Le RN, hier comme aujourd’hui, est le parti de la bourgeoisie.
Publié le 26 février

Il y a déjà quelques années, nous avions évoqué dans notre journal les corrélations du fascisme Italien avec la démocratie libérale de l’époque, qui avait de facto adoubé le régime Mussolinien, dans toute la légalité, lui permettant d’assoir définitivement son Pouvoir dictatorial. On se souvient que lors des dernières présidentielles, Raphaël Enthoven l’un des scribouillards du journal « Franc-Tireur » avait claironné que s’il devait choisir entre Le Pen et Mélenchon, il voterait Le Pen sans hésiter. Ce n’est pas que nous ayons une quelconque sympathie pour Mélenchon – au contraire, nous n’avons que mépris pour ce tribun populiste dévoré par son appétit de Pouvoir personnel – mais on voit bien que la bourgeoisie dont Enthoven est un représentant médiatique est désormais prête à utiliser l’extrême-droite pour défendre ses intérêts.
Comment est-ce possible que ces démocrates mondains, après des années de leçons d’antifascisme électoral considérant que les abstentionnistes (qui, donc, ne faisaient pas le choix e l’extrême droite) étaient des criminels en puissance, puissent désormais appeler à voter Le Pen ? La réponse est simple : malgré ses discours sur le « peuple » et les « petites gens », le RN/FN est globalement ultra-libéral sur le plan économique.
Le RN veut nous faire croire qu’avec la mort de son fondateur Jean-Marie Le Pen, il aurait tourné la page. Il est vrai que dans les années 80, Le Pen père était un grand admirateur du libéralisme à la Ronald Reagan. Aujourd’hui, le FN/RN dit avoir changé et dit tenir un « discours social », pour caresser dans le sens du poil électoral les « classes populaires » (enfin surtout celles dont la pigmentation n’est pas trop foncée ...). Mais quand l’extrême droite tient un discours social, c’est toujours débarrassé de la notion de lutte des classes, les nationalismes ont besoin concrètement d’une réconciliation des classes pour pouvoir faire Nation. Car vous remarquerez qu’à chaque fois qu’il y a un projet de loi dit « social » à l’Assemblée soi-disant en faveur des plus défavorisés de ce pays, ils votent systématiquement contre. Ils sont les défenseurs farouches des intérêts capitalistes, ils n’ont rien « d’antisystème ».
Le Pen père a toujours soutenu le patronat et la libre entreprise, il préconisait qu’il fallait « libérer le travail, et libérer l’entreprise », en autorisant entre autres la fixation libre du salaire ou de supprimer les autorisations administratives de licenciement et bien sûr réduire la main d’œuvre étrangère... Au nom magique du pouvoir d’achat. Aujourd’hui le RN c’est pareil. Dans son programme actuel, que l’on peut trouver facilement sur internet, au détour d’une mesure sur la hausse des salaires on y trouve l’aide aux entreprises, sous la forme d’une nouvelle baisse des charges patronales. Des augmentations de salaire en exonérant les cotisations patronale signifient qu’à terme nos retraites, nos chômages, la sécurité sociale, se réduiront drastiquement en peau de chagrin, peut être disparaîtront complètement. C’est donc dans la réalité une diminution de salaire, car nous devrons payer de notre poche les assurances sociales et retraites. Et sans aucune garantie réelle d’augmentation des salaires, puisque celles-ci seront laissées au bon vouloir des patrons ! On n’a jamais vu de patron redistribuer les baisses de charges à ses salariés.
Dans son programme, le RN propose des mesures qui concerne surtout les ménages aisés, notamment des suppressions de taxes et d’impôts en tout genre, qui concernent généralement les propriétaires d’entreprises – petites ou grandes. Les rentiers des familles aisés ne sont pas oubliés non plus, avec la suppression de l’IFI (impôt sur la fortune immobilière … la châtelaine de Montretout ne s’oublie pas ...), la suppression les impôts sur l’héritage, etc... C’est à dire toutes ces choses dont les classes populaires sont exclues d’office, car elles ne possèdent pas le Capital.
Force est de constater que le RN ne roule pas pour les ouvriers et employés, mais pour les riches et les capitalistes. Leur soi-disant programme social consiste seulement en l’exclusion des étrangers, et la fameuse « lutte contre la fraude » où l’on devine d’avance qui est visé, en l’occurrence les bénéficiaires de l’allocation chômage et du RSA et non ceux qui font de l’optimisation dans des paradis fiscaux.
S’il y a un point de convergence entre le RN et la droite libérale à la Macron, c’est bien cette peur envers les gens les plus modestes de la société française. En effet le gouvernement macron à bel et bien rétabli le servage de 15h/semaine, pour les « bénéficiaires » (tu parles d’un bénéfice ! On voit que les mots du Pouvoir ne sont jamais anodins ...) du RSA, sachant qu’ils ont rallongés le départ à la retraite à 64 ans comme tout le monde sait. Mais en plus ce qui est moins dit c’est que beaucoup de chômeurs sont cinquantenaires, et trouver du boulot, à ces âges-là, devient de plus en plus compliqué. Donc pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que beaucoup de personnes au RSA, ont plus de 50 ans, et qu’ils seront sommés de travailler 15h/jours, au tarif RSA, ce qui à terme provoquera une concurrence directe avec les Smicards. La recette est toujours la même : mettre les travailleurs en concurrence entre eux, pour faire diminuer les salaires … Tous – de Macron à Le Pen mais aussi certains à gauche – disent qu’il faut faire la chasse aux soit disant fraudeurs. En fait ils vont faire la chasse aux fins de droits et à ceux qui sont dans la détresse. A côté de ça Mme LePen et Bardella ne prévoient rien, contre les phénomènes de non-recours aux droits sociaux. À savoir que de nombreux ménages éligibles aux prestations sociales, n’en font pas la demande. Par défaut d’information, ou des démarches bien trop complexes.
Ne nous y trompons pas, la lutte des classes est une réalité quotidienne et concrète. Et la division des travailleurs est une arme fatale. Parce que les prolétaires qui soutiennent le RN, ce n’est pas tellement pour le programme économique. Mais plutôt une xénophobie entretenue et excitée via les chaînes de télé d’infos en continu et les réseaux sociaux.
Depuis 40 ans, la bourgeoisie française – qu’elle soit assumée de droite « républicaine » mais aussi dans ses versions honteuses de gauche – ont ressorti l’extrême droite des poubelles de l’histoire, pour de sombres magouilles électorales (diviser la droite pour Mitterrand, réduire les scores électoraux de la gauche en faisant monter le vote populaire pour le FN pour la droite). Pendant 40 ans ils nous ont donné des leçons de morale, avec leur chantage au fascisme. Mais aujourd’hui, pour maintenir ses privilèges, la bourgeoisie a besoin de l’extrême droite. Mais c’est bel et bien cette bourgeoisie acquise au système capitaliste ultra libéral aujourd’hui, qui hier il y a 60 ans, après les décolonisations, ont fait venir ici les travailleurs immigrés par centaines de milliers pour pouvoir les sur-exploiter dans les usines, chantiers et le secteur agricole, les faisant vivre dans des conditions déplorables, subissant les menaces de leurs employeurs, et même des adhésions forcés aux syndicats d’extrême droite (CFT puis CSL) dans les années 70, dans l’industrie automobile (Citroën, Peugeot). Et ce sont ces mêmes bourgeois qui aujourd’hui nous bassinent sur l’immigration, qui créent des partis politiques racistes, qui diffusent des discours racistes de plus en plus assumés, et qui réclament des expulsions d’étrangers en attisant la haine entre prolétaires.
Le RN c’est le système et il contribue à notre exploitation. C’est pour cela qu’il doit être détruit.