Accueil > Luttes > Santé > INTERVIEW action directe et bilan de lutte

INTERVIEW action directe et bilan de lutte

Publié le 7 octobre

Au début de l’été, une grève a secoué l’hôpital Joseph Ducoing, institution toulousaine (voir Anarcho 187). Nous avons interviewé un membre du personnel.

Bonjour, l’hôpital Joseph Ducoing, est connu de tous les toulousains et il tient une place particulière dans leur cœur, peux-tu nous dire pourquoi ?
L’hôpital a été créé par des communistes espagnols après la guerre pour soigner des résistants et des pauvres. Il a été de tous les combats pour rendre la médecine plus accessible aux pauvres. Aujourd’hui, il appartient à une association « Les amis de la médecine sociale ». Actuellement la situation financière de l’hôpital est très difficile, il y a un gros déficit et la direction cherche à faire des économies. C’est pour ça que les salaires sont très bas, mais le personnel est très attaché à l’hôpital. Nous soignons un public très défavorisé, en grande précarité, immigrés, sans papiers, petits retraités, etc.

Et donc en juin dernier, les secrétaires médicales se sont mises en grève.
En fait, elles sont d’abord allées voir la direction pour demander que leur salaire de base soit relevé au niveau du SMIC ; jusqu’alors leur salaire de base était inférieur au SMIC, mais s’y ajoutaient des compléments. La direction a refusé, du coup, elles sont allées voir la CGT, le syndicat majoritaire chez nous, qui n’a rien fait. Alors fin juin, une quarantaine d’entre elles se sont mises en grève, sans aucun appui syndical. Elles ont installé un piquet de grève à l’entrée, distribué un tract et lancé un appel à la solidarité. Cet appel a été très bien reçu et les marques de solidarité ont été très fortes. 

La CGT est accourue et a soutenu la grève. Autre marque de solidarité par la présence de la CNT-AIT venue faire nombre et distribuer des tracts de soutien donnant un autre éclairage de la situation.
 Les grévistes ont alors découvert que la CGT jouait un drôle de jeu : la patronne de l’association « les amis de la médecine sociale » qui possède et gère l’hôpital, est une responsable vraiment haut placée de la CGT ; en fait, c’est la CGT qui gère l’hôpital... beaucoup de grévistes ont été choquées et nombre d’entre elles ont repris le travail. Celles qui ont continué, ont rencontré plusieurs fois la direction et au bout de 10 jours de lutte, la direction a accepté de relever le salaire de base au niveau du SMIC à condition que les heures perdues soient rattrapées par des heures supplémentaires payées au tarif normal. En fait, les secrétaires médicales n’ont rien gagné, parce que si leur salaire de base a été augmenté, la direction leur a retiré tous les compléments qui s’y ajoutaient et du coup leur salaire est toujours le SMIC.

Et maintenant ?
Beaucoup de salariés sont dégoûtés, en fait les gens râlent beaucoup et ça ne date pas d’aujourd’hui. Même parfois, il y a des mouvements de grève, mais qui ne touchent qu’un service, une fois, c’est la maternité, une autre fois la radiologie …. La CGT veille à ce que la grève ne s’étende pas aux autres services. Il y a eu des appels pour étendre la grève, mais ça n’a pas pris. Les médecins il y a un an ont menacé de se mettre en grève, mais là, la direction a tout de suite accédé à leurs demandes.