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L’Action directe et ses méchantes demi-sœurs

Publié le 29 octobre

Ou : l’empereur est vraiment nu, mais c’est en fait secondaire.
Une petite histoire (librement inspirée d’Harald Beyer-Arnesen)

Il était une fois un village derrière les sept montagnes. Ses habitants recevaient si peu d’eau de la canalisation, que le gouvernement leur avait fait construire cent ans auparavant, que leurs potagers se desséchaient, que le linge ne pouvait pas être lavé et que les enfants restaient assoiffés les jours de grande chaleur.

Un jour, les villageois se sont réunis sur la place du village pour discuter ensemble du problème.

L’un d’entre eux a suggéré qu’ils pourraient écrire une demande pour plus d’eau sur un papier, que tous les habitants y inscriraient leur nom et qu’ils enverraient ce papier par la diligence au gouverneur de la province, qui se chargerait certainement de la question.

Un autre a suggéré qu’ils pourraient élire un citoyen respecté de leur village, qui prendrait ensuite le train pour la capitale, où il demanderait à l’un des 9875 députés de défendre la cause au parlement.
La vieille disait que son fils était un homme d’affaires efficace, qu’il gagnerait un jour tellement d’or dans un pays lointain qu’il pourrait réparer la vieille conduite d’eau dans 20 ou 30 ans, ou même en faire construire une nouvelle.

L’une d’elles a dit que tout cela était bien trop incertain, long et réservé. Ils devraient plutôt organiser une manifestation énergique et se rendre ensuite directement au palais impérial pour demander à l’empereur de parler d’autorité à ce sujet.

Quelqu’un a dit : Oui, mais si l’empereur ne répond pas, on pourrait saccager la rue en rentrant à la gare, casser quelques vitres ou se battre avec les gendarmes pour exprimer notre mécontentement. Pour - peut-être - convaincre l’empereur ou le parlement d’envoyer plus d’eau dans le village.

Puis une petite fille cria que les grandes personnes devaient arrêter de dire autant de bêtises. Son père travaillait sur le chantier de la nouvelle autoroute qui devait être construite à travers la sombre forêt derrière le village. Il devrait prendre la pelleteuse et quelques pelles et pioches, et les habitants n’auraient qu’à creuser un puits. Ils auraient alors suffisamment d’eau pour toujours, sans avoir à supplier le gouvernement.
Peut-être, mais ce ne serait certainement pas autorisé, répondit l’un d’eux.

Cela ne plairait certainement pas au gouverneur de la province, car l’autoroute est son projet fétiche, dit l’autre.

L’une d’entre elles a dit que les gendarmes viendraient alors au village pour reboucher le puits et jeter trois ou quatre villageois au cachot.

Oui, nous devrons alors nous battre avec les gendarmes, répond la fille. Mais si nous en parlions aux gens des autres villages, ils commenceraient aussi à creuser des puits. L’empereur n’a pas tant de gendarmes que ça pour faire reboucher tous les puits.

C’est vrai aussi, dirent les villageois.

Alors, ils se dirigèrent tous ensemble vers le chantier de la nouvelle autoroute.

Et s’ils ne sont pas morts, ils boivent encore de l’eau fraîche aujourd’hui.


À ton avis, l’histoire est-elle terminée ? Imagine la suite...