’absence de preuves matérielles flagrantes, deux jeunes ont été condamnés à six mois fermes, et trois autres à six mois avec sursis. Ces interpellations ont beau ressembler à une rafle punitive plutôt qu’à un flagrant délit, rien n’y a fait. Et plusieurs jeunes se retrouvent avec un casier judiciaire ...

Seul l’appel au calme de Théo, prononcé lors de la visite à son chevet de François Hollande, semble avoir calmé un peu la situation. Ce qui n’a pas empêché que dans les villes alentours, des bâtiments publics et des entreprises aient été prises pour les cibles d’attaques incendiaires. L’impressionnant dispositif policier et la répression féroce qui l’accompagne y sont aussi certainement pour quelque chose. La famille de Théo et les habitants des 3000 demandent tous la même chose : que justice soit faite. Cependant, les différentes interviews données par les habitants montrent qu’ils ne se font que peu d’illusions sur les suites que pourrait obtenir cette affaire.

Par contre, pour les récupérateurs de la colère des banlieues, les PIR, Sihame Assbague et toutes leurs cliques de racistes subventionnées par l’État, l’occasion était trop belle. Les appels à rejoindre leurs mascarade du 19 mars ont fleuris sur Twitter pour réclamer “vérité et justice”. Alors même que la population démontre en actes, par des incidents, qu’elle ne croit pas à cette vérité et justice toute étatique, ceux-ci veulent encore faire revenir les révoltés dans le giron républicain que pourtant ils dénoncent, en apparence, afin de rendre la république plus juste et plus impartiale. Car, malgré tous leurs discours pseudos-radicaux, les récupérateurs associatifs et politiques n’ont qu’un but : remettre la contestation en acte de l’état dans les rails du citoyennisme afin de se placer en représentants des populations des quartiers ; avec à la clé des subventions nombreuses, en remerciement de leur travail de pacification sociale. La prise de parole sur Twitter de Sihame Assbague est à ce niveau-là assez éloquente : elle constate que François Hollande a “une liste de réformes à mettre en place avant son départ”, mais que celui-ci ne le fera pas. On est là dans le citoyennisme le plus creux qui se sert des incidents d’Aulnay pour faire avancer son agenda politique. Heureusement, leur totale invisibilité dans les quartiers, ainsi que la colère légitime qui s’y exprime, laisseront ces individus grenouiller là où est leur place, dans les colloques universitaires et dans les réunions de l’extrême-gauche confuse.

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