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Un peu de vent frais

Publié le 16 novembre 2011

Le 15 octobre dernier fut un jour de mobilisation sociale. En effet coïncidaient à la fois un appel à manifester contre le nucléaire et la journée mondiale des indignés. A Toulouse, ces deux mouvements se sont rencontrés et ont partiellement fusionné. J’avais décidé d’aller à la manif antinucléaire.

A 14 heures, je me suis donc rendu place Arnaud Bernard où le défilé antinucléaire devait débuter. Je fus dans un premier temps désolé par le spectacle que je vis. En effet les bannières des partis politiques, déjà en campagne électorale et bien décidés à récupérer à leur compte le mouvement de contestation populaire, flottaient sur la place, bien en évidence. Comme si ce n’était pas suffisant, des drapeaux « contestataires » (ou supposés tels) s’entremêlaient avec ceux des politiciens en un ballet harmonieux. Les uns et les autres occupaient le devant de la scène –pardon, de la place- et masquaient de leurs oriflammes une sincère colère antinucléaire dont la suite montra qu’elle était palpable chez beaucoup de manifestants « non encartés ».

Alors que j’allais m’en retourner chez moi de dégoût, tant ce rassemblement me parut sur le coup hideux, je repérais des copains de la CNT-AIT présents sans drapeaux, sans bières et sans cotillons, juste avec un tract pour qui voudrait des explications et un porte-voix pour faire circuler la parole. Il y avait des copains des Assemblées populaires. Les uns et les autres commençaient à discuter en profitant du soleil de l’été indien. Je me joignis à eux, ne faisant plus alors attention aux allées et venues de ce qui me sembla, dans un premier temps le gros de la troupe (les apparences sont trompeuses : l’étalement judicieux des drapeaux sur la place donnait vraiment l’impression au départ que les politiciens étaient largement majoritaires).

Puis le cortège s’ébroua… et quelle ne fut pas ma surprise (heureuse) de m’apercevoir que, justement, nous étions une flopée de personnes venues comme moi sans autocollant et sans drapeau. Trois fois plus nombreux que les membres des partis politiques avec leur accoutrement carnavalesque habituel ;

La manifestation se répartissait ainsi en deux. D’une part une foule assez nombreuse, joyeuse d’être ensemble, en ébullition, portée par les nouvelles de solidarité venues de quatre coins du globe, et d’autre part une masse visqueuse et apathique de drapeaux sur pattes.

Le défilé se prolongeait jusqu’à la place de la Daurade et avant de se disperser, il aboutit à une Assemblée Populaire. A ce stade, les politicards avaient décroché mais il restait près de trois cents personnes, auxquelles se joignit un petit regroupement de personnes très actives contre les centre de rétention et pour l’accueil des « étrangers » (qui avaient organisé en ce milieu de journée leur propre rassemblement place Olivier, sur la rive gauche). On a pu se concerter et échanger en se réappropriant une place de la ville.

Ce fut donc une agréable surprise et une tout aussi agréable journée qui permit de mieux cerner les rapports des forces en présence. Ainsi à Toulouse, environ trois cent personnes se sont rassemblées en se distinguant clairement des organisations (celles qui se vivent avec un O majuscules, qui grosses ou minuscules se prennent pour le centre du monde et veulent « organiser » tout mouvement social -c’est-à-dire le mettre sous leur coupe), et cela dans un contexte qui ne s’y prêtait guère. Sans aucun événement exogène, ces personnes se sont donc réunies à l’insu des flics syndicaux et politiques. Et s’il faut admettre que le nombre reste encore faible, l’habitude de déborder spontanément les cerbères du pouvoir semble faire son bonhomme de chemin. Il est ainsi plaisant de voir que de la quinzaine que nous étions au début du mouvement de retraites, les Assemblées Populaires approchent les trois cents personnes en ce mois d’octobre.

Jeune, vif, insaisissable… qui sait où ce mouvement nous portera ?
Lulu de Bagdad_

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