L’AIT contre la folie sportive depuis 1925
Publié le 7 janvier 2023
Nous célébrerons en décembre de cette année 2022 le centenaire de création de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs), l’organisation internationale des anarchosyndicalistes.
Cette création est contemporaine de celle de l’essor des grandes compétitions sportives, spectacles internationaux, et particulièrement de la Coupe du monde de Football. En effet, l’idée d’organiser cette compétition est venue à Jules Rimet, le président de la FIFA de l’époque, suite aux jeux Olympiques de Paris de 1924.
Aussi, il est intéressant de voir que dès cette époque, et alors que le « sport spectacle » n’avait pas encore atteint la place envahissante dans la société qu’il a aujourd’hui, les délégués du second congrès de l’AIT tenu à Amsterdam en 1925, et qui étaient quasiment tous des prolétaires, ont pris une résolution pour encourager « la lutte contre la folie sportive, afin d’en éloigner la jeunesse qu’elle pourrait attirer. ».
»Le sport est aujourd’hui un instrument aux mains des capitalistes pour écarter la jeunesse de la lutte des classes et d’un développement spirituel plus élevé, faisant d’elle un être mécanique, non-conscient, au lieu de créer des hommes capables de penser et d’agir » (Résolution du 2e congrès de l’AIT à Amsterdam en 1925)
Car déjà à cette époque, les anarchosyndicalistes avaient bien compris les enjeux politiques et idéologiques derrière ces compétitions sportives destinées à « divertir » la jeunesse – et notamment la jeunesse ouvrière. Comme nous le rappelle le dictionnaire, « divertir » peut avoir deux significations « Distraire en amusant » mais aussi « Détourner quelqu’un d’une préoccupation, par exemple : Divertir quelqu’un de ses ennuis ». Comme le dit Fabien Ollier, philosophe et directeur de la revue « Quel sport ? » « La mobilisation de masse des esprits autour des équipes nationales induit la mise en place d’une hystérie collective obligatoire. Tout cela relève d’une diversion politique évidente, d’un contrôle idéologique d’une population.
En temps de crise économique, le seul sujet qui devrait nous concerner est la santé de nos petits footballeurs. C’est pitoyable. »
« Les compétitions de football exacerbent les tensions nationalistes et suscitent des émotions patriotiques d’un vulgaire et d’une absurdité éclatants. Le sport provoque une forme de violence différente, moins évidente qu’une bombe, mais ne participe absolument pas à un recul de la violence. » [1]
Le sport est indéniablement politique. À ce titre, il génère des valeurs politiques. Le modèle sportif dominant actuel, qui est partagé aussi bien par la gauche que par la droite, est celui du capitalisme le plus libéral, fondé sur le principe de rendement, de hiérarchie et de compétition, et de corruption généralisée.
Depuis les cents ans de sa création, l’AIT à travers ses sections n’a eu de cesse de lutter contre l’hystérie sportive et de mener des campagnes de boycott contre les Coupes du monde successives [2]. C’est pourquoi en 2022 encore, les anarchosyndicalistes continuent plus que jamais leur lutte pour l’émancipation des travailleuses et des travailleurs, et appellent au boycott du spectacle écœurant de la Coupe du Monde du Qatar, où plus de 6500 travailleurs sont morts pour 5760 minutes de football, soit plus d’un mort par minute de jeu !
Des membres de la CNT-AIT