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Fukushima mon amour

Publié le 9 mai 2011

La catastrophe de Tchernobyl fut présentée comme la conséquence
d’un système en décadence, incapable d’entretenir et
de sécuriser sa technologie. Elle ne pouvait pas se produire dans des
pays « normaux ». Elle était la conséquence de la décrépitude du
communisme d’Etat [1].

JAPON :
Obéissance et Soumission

Force est de constater que la catastrophe
de Fukushima émane, elle, d’un
pays qu’on nous présentait jusqu’à ces
jours derniers comme un véritable
modèle de technologie, d’organisation
et de sécurité. Longtemps deuxième
économie du monde (et quoique récemment
passé au 3e) ce modèle de société,
soit disant exemplaire, a été copié
partout. Ici même, il a pignon sur rue.
On nous l’a imposé dans les entreprises.
De Carrefour à France Telecom en passant
par de multiples entreprises, grandes et
petites il a été, il est encore le modèle
d’organisation à appliquer, celui qui
assure la réussite et dont il ne faut pas
s’écarter. Les fondements de ce système
sont l’obéissance et la soumission à l’entreprise
et à l’Etat. Au Japon, on nous
l’a bien assez dit, les travailleurs se
dévouent corps et âme à leur entreprise.
Ils ne critiquent pas. Ils ne prennent
presque pas de vacances. Ils font grève
tout en continuant à travailler, en portant
un bandeau de protestation. Ils se
font chronométrer, pour ne pas perdre
une seconde.

Ils sont formatés dès leur plus tendre
enfance. Dans certaines maternelles,
on les fait courir pratiquement nus dans
la neige. Le système scolaire est carcéral.
Le japonais devient ainsi un bon
citoyen. Il est soumis à l’Etat, à l’entreprise,
bref, à ses chefs. C’est ça l’exemple
qu’on nous vantait (et qu’on nous
vante encore). Et c’est ça qui a conduit
à la catastrophe : l’explosion de la centrale
de Fukushima a été provoquée par
la nature, mais elle est surtout la conséquence
directe de cette soumission à
l’ordre et au pouvoir. Partout, dans les
entreprises, dans la cité, nous devons
dénoncer et remettre en cause le système
d’organisation à la japonaise. C’est
un facteur supplémentaire de catastrophe.

France :
Mensonges et Complicités

Le gouvernement français a toujours
su étouffer la contestation et verrouiller
le débat à coups de « secret
défense ». Et il a su susciter toutes les
complicités nécessaires. Surtout chez les
« syndicalistes ». Marie-Claire Cailletaud
de la CGT-énergie n’a pas peur de le
dire : « Personne, évidemment, dit-elle, n’est
capable de garantir aujourd’hui qu’on est complètement
à l’abri d’un accident. » mais c’est
aussitôt pour affirmer qu’« Il est impossible
aujourd’hui de se passer du nucléaire
uniquement avec du renouvelable et des
économies d’énergie.
 ». Comme la CGT n’a
pas peur des contradictions, elle ajoute
dans la foulée que, se passer du
nucléaire « ... impliquerait de réduire de 50
% notre consommation.
 ». Bref, ce serait
parfaitement possible [2]. Mais, bien que
ce soit possible, sa conclusion est sans
appel : « La position de la CGT, très clairement,
n’est pas pour une sortie du nucléaire. ».
Le lobby militariste, économique et syndical
pro-nucléaire est bien verrouillé. Il
est vrai que, pour quelques uns, le
nucléaire, ça paye bien... quand à la
majorité, elle payera, à plus ou moins
longue échéance, le prix des prochaines
catastrophes, si elle ne se bouge pas plus
que ça.

Autriche :
le Nucléaire à la Poubelle

Pourtant sortir du nucléaire n’a rien
de compliqué, ça ne demande même
pas une révolution. En fait il s’agit juste
de le vouloir. Wikipedia cite l’exemple
de « La centrale nucléaire de Zwentendorf
(...) située sur la commune de Zwentendorf an
der Donau sur les rives du Danube, à 50 km.
à l’ouest de Vienne, Basse-Autriche. C’est l’unique
centrale nucléaire autrichienne, elle n’a
jamais été mise en service. Le 5 novembre
1978, lors d’un référendum (...) le peuple
autrichien a voté contre sa mise en service avec
une courte majorité de 50,5 % (...) Suite à ce
référendum, le parlement autrichien vota en
1978 une loi de non-utilisation de l’énergie
nucléaire (...). Suite à la catastrophe de
Tchernobyl en 1986, la classe politique
autrichienne est parvenue à un consensus sur
l’arrêt du nucléaire civil. »

Les Autrichiens ont donc réussi à
mettre le nucléaire à la poubelle. Preuve
que c’est possible, s’il en fallait une de
plus. Pourtant, on ne peut pas dire que
l’Autriche soit un pays révolutionnaire
(ni même particulièrement avancé sur le
plan sociétal...). Mais elle a choisi de
dire « non » au nucléaire. Pendant ce
temps, chez nous, on bouffait des
épinards et du lait radioactif, en bons
moutons bien dociles. Merci EDF,
merci la CGT.

J.

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