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Licenciements à l’abc, j’y tiens pas

Publié le 25 mars 2008

Le cinéma ABC, c’est un de ces cinémas dits "d’art et d’essai" qui se sont faits une spécialité dans "la défense des valeurs", dans les films alternatifs... bref, une salle "très comme il faut" mais pas forcément pour ceux qui y travaillent. C’est ce qu’a révélé publiquement par un tract la CNT-AIT, largement diffusé dans les milieux du cinéma et repris dans la presse locale.

Retour sur image donc. L’an dernier, une large mobilisation du public, sous le label "L’ABC j’y tiens" avait permis de sauver cette salle par l’obtention des aides nécessaires à sa rénovation. Seulement, la campagne auprès du public était tronquée et dissimulait les pratiques des dirigeants de cette boîte et les licenciements qu’ils préparaient. Si bien qu’après avoir "sauvé l’ABC", il conviendrait maintenant de sauver ses salariés.
Les pratiques de la direction ne datent pas d’hier.

Un salarié auquel l’ABC avait fait miroiter un poste intéressant démissionne de l’emploi stable qu’il avait dans une autre ville. Mais, le jour de la signature de son nouveau contrat, il découvre que ce n’est pas du tout le CDI qu’on lui avait promis mais un simple CDD. On lui explique que ce n’est qu’une simple formalité. Acculé, il accepte de signer. Un an plus tard, le CDD n’est pas renouvelé. Exit le salarié.

Un autre salarié, viré et en désaccord avec la direction sur de nombreux points de son contrat de travail saisit les prud’hommes. Puis il trouve du travail dans un autre cinéma. L’ayant appris incidemment, et avant qu’il ne signe son nouveau contrat, la direction de l’ABC contacte son nouvel employeur potentiel et "l’avertit" du procès en cours. Exit le nouveau contrat. Eh oui, on peut être un fan de la "culture", des "arts et essais", des "alternatives" et se comporter comme les maîtres de forge du XIXe siècle qui se passaient de main en main la liste noire des travailleurs qu’il fallait détruire économiquement en les privant de gagne pain.

Voici quelques semaines enfin, l’ABC a proposé aux salariés les moins payés de ... diminuer leur salaire. Il faut savoir que, dans cette entreprise, il y a cinq salariés de base et deux directeurs. Evidemment, rien à voir entre les salaires des cinq premiers (au niveau du SMIC) et des deux autres (plutôt confortables). C’est pourtant les cinq salaires les plus modestes que la direction se proposait d’amputer en réduisant leur temps de travail (et donc leur salaire) de 25 à 50 % suivant les cas ! Par un curieux hasard, cette proposition n’a pas été faite aux deux directeurs. Pourtant, une ponction sur ces deux salaires aurait largement suffi à colmater la brèche financière. Surtout qu’il ne faudrait pas oublier que c’est la direction (et pas les salariés de base) qui est responsable de la gestion du cinéma et des mauvais résultats financiers à l’origine de ces mesures. Mais ici comme ailleurs, c’est deux poids, deux mesures : les directeurs, malgré leur responsabilité, sont maintenus à leur poste alors que les employés, qui ont finalement refusé la réduction de leur salaire ont reçu leur lettre de licenciement.

Nos lecteurs se souviennent que, quelques mois en arrière, Utopia, cinéma supposé engagé, licenciait pour "manque de conscience politique" et encourageait le "travail bénévole" de ses salariés contre une éventuelle prime (!). Depuis, même les prud’hommes ont condamné les patrons d’Utopia. Maintenant, on découvre les pratiques des dirigeants de l’ABC.

Certains ont tendance à croire que la brutalité patronale est réservée à la tendance dure du MEDEF. En fait, elles est aussi fréquente dans les entreprises associatives ou "engagées". Elle est seulement moins connue, même si le voile commence à se lever. Quant au public, ainsi informé, il a le droit d’exiger des patrons de salles "Art & Essai", "Alterna-tives", "Associatives", "de gauche"...qu’elles mettent en application dans les faits les "valeurs" qu’elles affichent si hardiment dans leurs programmes.
Affaire à suivre donc.
Marie

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