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ÉMEUTES DE LA MISÈRE EN ANGLETERRE

Publié le 26 septembre 2011

Souvenez-vous. En 2005, lorsque les banlieues françaises se sont embrasées, rares étaient ceux qui soutenaient ces révoltes populaires. Le mot de « sauvageons » était sur toutes les lèvres. La droitisation de la société a été amorcée après le relent de nationalisme post coupe du monde en 1998 et sublimé en 2002 avec l’élection présidentielle très à droite. Tout était mûr pour que le Français fasse bloc contre ses pauvres et légitime les discours réactionnaires et la violente répression.

Rien d’étonnant donc à ce que, pour les récentes émeutes qu’a connu l’Angleterre, on ne trouve pas grand monde pour défendre les révoltés dans cette société ou tout a été fait pour diviser les gens et les isoler dans une idéologie libérale de soumission et d’égoïsme. Pourtant, malgré ce qu’a affirmé Cameron, la situation sociale en Angleterre est déplorable, et c’est cette situation qui a provoqué les émeutes et pas un supposé « vice caché » dans la tête des enfants des couches populaires.

Échec d’un modèle : le capitalisme

Si, en période de relative croissance, le modèle anglais semblait entretenir une certaine paix sociale, on constate qu’en période de crise la redistribution est au point mort. Si pour les plus aisés cela signifie éventuellement devoir différer l’achat de sa voiture de luxe, pour les plus pauvres c’est synonyme de renoncement à tout, même au minimum vital, même à la dignité humaine. Une société qui éduque ses enfants sur la base de la valorisation de l’argent et qui ne leur permet pas d’y accéder ne peut s’en prendre qu’à elle-même en cas de révolte. Comme chez nous, les politiciens tentent de faire porter la responsabilité aux familles qui seraient en échec dans l’éducation de leurs enfants. Il est pourtant clair que l’échec est du coté de la société, et que cette société c’est le capitalisme.

Police partout

La police est partout en Angleterre. La police est dans les rues, dans les têtes des « honnêtes » citoyens. La police est derrière les milliers et les milliers de cameras de surveillance. La police n’a pas d’arme à feu en Angleterre, mais elle se rattrape par un usage compulsif de la matraque. Que vous soyez habitant des quartiers populaires, militant politique ou même simple passant, le risque de finir sous les coups de la police n’est pas négligeable et nombreux sont ceux dont la vie est brisée ou même interrompue sous les coups de la police.

Autre constante outre-Manche  : depuis 30 ans les politiciens se sont donnés un malin plaisir à détruire toute forme de contestation et d’alternative, ne laissant plus aucun espoir de liberté chez les gens.

La politique du pire

L’histoire de l’Angleterre récente est marquée par le règne d’un triumvirat de gestionnaires carnassiers. Thatcher est l’emblème de la réussite du capitalisme dur. Celui qui détruit les sociétés pour le plus grand bonheur des possédants. Maggie, à l’image de Menen en Argentine ou Sarkozy en France, a sacrifié l’intérêt collectif sur l’hôtel du libéralisme. Tony Blair a assuré la relève quand Maggie a été morte politiquement. Il a géré et amplifié la liquidation de la classe ouvrière en Angleterre. Actuellement David Cameron, en appliquant les plans d’austérité exigés par l’Europe et le FMI, est en train de finir le travail de sape. Il veut abattre la bête déjà blessée.

Une génération sacrifiée. Ghettoïsation du quotidien

La société qui découle du capitalisme à l’anglaise est une société ou soit on accepte pleinement les règles du jeu soit on est extrêmement marginalisé. Il s’ensuit que ceux qui sont exclus du système vivent dans une grande violence. Le capitalisme a réussi à domestiquer la population, c’est la prophétie du livre de Georges Orwell « 1984 » qui se réalise.

Si certains rattachent la révolte de ces Anglais pauvres à la longue histoire des émeutes, créant ainsi une frontière entre les émeutiers et le reste du mouvement social, je crois au contraire qu’il faut penser ces évènements à la lumière des faits survenus ce mois d’août. Il n’est pas du tout anodin que la manifestation des habitants du quartier de Tottenham, à l’origine de l’embrasement du Royaume-Uni se soit faite avec un slogan qui posait clairement une revendication sociale. « Sauvez la jeunesse », tel était en effet le cri, certes empreint de désespoir, qui était lancé de Tottenham à cette société qui sacrifie les enfants sur l’autel du capitalisme. Un cri qui ouvre peut-être, espérons-le, la porte à un renouveau des luttes sociales dans le royaume.

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