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La bourse ou la vie

Publié le 25 mars 2018

Évoquer l’écologie, aujourd’hui, c’est comme quand, jadis, il était question du suffrage universel. Tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous diront que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’obscurantisme et de l’anarchie. Mais, par la force des choses, quand la pression populaire devient irrésistible, il nous est accordé ce que l’on nous refusait, hier ; mais, fondamentalement, rien ne change (La COP 23 en est un bel exemple).

La prise en compte des exigences écologiques a déjà ses partisans capitalistes même si beaucoup d’adversaires subsistent au sein du patronat. Et pour cause, si certains voient dans l’écologie une belle occasion de faire de fructueuses affaires, d’autres s’inquiètent de l’incompatibilité de leur business avec un changement dans ce sens-là. L’impasse écologique est une certitude depuis les années 70’. Le capitalisme s’ingénie à intégrer cette contrainte de la même façon qu’il a intégré toutes les autres. C’est pourquoi il est important de se poser la question : Que voulons-nous ?

Voulons-nous un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou bien une révolution sociale et culturelle qui abolisse les contraintes du capitalisme et qui instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à l’environnement et à la nature ?

Il faut répondre à la question car l’urgence, aujourd’hui, c’est de ne plus saloper la planète au point qu’elle en devienne inhabitable. Il nous faut tenter de définir, dès le départ, pour quoi nous luttons et pas seulement contre quoi. Il nous faut, aussi, essayer de prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les contraintes écologiques. Expliquons, d’abord, en termes économiques, ce qu’est une contrainte écologique. Prenons par exemple les gigantesques complexes chimiques de la vallée du Rhin. Chaque complexe combine les facteurs suivants :

  • les ressources naturelles (air, eau, minéraux) jusqu’ici gratuites car elles n’avaient pas à être reproduites.
  • des moyens de production (machines et bâtiments) qui sont le capital immobilisé et qui s’use. Il faut, donc, en assurer le remplacement (la reproduction).
  • de la force de travail humaine qui, elle aussi, demande à être reproduite (il faut nourrir, soigner, loger, former le travailleur).

Dans l’économie capitaliste, la combinaison de ces facteurs au sein du processus de production a pour but principal le maximum de profit possible. La firme, par exemple, ne se demande jamais comment faire pour que le travail soit le moins pénible possible ou pour que l’usine ménage, au mieux, les équilibres naturels et l’espace de vie des gens, ou encore pour que ses produits servent les fins que se donnent les communautés humaines.

Dans la vallée du Rhin, la concentration humaine, les pollutions de l’air et de l’eau ont atteint un degré tel que l’industrie chimique, pour continuer de croître ou même seulement de fonctionner, se voit obligée de filtrer ses fumées et ses effluents. L’investissement dans la dépollution accroît plus encore la masse des capitaux immobilisés, dont il faut assurer l’amortissement (installations d’épuration) et le produit (la propreté relative de l’air et de l’eau) qui ne peut être vendu. En somme, il y a une augmentation simultanée du poids du capital investi, du coût de la reproduction de celui-ci et des coûts de production sans augmentation des ventes. Par conséquent, ou bien le taux de profit baisse ou bien le prix du produit augmente. La firme cherchera, bien évidemment, à relever le prix de vente, comme le font déjà toutes les autres firmes polluantes (cimenteries, métallurgie, sidérurgie, etc). En définitive, tous chercheront à faire payer le consommateur, car c’est sur son dos qu’ils vivent. La prise en compte des exigences écologiques aura pour conséquence l’augmentation rapide des prix alors que les salaires réels stagnent déjà. Le pouvoir d’achat populaire sera comprimé et le coût de la dépollution sera prélevé sur les ressources dont disposent les gens pour vivre (pour consommer, en langage capitaliste).

Il faut bien comprendre que l’économie a pour tâche de tout mettre en œuvre, aussi efficacement que possible, afin d’optimiser les facteurs de production pour créer le maximum de richesses avec le minimum de ressources naturelles, de capital et de travail. Prenons, par exemple, la réduction de la force de travail humain dans le milieu ouvrier. La proportion de la population active occupée dans l’industrie est tombée d’environ 40 % en 1970 à environ 30 % en 1990, puis à moins de 20 % en 2000 ; chiffres éloquents.

Le président Macron, ce grand récupérateur, a décidé de se poser en défenseur du climat et a organisé le 12 décembre 2017 un « sommet climat » qu’il prétend être celui du « sommet de l’action » pour montrer que la dynamique se poursuit, malgré le retrait des États-Unis, autour des questions de finances et de climat. Nous assistons à l’alliance entre les écologistes tiers-mondistes et la grande finance, le tout orchestré par l’Union Européenne sous le regard amusé du géant américain qui a désormais pris congé de toute cette mascarade.

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