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LICENCIEMENTS Á L’ABC ?

Publié le 20 janvier 2008

Une large mobilisation du public a permis l’an dernier de sauver le cinéma l’ABC, par l’obtention des aides nécessaires à sa rénovation. Seulement, la campagne auprès du public était tronquée et lui a dissimulé les pratiques de ses dirigeants et les licenciements qu’il préparait. Si bien qu’après avoir sauvé l’ABC, il s’agit maintenant de sauver ses salariés. Mais d’abord place aux faits :

Les pratiques violentes de la direction et du conseil d’administration de l’ABC ne datent pas d’aujourd’hui,

Déjà, il y a quelques années, un salarié a pu en subir les conséquences : après une proposition d’embauche à l’ABC, il quitte son ancien emploi stable et la ville où il travaillait. Mais, le jour de la signature de son nouveau contrat, il découvre qu’il ne s’agit que d’un simple CDD. Acculé, il accepte de signer. On lui explique alors qu’il ne s’agit que d’une formalité. Un an plus tard, le contrat n’est pas renouvelé et le salarié se retrouve dans une situation bien précaire.

Plus tard un autre employé de l’ABC, en désaccord avec les décisions de sa direction, saisit les prud’hommes, Puis, il trouve du travail dans un autre cinéma. Avant qu’il ne signe son nouveau contrat, la direction de l’ABC contacte son nouvel employeur et l’avertit du procès en cours, et il ne sera finalement pas retenu pour le poste. Cette pratique qui consiste à mettre sur liste noire ceux qui luttent pour leurs droits et les maintenir ainsi au chômage, en s’attaquant à leur gagne-pain, était très fréquente au XIXe siècle.

Actuellement, le cinéma comprend deux directeurs et cinq employés. Ces dernières semaines, arguant des difficultés économiques -réelles- du cinéma, le conseil d’administration de l’association (l’employeur) a proposé à trois salariés de réduire leur temps de travail, et donc leur salaire, de 25 % pour deux d’entre eux et de 50 % pour le troisième,

Cette proposition, par un curieux hasard, n’a pas été faite aux deux directeurs, alors que leurs salaires sont bien plus élevés. Ce qui aurait correspondu à un minimum de logique et d’équité.
Surtout si on n’oublie pas que c’est la direction qui est responsable de la gestion du cinéma et de ses mauvais résultats, à l’origine de ces mesures. Mais ici comme ailleurs, c’est deux poids, deux mesures : les directeurs, malgré leur responsabilité, sont maintenus à leur poste alors que les employés, qui ont finalement refusé la réduction de leurs salaires, ont reçu leur lettre de licenciement.

Il y a quelque temps déjà, on apprenait qu’Utopia, cinéma supposé engagé, licenciait pour « manque de conscience politique » et encourageait le « travail bénévole » de ses salariés contre une éventuelle prime. Depuis, même les prud’hommes ont condamné ses patrons. Maintenant on découvre les pratiques des dirigeants de l’ABC.

On a tendance à croire cette brutalité patronale réservée à la tendance dure du MEDEF. En fait, elle est aussi fréquente, dans les cinémas associatifs ou « engagés ». Elle est seulement moins connue, même si elle commence à l’être de plus en plus. Quant au public, ainsi informé, il a le droit d’exiger des patrons des salles « art & essai » qu’il fréquente, de mettre en application les valeurs qu’ils affichent par ailleurs.

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