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Solidarité face à la répression patronale

Publié le 8 mai 2021

Quelques réflexions face à un conflit du travail ...
Pourquoi lutter, comment lutter ?

Pourquoi lutter ? La réponse est évidente, le monde dans lequel nous vivons est fondamentalement injuste, inégalitaire, les écarts de richesse sont devenus incommensurables et rien absolument rien ne peut les justifier. Pire encore, ce système est suicidaire et en ce début de siècle, nous découvrons chaque jour un peu plus que sa violence folle s’exerce non seulement vis-à-vis des humains, mais également vis-à-vis de la nature, des animaux, de la planète toute entière. Pour
s’approprier plus, encore plus de richesses, des individus, des entreprises, des états n’hésitent pas à détruire les équilibres naturels les plus fondamentaux. Le capitalisme constitue une menace mortelle pour la vie sur la planète.

Comment lutter ? Pour nous, anarchosyndicalistes, la réponse est simple : partout et en tout lieu, nous affirmons notre souci de l’éthique, notre volonté de faire respecter notre dignité, notre impératif de justice sociale, notre refus des compromis. À la force brutale des dominants et à la violence du système, nous opposons nos valeurs, la participation de tous, la solidarité et l’entraide entre les
exploités, la conscience du but à atteindre et la force que nous donne la certitude qu’il n’y a pas d’autres voies possibles, que notre lutte est juste et qu’elle est riche de sens.

Aussi, lorsque l’un de nos compagnons, porteur et défenseur de ces valeurs est victime de harcèlement dans l’entreprise dont il est salarié, poursuivi en justice et sanctionné gravement simplement pour avoir simplement affirmé ses droits et tenté de les faire respecter, ce sont tous les anarchosyndicalistes qui se sentent attaqués.

Répression patronale pour étouffer toute expression libre dans l’entreprise.

Dans cette entreprise de Montluçon, productrice de produits chimiques, notre compagnon J. suite à son engagement anarchosyndicaliste révolutionnaire et à son militantisme subit les foudres de la direction qui d’une part essaye de lui coller sur le dos la responsabilité « d’erreurs » dans le travail qui ne sont pas de son fait et d’autre part saisit l’occasion d’une distribution d’un tract syndical sur la voie publique à l’entrée de l’usine pour le mettre à pied, le priver de salaire et le convoquer à un entretien préalable à son licenciement. Le tract pourtant ne faisait qu’exprimer un sentiment largement partagé par nombre de travailleurs de l’entreprise en dénonçant le double discours d’une multinationale BASF client
principal de l’entreprise, qui à la fois, se permet de donner des leçons à ses fournisseurs en se prétendant vertueuse en matière d’écologie et de pratiques sociales, alors qu’en réalité (de nombreux reportages et témoignages publiés dans une multitude de journaux, de revues et sur internet l’attestent) elle est uniquement préoccupée de maximiser ses profits, et n’hésite pas pour cela à mettre en danger la santé des populations et à opprimer ses nombreux salariés.

Dans la foulée de cette sanction aussi révoltante que disproportionnée, notre compagnon avec d’autres salariés a déclaré la création d’une section syndicale d’entreprise CNT-AIT. Lors d’une manifestation contre la loi Sécurité, notre compagnon a proposé à toutes les personnes éprises de justice de venir le soutenir en participant à un piquet lors de cet entretien. Plusieurs personnes dont des membres d’organisations syndicales (CGe , SUD, dirent leur soutien et leur volonté d’être présent. Le jour dit 25 personnes organisées( CNT AIT , CGT, CNT SO , FI), ou
inorganisées(anarchistes, individuels ...) se retrouvèrent devant la porte de l’entreprise.

Les autres syndicats : si tu as besoin de rien, fais-moi signe !

Notre compagnon assisté par un militant du jeune syndicat FO de l’entreprise se rendit à la convocation. Le patron lui confirma qu’il était sanctionné à cause de la distribution du tract syndical de la CNT-AIT. Le représentant FO demanda au patron « d’être indulgent, car J. est âgée » etc propos assez misérabilistes et indignes, car revenant à reconnaître la culpabilité de J.. Cette personne n’a clairement pas compris que nous vivons dans une société de classe, que la loi est faite par l’état pour protéger les intérêts des patrons et que se reconnaître coupable, c’est refuser de lutter, c’est accepter d’être esclave. Les 2 militants CGT présents dans ’entreprise
(représentant du personnel et suppléant) brillèrent par leur absence.

Au total les militants syndiqués dans l’entreprise n’ont montré aucune empathie, ils n’ont rien fait pour solidariser les travailleurs avec notre compagnon, expliquer les raisons du conflit, dénoncer la manœuvre scandaleuse du patron et la formidable attaque contre la démocratie que constitue le fait de sanctionner une simple distribution d’un tract syndical, sur la voie publique. Ils n’ont rien fait non plus, pour s’opposer ou au minimum dénoncer les manœuvres patronales, (embauche d’un vigile et fermeture des portes de l’entreprise pendant la durée du piquet, refus d’accorder des autorisations de sortie aux ouvriers qui voulaient soutenir notre
compagnon, menaces voilées contre ceux qui se solidarisaient etc).

Deux jours après, notre compagnon était convoqué au tribunal judiciaire, le patron contestant la légalité de la création de la section syndicale.
La secrétaire de l’UL CGT présente lors du piquet avait proposé publiquement de
mettre notre compagnon en relation avec l’avocat de la CGT pour l’assister dans ses
démarches judiciaires. Mais le lendemain, alors que nous l’appelons pour lui demander son appui comme promis, elle répondit en conseillant d’annuler la création de la section CNT-AIT : à l’évidence, il est plus facile pour certaines organisations de tenir des propos enflammés ou d’agiter des drapeaux siglés que de
soutenir devant un tribunal bourgeois la cause d’un militant réprimé pour fait syndical...

Malgré le cours délai pour préparer la défense (J. a reçu sa convocation le samedi pour un passage au tribunal le mardi ... les Balkany ont eu plus de temps pour préparer la leur... C’est ça la justice de classe ...), J. et les compagnons de la CNT-AIT se sont mobilisés pour trouver un avocat et préparer sa défense. Le jour dit, J. se retrouvait en compagnie de militants de la CNT-AIT devant le juge. Le lendemain, il apprenait que la création de la section syndicale était refusée. Il attend encore, privé de salaire et de revenus la nature de la sanction que la direction de l’entreprise va lui infliger.

Solidarité avec notre compagnon licencié pour fait syndical.

Info de dernière minute : notre compagnon J. viens d’être licencié pour une distribution de tract. Une caisse de solidarité pour notre compagnon est ouverte, pour nous écrire voici notre adresse : CNT-AIT, 7 rue St Remesy, 31000 Toulouse. Envoyez vos chèques (ordre cnt-ait).
Si vous souhaitez faire un virement bancaire, nous contacter (contact [at] cnt-ait.info)

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