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Économie et écologie

Publié le 25 mars 2018

Depuis quelques années, le monde prend lentement conscience des dégâts causés par le mode de développement productiviste lié à l’économie capitaliste. Réchauffement climatique, destruction de la biosphère, effondrement de la bio-diversité, épuisement des ressources naturelles, raréfaction des espaces naturels, artificialisation des sols, empoisonnement par des résidus chimiques de l’eau, de l’air et des sols… la liste des menaces qui planent sur l’humanité en ce début de XXI° siècle est très longue et laisse présager un futur très sombre pour les générations à venir.

Pour autant, malgré que tous ces faits soient scientifiquement établis, malgré que des voix incontestables ne cessent à longueur de tribunes de nous alerter, malgré même que de grandes messes réunissant États, institutions internationales et ONG se multiplient, presque rien ne change. Ainsi on sait que les objectifs pourtant minimes adoptés lors de la COP21 pour limiter l’amplitude du réchauffement climatique ne seront pas tenus, que la production d’hydrocarbures comme celle des biens manufacturés augmente, que les ventes d’armes battent des records, que la destruction des forêts vierges continue, que l’extinction d’espèces d’êtres vivants se poursuit au même rythme infernal, que l’artificialisation des sols progresse et que les surfaces de terres arables diminuent, etc. L’adoption de lois, de règlements, de décrets par la communauté internationale ne change, dans les faits, rien à la triste réalité, l’appât du gain immédiat, la volonté de puissance, les désirs de richesse et de domination sont beaucoup plus forts que la crainte suscitée par d’hypothétiques catastrophes à venir. La grande majorité des politiciens, des financiers, des entrepreneurs est fascinée par l’argent et lui voue un véritable culte. Comme Midas, le légendaire Roi grec qui aveuglé par sa passion pour l’or en vint à se suicider, les dirigeants de la planète compromettent pour la même raison notre futur commun. La seule différence avec le Roi Midas est que lui n’était pas conscient des conséquences de ses actes alors que les dirigeants actuels ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

Leur unique souci est que rien ne vienne mettre en péril le régime capitaliste actuel. Au contraire, leur préoccupation principale est de favoriser la croissance économique en créant de nouveaux besoins et de nouveaux marchés. Il n’y a rien d’humain dans leur credo purement marchand. Énergies renouvelables, voitures électriques, habitats écologiques, agriculture bio, etc. Ce sont autant de nouveaux terrains de jeu pour les multinationales sur lesquels elles vont étancher leur soif inextinguible de croissance et de profits. Tant pis si les nouvelles technologies mises en œuvre se révèlent à leur tour mortifères, si toute cette expansion se fait comme les précédentes au détriment des hommes et de la nature.

Au XIX° siècle, la révolution industrielle s’est faite sur l’exploitation insensée du travail des hommes, des femmes et des enfants dans les mines et les manufactures de la vieille Europe, la révolution écologique du XXI° siècle se fait sur l’exploitation du travail des hommes, des femmes et des enfants dans les mines et les usines d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud. Les siècles passent, les besoins évoluent. Sans cesse, de nouveaux marchés et de nouveaux biens apparaissent. Seules ne changent pas les formes d’exploitation de l’homme et de la nature par les capitalistes modernes qui retrouvent les accents de leur prédécesseurs pour justifier l’innommable.

Récemment, le responsable d’une multinationale exploitant des mines au Congo affirmait à un journaliste américain : « il serait irresponsable d’arrêter le travail des enfants car cela aggraverait la pauvreté dans les régions minières et rendrait encore pire la condition des mineurs locaux ». Pour produire les batteries électriques, les panneaux photovoltaïques, les smartphones, etc, il faut de plus en plus de minerais précieux (cobalt, lithium, etc) de terres rares aux prix les plus bas possibles pour satisfaire tout à la fois la soif de profit des capitalistes et l’appétit de biens des foules « modernisées ».

Pour maintenir dans un état d’asservissement volontaire les populations exploitées, les classes sociales dominées, pour que leur état de résignation amorphe persiste et qu’elles acceptent sans trop rechigner leur état de servitude, il faut impérativement que le système puisse continuer à leur fournir leur dose de gadgets innovants, de produits à la mode, de jeux, de spectacles, d’émissions télés. Exploitation outrancière de l’homme et exploitation outrancière de la nature sont les deux fondements du système capitaliste, les deux choses sont étroitement liées et de la même manière que ce système vampirise et détruit la nature, il épuise et détruit les fondements de notre humanité.

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