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NI FASCISME, NI REPUBLIQUE BOURGEOISE

Publié le 17 février 2014

Le 17 janvier, K. P., néo-nazi de 21 ans, venait tirer au fusil à canon scié sur des spectateurs-trices d’un concert de soutien à des sans-papiers. Deux personnes furent blessées par les plombs. Lundi 21, il passait en comparution immédiate.

Avant toute chose, nous souhaiterions dénoncer le rôle des médias. Il suffit de lire les trois articles de la Pravda locale, « La Montagne », à ce sujet  : le tireur aurait utilisé une carabine (il s’agit d’un fusil à canon scié), ce serait une querelle, pas un acte politique… Cet acte de terreur n’est évoqué que dans un article sur les comparutions immédiates... Le tireur n’aurait pas d’idéologie, vu qu’il n’appartiendrait à aucun parti... L’utilisation du terme « extrême droite » permet de ne pas utiliser ce dont il se revendique : le nazisme, et le fascisme.

Sans compter la différence de traitement  : lors de l’occupation de la place de Jaude en septembre dernier, lors du procès de la militante arrêtée suite à notre évacuation par les CRS, lors du procès du militant MNCP... «  La Montagne » prend toujours la version policière. Dès lors nous nous interrogeons : qui insuffle la peur ? Au delà de « La Montagne », c’est la presse bourgeoise en sa totalité qui joue à ce jeu puant. A travers de tels articles, ce sont les groupes antifascistes et le soutien aux personnes en situation « d’étrangisme » qui sont visés.

Pour un procès annoncé comme «  non politique », c’était super fliqué... 10 flics dedans, 10 devant la porte, 10 dehors, plus des RG et des civils. Le procès passe en deuxième, il faut évacuer ça très vite. L’accusé a eu un parcours chaotique. Sa version est remplie de contradictions, sans aucune logique  : « C’est fait, c’est fait ». Il refuse de s’excuser devant les deux blessé-es, bien que ses camarades ne soient pas venus dans la salle de procès. Il veut garder sa fierté mais refuse de divulguer ses idées.

Notons des éléments troublants : on nous explique qu’il n’avait pas l’intention de tuer, son casier judiciaire a « disparu ». Le procès a été bâclé, des témoignages et plaintes ont été refusés (pour ne pas « polluer l’enquête »), la plaque d’immatriculation de la voiture de ses complices ne sera jamais utilisée...

Cependant, nous pensons que ce n’est pas le tireur qu’il faut mettre en cause. La responsabilité revient au capitalisme. Avec un parcours comme le sien, comment se fait-il que le tireur se soit jeté dans l’idéologie nazie  ? Le capitalisme a besoin de cela, de nous diviser entre exploité-es selon notre lieu de naissance, notre couleur... Or nous appartenons toutes et tous à la même classe. De plus, quand on voit qu’une ministre se fait traiter de « guenon » et que son propre gouvernement ne réagit pas, on comprend le sentiment d’impunité des fascistes.

Nous savons aussi qu’historique-ment, «  La gauche est la salle d’attente du fascisme » (L. Ferré). Banaliser les idées fascistes n’est qu’un outil, l’État veut réellement faire monter le fascisme.

Nous nous interrogeons  : imaginons qu’un entarteur anarchiste s’en prenne au futur maire PS, que se passerait-il ? La presse parlerait de « terrorisme » ! Rappelons-nous que les accusé-es de Tarnac ont fait un an et demi de tôle... en préventive. Qu’en Espagne, deux compagnons de la CNT-AIT ont pris un an ferme pour... un piquet de grève. Que la répression s’abat de manière bien plus violente sur nos compagnons de l’ASI-AIT en Serbie, de la ZSP-AIT en Pologne...

Si l’antifascisme est une nécessité, reste à savoir comment. Localement, nous pensons que la solution n’est pas dans un collectif de cartels virant vers la social-démocratie, ni la version extrême gauche, testostérone et violence jusqu’à ce que ça dérape complètement... Il faut des luttes de classe victorieuses, autonomes.

Enfin, pour nous, anarchosyndicalistes, il est clair que la tôle ne résout rien et n’a jamais rien résolu. La prison n’éliminera rien puisque l’État ne va pas tuer ce qu’il engendre... Il faut abolir cette société capitaliste, autoritaire, qui a besoin du fascisme pour se maintenir en vie. Il faut reprendre la lutte des classes, sans le moindre compromis.

Syndicat des Travailleurs-euses et Précaires/CNT-AIT 63, 22/01/2014

UN POINT DE VUE PERSONNEL

Deux personnes ont reçu de la grenaille alors qu’elles étaient devant un local de Clermont-Ferrand. Le tireur était dans une voiture. Il est sûr qu’il a choisi à la fois le lieu (un squat connu), le type de manifestation (solidarité avec des sans-papiers) et qu’il a visé (deux personnes blessées, l’une à la face, l’autre aux jambes).

Dans un pays dénommé France, les dirigeants des grandes entreprises, ont un cynisme effrayant. Pour exemple, alors que la banque Daxia a pompé 6,6 milliards d’euros au budget français pour être renflouée, trois de ces dirigeants se sont augmenté les salaires de 50 % (soit des rémunérations de 340 000 et 450 000 euros par an !). La crise, provoquée afin accroître le capital et les revenus de quelques-uns, laisse de nombreuses personnes sans repères. La société de consommation, longtemps promue par les « experts économistes », ne leur est plus accessible. La possibilité de comprendre non plus, tant la confusion entretenue par les médias, l’école et autres instances au service du Pouvoir est grande. Alors, certains se laissent aller à la haine de l’autre — forme extrême de la haine de soi — et passent à l’acte, renforçant ainsi le système tout en croyant être des « anti-systèmes  ».

Le tireur a pris deux ans ferme.

Marie

«  Il n’y a que deux voies pour la classe ouvrière, la Liberté ou la victoire des fascistes, qui veut dire la Tyrannie. Les combattants des deux côtés savent ce qui attend le perdant. Nous sommes prêts à mettre fin au fascisme une fois pour toutes, même malgré le gouvernement républicain.  »

Buenaventura Durruti, 1936

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