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SUR LE COMITE JUSTICE-VÉRITÉ ET SES AVATARS ACTUELS

Publié le 27 décembre 2017

L’exemple, que nous présentons ci-dessous, est emblématique de la déliquescence et de la stupidité qui, malheureusement, traversent, de long en large et en travers, certains milieux d’extrême-gauche ; n’oublions pas non plus la malhonnêteté, la fourberie, et le reste. Il est clair que, depuis les années 70’, certaines franges de ces milieux se sont distinguées par leur incapacité à comprendre les idéaux dont ils se réclament (à moins qu’ils n’aient retenu que la corruption propre à leurs bureaucraties) ou simplement à essayer de comprendre ce que signifie vraiment la lutte des classes. L’objet, ici, n’est pas d’en dénoncer les raisons, mais plutôt d’illustrer cette réalité. Ce qui ressort de nos observations à propos de ces milieux, ou du moins, pour un certain nombre de leurs militants, c’est que l’incapacité de réflexion et d’analyse a, naturellement, cédé le pas à un moralisme, qui plus est, de très, très bas étage. C’était, dès les années 70’, le terrain propice à la contamination et à l’émergence des idées postmodernes, en leur sein. Armés de quelques slogans et d’idées préconçues, ils sont prompts à l’anathème, tels des fanatiques, œuvrant sous couvert d’une prétendue lutte des classes.

Dernièrement, sur mon lieu de travail, il s’est passé un incident des plus hallucinants. Une jolie damoiselle, ouvrière de son état, s’est installée sur un poste de travail situé en face de celui d’un collègue. Et à chaque fois que ce dernier levait la tête (dans le cadre de son travail), les gauchistes qui l’observaient (au lieu de travailler !) ont estimé qu’il levait la tête pour lorgner les fesses de ladite jeune femme. Ils ont, également, estimé que c’était, donc, du harcèlement sexuel. L’explication de ces collègues, plus gauchistes que collègues d’ailleurs (en fait, des militants néo-maoïstes), est qu’un homme peut, sans même s’en rendre compte, se livrer à du harcèlement sexuel ; cela rien qu’en reluquant les fesses des femmes, et même si celles-ci ne s’en rendent pas compte. Selon eux, il faut veiller à ce que les mentalités changent, et blablabla ...

Apparemment, dans le contexte de la lutte anti-sexiste, la néo-logique voudrait qu’un homme supposé hétérosexuel soit forcément un oppresseur ! Sachant que le collègue en question (celui qui est accusé de harcèlement) n’a quasiment aucun tabou pour parler de sexe, et qu’il est connu pour sa grivoiserie, cela ressemble à une attaque en règle au nom de la morale et des bonnes mœurs de la part des néo-maoïstes, gardiens de la morale, et forcément bien-pensants. Comment expliquer à ces individus que, au boulot, le collègue en question ne passe pas forcément son temps à regarder les fesses de la demoiselle ? Et que, même s’il est mal payé, il essaie surtout d’avancer dans son ouvrage plutôt que de mater le cul de sa voisine ; cela d’autant plus que la cadence de travail qui lui est imposée ne lui permet pas d’être trop inattentif.

Passons sur cette mésaventure qui, en fait, tient plutôt du règlement de compte entre collègues de boulot. Certains protagonistes d’extrême-gauche, imbibés de bigoterie, usent clairement de leurs théories pseudo-révolutionnaires à des fins de mesquinerie. Néanmoins, il faut souligner que, si cette manière de voir les choses sert à attaquer et à déstabiliser l’adversaire, c’est aussi une arme à finalité politique et qu’elle peut faire pas mal de dégâts, malgré tout.

En attendant, le collègue de travail est toujours étroitement surveillé par ses « gentils » camarades d’atelier. Ces charmants commissaires du peuple sont soucieux de voir évoluer sa mentalité jugée pas assez monastique à leur goût. C’est, sans aucun doute, au titre d’une soi-disant avant-garde révolutionnaire qu’ils veulent le « traiter » en lui offrant une réputation de gros dégueulasse libidineux. Bravo les gauchistes !

Cette anecdote n’est pas sans nous rappeler un cas historique, tragique et tristement célèbre :

L’affaire de Bruay-en-Artois.

L’affaire de Bruay-en-Artois est le meurtre d’une adolescente d’origine modeste qui n’a jamais été résolu. La victime s’appelait Brigitte Dewevre et vivait à Bruay-en-Artois (aujourd’hui, Bruay-La-Buissière). Après la découverte de son corps, le 06 avril 1972, le notaire de la localité, Pierre Leroy, et sa maîtresse, Monique Béghin-Mayeur, sont inculpés puis incarcérés alors que, Henri Pascal, le jeune juge d’instruction reconnaît ne posséder aucune preuve tangible de leur implication dans ce meurtre.

C’est alors qu’entrent en scène des militants d’extrême-gauche (NDLR : la Gauche Prolétarienne). S’apercevant que les deux individus mis en cause appartiennent à la bourgeoisie, ils les condamnent d’office et ils montent en épingles cette affaire avec l’intention d’en faire un symbole de la lutte des classes.

Dès le 04 mai, un comité portant le nom de "Vérité-Justice" est créé afin de dénoncer "l’information de classe fabriquée par la bourgeoisie". Un tract est rédigé par les militants de la GP et il donne le ton : "Une fille d’ouvrier qui venait paisiblement voir sa grand-mère a été mise en charpie. C’est un acte de cannibalisme. Quel que soit le verdict de la justice bourgeoise, Leroy devra subir celui de la justice populaire."

Le numéro de "La cause du peuple", qui paraît au début du mois de mai 1972, annonce l’affaire avec ce titre en couverture : "Et maintenant, ils massacrent nos enfants". A l’intérieur, nous pouvions lire des choses comme "Il n’y a qu’un bourgeois pour avoir fait ça", "Il faut le faire souffrir à petit feu" ou encore "Je le lierai derrière ma voiture et je roulerai à cent à l’heure.", etc.

Ils jugeaient le notaire coupable au terme d’un pseudo-raisonnement, calqué sur la doctrine par les démagogues de la Gauche-Prolétarienne : L’institution judiciaire (bourgeoise) s’oppose au juge qui soupçonne le notaire (bourgeois, lui aussi). Or, les bourgeois se soutiennent mutuellement, donc le notaire doit obligatoirement être coupable ; et de toute façon, il n’y a qu’un bourgeois pour avoir fait ça !

Certains militants de la GP dénonçaient cette absurdité qui reposait sur le mythe de la pureté immaculée du prolétariat, et de dichotomies sommaires, telle que l’immaculée candeur des enfants, des mineurs, face à la perversité des membres du Rotary Club. Les protestataires furent vite écartés et qualifiés de "vipères qui empoisonnaient le comité de rédaction". Sans doute, ces protestataires étaient-ils minoritaires.

Le numéro suivant de "La cause du peuple" ne contenait, ni plus ni moins, qu’un appel au lynchage de Leroy. D’après Pierre Victor (Benny Lévy), ce qui s’était passé à Bruay-en-Artois marquait le début de la justice populaire qui, à la différence de la justice bourgeoise, ne séparait pas l’enquête de la peine, et de l’exécution de celle-ci. Toutes les objections étaient balayées d’un revers de main. Lorsqu’une jeune femme se permit d’émettre des doutes sur la culpabilité de Leroy, Serge July (NDLR : l’un des pontes du journalisme français, et bien bourgeois !), qui était, également à l’époque, un des cadres de la GP de la région, répliqua que si elle avait des réserves, c’était parce qu’elle n’était qu’« une fille de bourgeois » et qu’elle avait peur de voir la tête de son père exposée au bout d’une pique. Il est à noter que Michel Foucault, sympathisant de la GP de l’époque, et qui est une référence pour les gauchistes postmodernes actuels, s’est positionné parmi les plus expéditifs au sujet de la justice populaire.

Deux mois avant l’affaire de Bruay-en-Artois, Foucault, dans un débat face à Chomsky, disait : "Quand le prolétariat prendra le pouvoir, il se peut qu’il exerce à l’égard des classes dont il vient de triompher, un certain pouvoir violent, dictatorial et même sanglant. Je ne vois pas quelle objection on peut faire à cela". Puis il ajouta : "On fait la guerre pour gagner et non parce qu’elle est juste !". Et, deux mois plus tard, démarrait l’affaire de Bruay-en-Artois. C’était en 1972. Les Maoïstes ont, à la perfection, compris et fait de la justice populaire, une notion totalement arbitraire ; en fidèles inconditionnels de Michel Foucault !

Conclusion :

Il est évident que le sectarisme, caractéristique de l’attitude des militants de la GP, est quelque chose que nous voyons encore très souvent dans les milieux militants d’extrême-gauche, et il se manifeste à propos de n’importe quel sujet ; en l’occurrence, en ce moment, c’est sur le post-féminisme, mais également sur le véganisme, l’écologie radicale, et toutes ces fadaises. Si nous émettons la moindre critique au sujet de leurs théories, nous avons droit à des réactions disproportionnées et, en définitive, nous découvrons vite qu’il est interdit de critiquer leurs discours, sous peine d’anathème. Nous retrouvons, là, l’essence-même de n’importe quel totalitarisme.

Cela ne concerne pas seulement l’extrême-gauche, mais également la société dans son ensemble. Ces dernières années, les media, les tribunaux, partent souvent du postulat que les paroles des présumées victimes sont toujours vraies et que les suspects sont forcément des coupables parce qu’ils sont adultes, hommes ou autres, sans même tenir compte qu’une supposée victime peut mentir. L’affaire d’Outreau, de triste mémoire, en est un exemple concret ; la parole des prétendues victimes (de jeunes enfants) fut placée au-dessus de tout soupçon, sans prendre le moindre recul ; avec les conséquences que l’on sait.

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