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Un avis sur la situation sociale en Espagne

Publié le 6 octobre 2013

Nous publions ci-après un texte que nous adresse un compagnon espagnol. Comme le titre l’indique, il s’agit d’un avis personnel, et doit donc être reçu comme tel  ; c’est-à-dire comme une invitation à l’expression de points de vue et au débat.

Je ne commenterai pas la situation, du point de vue des autonomies ou des communautés autonomes qui peuvent, ou non, réclamer leur indépendance vis-à-vis de l’État, et qui cherchent l’« autogouvernement » après la figure de l’État vertical fasciste.Pour le peuple, la situation sociale est comparable à la situation dans laquelle vivait le pays pendant les années 70 en ce qui concerne les droits liés au travail et les droits sociaux. Ce qui se passe, aujourd’hui, c’est que la grande masse productrice des richesses se conçoit comme bourgeoise et non comme prolétaire.

Du point de vue des médias bourgeois, il semblerait que la société aille dans une direction clairement néo-libérale en prétendant focaliser l’attention des masses dans le parlementarisme, le professionnalisme dans les postes de travail, et le culte « adorateur » de la figure patronale, et tout cela accompagné par la dualité bien connue de la scène politique qui est sous l’emprise des mega-partis : PP et PSOE ; en laissant dans l’ombre, les partis politiciens minoritaires.

Si cette situation est analysée en tenant compte de l’augmentation des mouvements « sociaux », nous pouvons observer que la société « se radicalise » bien qu’il existe d’importantes différences dans chacun de ces mouvements. On dirait que tant les moyens que les organes de diffusion de base, comme ceux des groupements, des collectifs et individus, qui démontrent des inquiétudes sociales ou bien un regard critique ou n’importe laquelle des attitudes catalogables de « révolutionnaires », mènent à bien un travail qui se centre sur trois groupes ou catégories d’appels :

1- Les consignes classiques d’une révolution apolitique. (appels pour la fin de l’État, du gouvernement, ou de l’élimination de la « classe politique », etc …)
2 – Les récupérations républicaines.
3 – Les récupérations du «  bon État  ».

Par exception à cette « réalité » nous avons l’auto-organisation anarchiste, des Anarcosyndicats, des centres sociaux auto-gérés, des coordinations anarchistes territoriales (comme celle du nord-ouest ou de Catalogne), des Athénées et individualités. Aussi, dans nos rangs, devons nous durement combattre la sédentarité, les pratiques réformistes, les prétentions à ré-inventer l’anarchisme qui circulent et survolent la situation actuelle, et qui paraissent mettre à l’écart et oublier les revendications, les compagnons prisonniers, les actes d’auto-défense tandis qu’avec leur discours, ils finissent par transformer la propagande par le fait en une diffamation de la conception libertaire qui, suivant la personne ou le groupe, a des connotations stirneriennes.

Sans avoir l’intention d’être défaitiste, je crois que l’atmosphère est tellement dure que les possibles résultats obtenus dans cette atmosphère ne peuvent être efficaces. La bassesse morale et éthique de la bourgeoisie, même dans ses propres schémas, lui a fait perdre l’avantage de la discrétion, elle a fait que les toilettages de son image de marque lui coûtent, à chaque fois, de plus en plus chers*, elle a fait qu’une grande partie de la société finisse par s’apercevoir que l’efficacité silencieuse qu’elle se targue d’avoir n’est rien de plus qu’une tromperie élaborée. Cette atmosphère est, donc, parfaite tant pour les révolutions que pour les dictatures fascistes comme communistes.

Il semble que l’appel à finaliser l’infâme paix sociale, promue et maintenue par le cadre étatique, indépendamment du parti qui gouverne, provienne « de partis soporifiques », sans qu’importe réellement l’idéologie.
Les inquiétudes sociales de la majorité de la population ouvrière dans « mon pays », peuvent se diviser en deux groupes qui, malheureusement, n’ont pas varié à travers les siècles :

1- La perte du confort bourgeois, ainsi que la perte de ses fausses éthique et morale, faisant que les gens rejettent tout comportement social « ordonné », cela en raison de tant de mensonges et de tromperies subis.
2- La peur d’un mode de vie différent de celui qui est actuellement vécu, un mode de vie qui a été défendu par tous ceux qui, provenant d’une dictature, se sont laissés tromper par la fausse transition démocratique, et qui dans beaucoup de cas la défendent encore.

Je ne veux pas généraliser, mais la plus grande partie de cette masse sociale qui se nomme elle-même les 99% cherche à regagner « la dignité et le respect de ses dirigeants » comme ils l’autoproclament. C’est le fruit évident du long travail de fascisation que les divers fascistes (nationaux-syndicalistes, réactionnaires, phalangistes, franquistes et nationaux-catholiques) ont réalisés dans tous les domaines, d’abord par la dictature puis par l’état, contre le peuple et la liberté. L’intention de la bourgeoisie semble être de réunifier les masses populaires sous l’étiquette de la citoyenneté (en éliminant ainsi le concept de classe) de la même manière qu’elle est parvenue à détruire l’éthique de base des projets libertaires orientés vers la production, remplaçant ainsi le collectivisme par le coopérativisme. En créant le syndicalisme vertical ou jaune, en renforçant aussi le syndicalisme révolutionnaire surtout dans ses aspects réactionnaires et destructeurs, et en déformant la signification et le sens du mot Anarchie, elle a, de cette façon, obtenu que, de nos jours, parler d’anarchisme déchaîne deux types de réponses généralisées : L’une, en appui, qui considère l’anarchisme dogmatique comme une « mode » au sein d’une jeunesse inquiète. L’autre, en rejet, haine et violence à notre encontre. En résumé : Je considère que les masses pseudo-revolutionnaires sont conduites, guidées, manipulées, pendant qu’elles se croient autonomes, ou libres.

D’une part, les uns sont manipulés par les fascistes catholiques qui lancent eux aussi des consignes contre l’État, en faveur de la classe ouvrière, et qui se disent anti-État.

D’autre part, nous avons les déjà tristement classiques : bourgeoisie, oligarques, chefs, autoritaires, et arrivistes divers. Je crois que s’il surgissait un vide de pouvoir en même temps que l’Union Capitaliste Européenne nous refusait le sauvetage économique, il existerait la possibilité que la transformation sociale prenne le chemin d’un nouveau conflit civil comparable à la situation que vivent actuellement la Grèce, l’Égypte, le Chili…

Un compagnon espagnol

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