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Osons la vérité

Publié le 7 mars 2020

La vérité n’est ni de gauche ni de droite, pas plus que ne le sont la justice, la liberté ou le goût du pain. Ce qui est de gauche ou de droite c’est un spectacle politicien qui s’est planté sur les décombres sanglants de la commune de Paris.

Il est remarquable de constater comment à chaque fois qu’un mouvement profond et émancipateur, qu’il soit ouvrier, écologiste ou féministe, a pris naissance dans ce pays il a fini embourbé dans ce décor. Au bout de 150 ans de République qu’avons-nous à dire des prétentions de la gauche, de ses syndicats et de ses associations ? Elle a rechigné à défendre Dreyfus, car c’était un militaire, en 1914 la CGT de Léon Jouhaux est pour l’union sacrée, car il fallait être avec l’armée. En 1936 elle a soutenu les procès staliniens, en 1938 elle applaudit aux accords de Munich et dans la foulée au pacte entre Staline et Hitler, deux de ses principaux cadres Doriot pour le PC et Déat pour la SFIO ont collaboré avec les nazis...

Tout cela ne l’a pas empêchée de se draper dans la résistance. Enfin ses bureaucrates ont systématiquement trahi les luttes ouvrières des années contemporaines. Dans l’histoire des idéologies, il n’est pas fréquent de constater dans une si brève période un tel cortège d’idioties, d’incohérences, de compromissions et de trahisons. À cette heure si la gauche n’est pas morte c’est parce qu’elle est la deuxième jambe du système, elle complète le cynisme de la droite par l’exercice d’une puissance moralisatrice lui donnant le droit à tous les mensonges, à la façon de « il ne faut pas désespérer Billancourt ». Quand Billancourt — siège des usines Renault — était un important bastion ouvrier, ne pas désespérer Billancourt signifiait tout simplement qu’il fallait taire la vérité aux travailleurs
sur les horreurs du communisme. C’est ainsi que de 1917 jusqu’à fin des années 80, la gauche leur a menti en les prenant pour des cons.

Fortes d’une volonté émancipatrice, les féministes des années 70 se battaient pour la liberté des femmes. C’était avant que la gauche n’ingère le féminisme pour le métaboliser en une espèce de moralisme hypocrite qui avance pêle-mêle sur des sujets réactionnaires comme la non-mixité, l’invisibilité des corps, l’artificialisation de l’humain, le durcissement de la loi pénale ou la fin des délais de prescription.

Chaque jour ou presque amène de leur part son lot de pétitions réclamant au choix plus de police, plus de juges, plus de tribunaux. Ainsi de celle contre la « cyberhaine » stipulant que « Les pistes d’amélioration du système judiciaire sont pourtant nombreuses. Les plaintes pour injures, agressions, discriminations sont trop peu nombreuses à aboutir. Parmi elles, rares sont celles où les caractères sexiste, homophobe, transphobe, raciste sont effectivement retenus au jugement. Mais les outils juridiques pour des procédures accélérées existent déjà. La loi sur la liberté de la presse permet des procédures en référé, dans des délais très courts, contre la diffusion de certains propos. Donner réellement accès à ces outils juridiques aux victimes nécessite plus de juges, de tribunaux, des procédures plus simples, et donc d’augmenter les moyens alloués à la justice."

https://www.liberation.fr/debats/2020/01/21/feministes-lgbti-et-antiracistes-nous-ne-voulons-pas-de-la-loi-cyberhaine

Une carrière résume assez bien cette trajectoire, celle de Madame Pénicaud, protégée de Martine Aubry dans les années Mitterrand elle a bâti sa fortune en se mettant à la solde du grand patronat. Le parallèle est terrible si ce féminisme de gauche se démène pour mettre au pilori un film qui dénonce l’antisémitisme, le Dreyfus « de Polanski », confondant à l’occasion un travail collectif avec une œuvre individuelle, confusion significative de son imprégnation par l’idéologie dominante, il n’a rien trouvé à dire pour défendre Mila. Cette jeune fille de 16 ans parce qu’elle affirmait sa liberté de choix sexuel a été insultée par des tartuffes, comme autrefois les « salopes » qui avortaient. Avec courage elle a riposté en osant dire ce qu’elle pensait de leur religion, s’en est suivi une avalanche de menaces de mort dont on sait hélas qu’elles peuvent être suivies d’effet. En conséquence, Mila a dû fuir son
lycée et se cacher. Situation sombre et tragique contre laquelle tout ami de la liberté ne peut que se dresser.

Sur ce plan, il n’y avait donc rien à attendre de la gauche dont les indignations trouvent leurs limites quelque part entre Danone et la liberté. Ainsi de la déclaration du porte-parole d’« osez le féminisme » à propos du calvaire subi par Mila : « C’est un sujet sur lequel on a choisi de ne pas se prononcer. » Donnons crédit à l’association phare de Caroline de Haas, pour laquelle il existe une limite entre écrire un livre pour savoir si Beyoncé est féministe et défendre Mila, d’avoir eu de la sorte la subtile audace de dire sa lâcheté.

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