Travailleurs saisonniers dans l’agriculture ou l’agroalimentaire : quels sont vos droits basiques ?
Publié le 7 octobre
Chaque été, de nombreux précaires, jeunes ou moins jeunes, français ou étrangers, rejoignent les exploitations agricoles pour y effectuer les travaux saisonniers. Les patrons agricoles, souvent des petits paysans qui produisent « bon, bio et local », usent et très souvent abusent de cette main d’œuvre bon marché et corvéable à merci. Souvent, ils profitent que ces travailleurs sont en situation de fragilité économique, ou qu’ils ignorent leurs droits élémentaires, pour les exploiter sans vergogne : salaires non payés ou inférieurs à ce qui est dû, heures de travail à rallonge, non-respect des repos obligatoires, logements insalubres ...
Depuis plusieurs années, notre anarcosyndicat CNT-AIT est contacté par des saisonniers qui ont été victimes de patrons indélicats. Mais ils nous contactaient après la saison. Il était alors trop tard pour intervenir. Les patrons savent bien qu’il ne sert à rien d’intenter une procédure aux prudhommes, laquelle dans le meilleur des cas aboutira dans un an ou deux, avec des frais d’avocats qui seront supérieurs aux préjudices qui sont de l’ordre de quelques centaines d’euros quand il s’agit d’heures sup non payés sur une semaine de travail. Dès lors, il nous est apparu qu’il était nécessaire d’informer les saisonniers de leur droit AVANT la saison, de façon à ce qu’ils soient vigilants et que cela se fasse dès le début de la saison. Et aussi les informer qu’ils peuvent faire grève si le patron ne veut rien entendre : la grève est pour les saisonniers une force : tout ce qui perturbe l’agenda des récoltes fait perdre beaucoup d’argent aux patrons agricoles aussi, c’est un moyen de pression en faveur des travailleurs très puissant pour se faire respecter [1]
Cette année, nous avons donc décidé de faire de la prévention anarchosyndicale : réaliser un guide des droits basiques des travailleurs saisonniers. Le guide devait tenir sur une feuille A4 recto verso, pour pouvoir être facile à photocopier et à diffuser, être facile à mettre dans sa poche et être suffisamment discret. Des compagnes et compagnons, eux-mêmes anciens saisonniers ou ayant une expérience de droit du travail, ont collecté des informations réglementaires. Ils se sont aussi basés sur nos expériences d’accompagnement des années passées pour déterminer les points essentiels à aborder. Des sympathisants, inspecteurs du travail, ont relu le document pour vérifier qu’il était fiable. Nous l’avons aussi partagé aux compagnons de l’Éco-Saisonnier [2], un collectif autogéré qui anime un site internet de soutien aux travailleurs saisonniers en France, pour recevoir leurs avis et commentaires. Comme il y a beaucoup de saisonniers d’origine étrangère, nous l’avons traduit en espagnol, avec l’aide des compagnons de l’Éco-Saisonniers et aussi de la CNT-AIT espagnole. Un sympathisant sans-papier africain nous a aidés à le traduire en arabe.
Nous avons ensuite diffusé ce guide et ses versions traduites aussi bien sur notre site internet, sur les réseaux sociaux et les forums de discussions en ligne, mais aussi sur des marchés dans des régions rurales, par exemple lors d’une table de presse réalisée lors de notre camping estival dans le sud Aveyron. Des sympathisants nous ont demandé de recevoir des exemplaires imprimés pour les diffuser autour d’eux. Un saisonnier que nous avions aidé dans le passé nous a écrit : « Merci pour le travail de réalisation de ce guide, je vais le diffuser. Je monte en France en août pour travailler dans le sud, pour la récolte des fruits puis la taille des arbres fruitiers ». Les compagnons de la CNT-AIT espagnole se sont chargés de le diffuser en Espagne.
Vous aussi, vous pouvez contribuer à diffuser ces guides autour de vous. Vous pouvez les télécharger pour les imprimer (version française : https://cnt-ait.info/2024/07/09/tta-fr ; version espagnole : https://cnt-ait.info/2024/07/09/tta-es ; version arabe : https://cnt-ait.info/2024/08/01/tta-ar) Nous pouvons aussi vous en envoyer des exemplaires par la poste (écrivez à CNT-AIT 7 rue St Rémésy 31000 TOULOUSE).
Contre l’exploitation et pour la solidarité entre travailleuses et travailleurs, il n’y a pas de petit geste, la coopération et l’entraide de chaque individu se transforme en force collective.