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Cause animale, cause du capital

Publié le 18 décembre 2020

La cause animale est devenue un sujet très à la mode, tellement à la mode que lors des dernières élections, on a vu un parti politique ayant pour programme exclusivement la défense des animaux rafler un nombre de suffrages à rendre jaloux nombre de vieux partis. Que des âmes nobles s’indignent de voir les souffrances inutiles où les conditions indignes qui sont imposées à des animaux d’élevage, de cirques ou promis à l’abattoir n’a rien de bien nouveau. De tous temps, des écrivains,
des philosophes et parmi eux nombre d’anarchistes se sont élevés pour dénoncer ces faits. La relation homme-animal est vieille comme l’humanité et ce n’est que parce que l’homme a pu exploiter les animaux en les chassant pour se nourrir et se vêtir,
par ce qu’il est parvenu à les domestiquer pour utiliser à son profit leur force et leurs productions que l’humanité à pu croître, que les civilisations ont pu prospérer.

Mais ce qui est nouveau, c’est le battage médiatique qui entoure cette cause : il n’y a pas de mois sans que soit dénoncé le scandale d’un abattoir maltraitant des animaux, pas de mois sans qu’une vidéo fasse le buzz sur les médias sociaux . Que le bien être animal, suscite tant d’intérêt alors que nombre de cataclysmes environnementaux ou guerriers menacent notre planète , que prés d’un milliard d’humains ne mangent pas à leur faim et que plusieurs milliards parviennent juste à survivre ne peut que nous plonger dans un abîme de perplexité.

Certes me direz vous, les populations réagissent impulsivement à ce qui se passe sous leurs yeux et ignorent ce qui leur semble lointain. Ainsi, au XIXe siècle , les bourgeoisies ne supportaient pas que leurs cochers fouettent les chevaux de leur calèche alors que dans leurs usines, les ouvriers travaillaient dans des conditions affreuses. Du coup une loi réprimant la maltraitance des chevaux de fiacre dans les villes (les chevaux de labour ou employés dans les mines n’étaient pas concernés) a été promulguée en 1850 (loi Grammont) alors que les premières lois réprimant les actes de violence et de cruauté à l’encontre d’enfants date de 1898 , et qu’il faut attendre 1874 pour qu’une loi interdise le travail des enfants de moins de 12 ans (en 1841 , la loi interdit d’employer des enfants de moins de 8 ans) .

De la même manière que les riches citadins du XIXe ne supportaient pas de voir à leurs portes des chevaux fouettés alors qu’ils admettaient comme allant de soi le travail des enfants, les populations urbaines d’aujourd’hui ne supportent plus de voir des animaux martyrisés dans des abattoirs ou des actes de maltraitance commis dans des élevages. L’opinion publique, qui supporte sans sourciller la vue d’enfants dormant sur des trottoirs, mourant sous les bombes ou tombant d’inanition s’offusque à la vue d’animaux égorgés sans anesthésie.

Les médias ont compris très vite qu’ils avaient tout intérêt à favoriser ce sentiment dans l’opinion, que la dénonciation d’affaires scandaleuses était bonne pour leur chiffre d’affaire et ils ont réservé une place de choix à ces sujets. Clairement, ce qui paraissait anodin il y a peu révulse aujourd’hui une partie de l’opinion, cette répugnance fait vendre et favorise les alternatives aux aliments carnés :le véganisme et le végétarisme sont devenus des idéologies à la mode. Pourtant c’est une évidence, ce n’est que par ce qu’il a pu utiliser les animaux pour se nourrir, s’habiller, se chauffer, s’abriter, par ce qu’il est parvenu à les domestiquer pour exploiter leur force de travail, leurs productions et cela pendant des centaines
de millénaires que l’homme ou les hominidés qui l’ont précédé ont pu survivre, qu’ils ont pu développer des cultures et des civilisations.

Le rapport de domination et d’exploitation de l’homme sur les animaux est aussi vieux que l’humanité, il est une part essentielle de notre histoire. C’est ce lien multiséculaire, que les promoteurs des cultures végans veulent rompre. Leur projet, qui a pour but de briser tout rapport de domination entre l’homme et l’animal sur toute la planète (ce qui aboutirait au final à l’extermination de tous les
animaux d’élevage, domestiques ou familiers) nécessite la mise au point de solutions alternatives pour remplacer les produits issus des animaux pour nous nourrir, nous,vêtir, nous chausser etc etc. En termes économiques, c’est la perspective d’un prodigieux marché qui s’ouvre pour la société qui sera capable de produire à grande échelle (il s’agit ni plus ni moins de nourrir huit milliards d’être
humains) par exemple de la viande artificielle .

Cette perspective n’a bien sur pas échappé à certains des plus grands financiers de la planète et depuis quelques années, on assiste à la création de start-ups qui se sont données pour objectif la production de viande à partir de cellules souches ou produits végétaux. Il n’est pas étonnant que l’on retrouve parmi les actionnaires de ces société certaines des plus grandes fortunes de la Silicon Valley, quelques unes des plus grosses fortunes mondiales, les véritables maîtres du monde. Tous les capitalistes le savent, créer un nouveau produit, c’est bien mais encore faut-il qu’il
y ait un marché suffisant pour amortir les investissements initiaux.

Convaincre les populations de remplacer leur steak d’origine animale par de la viande artificielle n’est pas simple, on le comprend mais nous l’avons dit les actionnaires intéressés au projet ont beaucoup d’argent. Il n’est donc pas étonnant que l’on retrouve parmi les financeurs de certaines des plus virulentes associations de lutte contre la maltraitance animale certains des milliardaires précédemment évoqués.Produire dans la population un sentiment de rejet de tout ce qui est élevage, abattoir, alimentation carnée ou d’origine animale, c’est l’objectif que poursuivent ces associations. Et pour cela, tous les moyens sont bons. Ce sont elles qui vont fournir aux médias les témoignages, les vidéos susceptibles de retourner l’opinion publique dans un sens favorable à leur projet.

Nombre de personnes végans ou simplement végétariennes soutiennent cette cause simplement par amour des animaux, sans comprendre qu’ils sont en fait utilisés, que les enjeux réels sont autres. Pendant des dizaines de millénaires, les communautés humaines étaient pratiquement autonomes sur le plan alimentaire,
elles produisaient (chasse, pêche, agriculture) elles même la plus grande partie de leur alimentation. Au niveau mondial, ce sont des centaines de millions de producteurs le plus souvent familiaux qui nourrissent la population. Ce n’est que depuis quelques décennies que l’on a vu se développer le trafic export import d’aliments et la formation de grands groupes agro-alimentaires. La production de
viande non animale nécessite la mise en œuvre de capitaux énormes, elle ne peut être effectuée que par des grandes industries , disposant de capitaux énormes. Les consommateurs deviendront donc totalement dépendants de ces quelques industries, qui conforteront ainsi un peu plus leur domination. L’utopie d’un monde débarrassé de l’exploitation animale par l’homme est donc en fait un projet totalitaire, et il faut le dénoncer comme tel.

Pour en savoir plus, un livre : Cause animale, cause du capital de J. Porcher Éditions : le bord de l’eau

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