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VIOLENTES ATTAQUES CONTRE LA POPULATION ESPAGNOLE

Publié le 1er septembre 2012

Depuis plusieurs années l’Espagne souffre de la crise mondiale, aggravée par l’insistance du « PPSOE » (je dit PPSOE, mélange du PP -Parti populaire, conservateur- et PSOE –Parti socialiste ouvrier espagnol, de gauche, théoriquement) à conserver le pouvoir. Bien sûr, la crise n’existe que pour le peuple : les pauvres sont déjà pauvres sans crise, ils le sont encore plus avec. Quant aux riches ils le sont quand il n’y a pas de crise et encore plus grâce à elle.

C’est comme ça à cause des réformes qui ont commencé avec le gouvernement -en théorie « préoccupé du sort de la classe ouvrière »- de Zapatero (PSOE) : report de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans, suppression de l’aide aux parents de nouveau-nés… sans parler de la répression croissante contre ceux qui manifestent leur mécontentement. Toutes ces réformes ont ouvert les portes à un parti pas trop différent : le PP. Avec son équipe qui ressemble aux quatre cavaliers de l’apocalypse (en pire, ils sont plus nombreux) le président du Conseil, Rajoy, continue l’attaque contre la population sous diverses formes :

Attaques Financières

L’augmentation des impôts étrangle beaucoup plus les gens dont la vie, ou plutôt la survie, devient fort difficile. Le prétexte, c’est que tout le monde paye… en oubliant que, dans cette démocratie théorique, le gouvernement a décrété une amnistie fiscale pour les riches (les plus grands responsables de la crise) qui, ayant longuement fraudé, régulariseraient maintenant leur déclaration. De plus, les privilèges fiscaux de l’Eglise persistent (elle est exonérée de taxes sur les bâtiments). Pour le budget des régions, il y a seulement une loi qui dit qu’elles ne doivent pas dépasser un certain seuil de dépenses, mais aucun politicien n’a subi de véritable réduction de salaire.

Attaques contre les conditions de travail

Les attaques contre les travailleurs sur ce plan sont encore plus drastiques. L’indemnisation minimale est passée de 45 jours et 42 mensualités par an à un maximum de 33 jours et 24 mensualités. Elle peut même n’être que de 20 jours et 12 mensualités en cas de problèmes économiques, techniques ou d’organisation. De plus, le préavis préalable au licenciement, jusqu’à présent de 30 jours, est réduit à 15. Le licenciement pour absentéisme est désormais possible, même si les absences sont parfaitement justifiées, par exemple en cas de maladie : interdit désormais d’être malade plus de quelques jours dans l’année ! Le patron peut modifier les conditions de travail : que ce soient le salaire, les horaires, le lieu de travail. Bien sûr, le travailleur n’a pas le droit de refuser : il accepte le changement ou il est licencié. L’employeur peut également supprimer les accords d’entreprise. Le patron a droit à des subventions dans certains cas (par exemple, l’État peut payer à sa place un part des indemnisations). Parfois les travailleurs ne reçoivent pas de salaire, sous prétexte qu’il manque de l’argent.

Et là, l’État ne leur donne rien.

L’Etat affirme que ces réformes favorisent les embauches, mais en réalité elles favorisent le licenciement !

Attaques contre l’éducation

Ici, le prétexte est d’améliorer l’éducation, le niveau en anglais, éviter l’échec scolaire. Pour cela, la méthode est aux antipodes de ce qui conviendrait, puisque le gouvernement a réduit le budget de l’éducation de 3 milliards d’euros. Il y aura donc moins argent pour la formation des professeurs d’anglais, des réductions du nombre d’aides pour étudier à l’étranger, les élèves se serreront dans les classes.

Dans les universités, les droits d’inscription ont augmenté : l’étudiant doit payer 25 % du coût total (avant la réforme, il ne payait que 18 %), le reste étant pris en charge par les impôts. Si l’étudiant échoue à un examen et doit se réinscrire ; le tarif monte à 30 % du coût pour atteindre 100 % en cas d’échec renouvelé.

Attaques contre la santé

La ministre de la santé a annoncé qu’elle allait économiser (sur notre dos) 7 milliards d’euros. Pour cela, la loi concernant les étrangers sera modifiée afin de rendre plus difficile leur accès au système sanitaire. Elle accuse en effet les immigrés de tromper l’État et de faire venir leurs familles pour profiter de la sécurité sociale (ce qu’elle nomme « tourisme sanitaire »). C’est évidement une loi raciste, inspirée par la loi de Plataforma per Catalunya (mouvement régionaliste catalan, qui ne cache pas son racisme, et qui entretient en France des liens avec le Bloc Identitaire) et qui oublie les touristes qui viennent pour se faire opérer (le véritable tourisme sanitaire).

Autre régression : le malade doit payer une part du prix des médicaments, y compris les retraités (entre 10% et 60%, selon les revenus). De plus, il y a des régions comme la Catalogne et Castilla La Mancha qui veulent faire payer un euro par ordonnance. Il faut ajouter que les retraites en Espagne sont très basses, si basses la plupart du temps que beaucoup n’ont pas assez pour vivre dignement. La déclaration du conseiller de la santé (ministre régional) de Castilla la Mancha disant que « Ce n’est pas plus cher que de se payer quatre cafés par mois » est des plus détestables : beaucoup de retraités n’avaient déjà pas de quoi se payer quatre cafés.

La « Justice » n’a pas échappé à une réforme. Pour l’essentiel, c’est le renchérissement à son accès. Les pauvres, qui n’avaient déjà pas beaucoup à en attendre, devront payer pour obtenir la simple reconnaissance de leurs maigres « droits ». Notons pour finir cette liste d’augmentation des charges, que le gouvernement n’a pas hésité à donner 10 milliards € (exactement la somme qu’il vole au budget de la santé et de l’éducation) à une banque pour éviter sa faillite !

Ces attaques ont cependant réussi à provoquer quelque chose qui semblait impossible en Espagne : que le peuple proteste. Depuis quelques temps, on voit resurgir un véritable esprit critique contre l’État, le patronat, les syndicats subventionnés et les protecteurs de tout ce beau monde (les policiers).

Le mouvement « Je ne paie pas » qui agit contre l’augmentation du prix des transports (comme en Grèce) en est un exemple. A Madrid, le carnet de dix déplacements en métro coûtait quelques 7 € en 2010. En juillet 2011, il passait à environ 9 €. Entre temps, des privilégiés avaient profité d’une forte baisse (80 % !) : les culs bénis venus voir baver le pape lors des Journées Mondiales de la Jeunesse. Un miracle dont les madrilènes payeront le déficit… Quoi qu’il en soit, « Je ne paie pas » a organisé plusieurs manifestations qui ont pris le métro sans payer ; bien sûr ces actions ont été très réprimées, mais les actions de protestation se sont poursuivies aux autoroutes à péage. Il y a quelques semaines, toujours à Madrid, un groupe de personnes (« Prends le métro ») a fait arrêter le métro pendant quelques minutes pour protester.

Autre exemple de contestation  : l’année dernière, à Valence, un lycéen a posté sur internet une vidéo de sa salle de classe où les élèves portaient leur manteaux (pas de chauffage). Ce garçon a été exclu parce que… c’est interdit de filmer dans le lycée. En réponse, ses copains ont organisé une manifestation pacifique. Ils ont été violemment frappés, arrêtés par les policiers. C’est fut le commencement de la lutte des étudiants à Valence (appelé Printemps vert).

Ce 30 mai le gouvernement a annoncé la diminution de la subvention minière. Une très forte grève des mineurs asturiens et léonais s’en est suivie. Il y a eu des manifestations jusqu’à Madrid et dans de nombreuses localités. Des mineurs ont coupé des routes et des voies ferrées.

De très nombreuses personnes ne peuvent payer leur crédit-logement. Les banques les expulsent de leurs foyers (la police va chez eux, avec des représentants de la banque). Ils ne reçoivent aucune aide pour trouver un autre logement (ce qui est illégal, selon la bien-aimée législation en vigueur). Par contre, ils commencent à recevoir l’aide de « Stop expulsion », un autre mouvement de résistance.

La CNT-AIT participe aux protestations de solidarité. A Madrid, en particulier elle a soutenu les travailleurs de l’enseignement public contre les réformes conduites par la présidence régionale (en Espagne, l’éducation est régionalisée). Des actions sont également en cours contre des entreprises telles que UNED, UCM, C3 ou Mercadona qui abusent des travailleurs et licencient les compagnons anarchosyndicalistes.

Dans ce pays, il y a plus de 5 000 000 chômeurs. Beaucoup de gens doivent chercher dans les poubelles de quoi manger, d’autres supportent les abus du patronat pour essayer de nourrir leurs enfants… La CNT-AIT dénonce les responsables de la situation exécrable qui est faite au peuple : l’Etat, le patronat et les syndicats subventionnés (l’UGT et les CCOO qui signent la plupart des réformes)

Nous organisons des manifestations et des rassemblements et appelons à une grève générale, autonome et illimitée, parce que nous pensons que les 24 heures rituellement proposées par les syndicats collaborationnistes c’est trop peu, que ce ne sont que des manœuvres pour simuler un intérêt envers les ouvriers. Nous « visitons » les locaux du PP, de la CEOE (organisation des patrons), des ministères... pour leur dire, en face, que nous ne cesserons pas jusqu’à la victoire.

Ces mouvements sociaux sont craints par l’Etat qui augmente régulièrement le niveau de répression (la simple résistance pacifique est pénalisée, des affichages de la CNT-AIT ont été interdits à Salamanque…), preuve qu’ils peuvent être efficaces et qu’il faut les poursuivre jusqu’au bout.

Carmen, Fédération Locale
CNT-AIT Madrid

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