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UNE AMITIE BIEN PARTICULIERE DU ROI JUAN-CARLOS

Publié le 7 décembre 2014

Pour sauver le système monarchique face à l’immense rejet provoqué dans la société espagnole par la corruption et les magouilles de la cour, Juan Carlos a fait le choix de donner un petit coup de jeune à la couronne en abdiquant (au profit de son fils, rien ne doit se perdre).

Cette abdication a été l’occasion, dans les médias français, d’un concert de louanges sur cet individu qui aurait permis « d’assurer une transition démocratique » et qui, bien que roi, aurait finalement été un grand démocrate lui-même. La réalité n’a bien sûr rien à voir avec cette imagerie de pacotille. Un exemple parmi tant d’autres nous est donné par une des amitiés si particulières entretenues par Juan Carlos avec le dictateur Videla. Petit point historique donc.

Monarchiste, l’immonde Franco, qui à massacré, pourchassé et emprisonné durant des décennies, tous les opposants à son régime, en particulier les anarchosyndicalistes et les anarchistes, avait rétabli officiellement la monarchie dès 1947. Mais pas si vite, bien décidé à tirer un immense profit personnel de son criminel coup d’État, loin de remettre sur le trône le roi légitime (pour un monarchiste s’entend), il s’était proclamé régent et avait gardé tout le pouvoir entre ses mains. Pour préparer sa suite, il avait formaté deux individus, l’amiral Carrero Blanco (une sorte de clone) et le prince Juan Carlos. Franco meurt en 1975 [1]. Carrero Blanco, qui devait être le chaperon du futur roi, a malencontreusement sauté sur une bombe de l’ETA deux ans avant. Il ne reste plus que Juan Carlos pour continuer « l’œuvre » franquiste. Il ne s’en acquittera pas si mal que ça.

À l’autre bout de la terre, Le 24 mars 1976, la junte militaire Argentine avec à sa tête le général Videla, fait un coup d’État, et chasse du pouvoir Isabel Peron (qui était loin d’être une « démocrate »). Ces types établissent immédiatement une dictature militaire des plus sanglantes. Cette répression a un coût financier important. Alors que la dictature n’a que deux mois, Videla se rend compte, qu’il à déjà dépensé 70 % du budget annuel argentin, presque uniquement en répression policière et militaire (quatre cent millions de dollars). A court d’argent, la junte militaire cherche une aide financière et frappe à la porte de la « jeune démocratie » espagnole.

Elle sera particulièrement bien accueillie. Une coopération entre les deux pays va naitre. Dès le 1er juillet 1976, le roi Juan Carlos reçoit dans son bureau le général Leandro Enrique Anaya, ambassadeur de Videla en Espagne. Juan Carlos promet à Videla la venue de son ministre de l’Economie, dans l’intention de sortir de la panade financière la dictature militaire Argentine. Banquiers, investisseurs et industriels espagnols sont mis dans le coup. Le commerce de la viande (qui été gelé depuis 1970) reprend, et rien qu’avec ça, la junte militaire argentine fait rentrer quelques millions de dollars dans ses caisses.

L’ENTENTE CORDIALE DU «  ROI-DEMOCRATE  » ET DU DICTATEUR

Très rapidement, toutes les portes des ministères, des banques, des investisseurs en tous genres sont grandes ouvertes à l’exécutif Argentin. Exemple de l’orgie politico-financière : le 22 juillet 1976, le ministre de l’Économie argentin Martinez de Hoz organise en Espagne un repas où sont présentes 64 personnalités espagnoles dont les ministres du Commerce, de l’Industrie et du Logement, ainsi que les présidents des principales banques et entreprises ibériques. Tout ce beau monde est réuni pour parler des « relations entre l’Espagne et l’Argentine ». De nombreux engagements, souvent secrets, sont signés entre les deux partis, jusqu’en 1983. Un crédit de 50 millions de dollars est immédiatement accordé à la dictature.

Sous le gouvernement d’Adolfo Suarez, l’un des hommes de la transition dite « démocratique », le soutien économique à la dictature bat son plein. Au-delà des juteuses « affaires », le très démocratique gouvernement espagnol de l’époque, a aussi été un acteur actif dans la répression des opposants. Suarez organise la répression contre les réfugiés argentins sur le territoire espagnol lui-même. La dictature argentine a pour point d’entrée en Espagne son ambassade. Sa mission : contrôler les exilés argentins et contrebalancer les dénonciations internationales contre le régime militaire de Videla. Les deux gouvernements vont même jusqu’à échanger leurs « connaissances » en termes de répression, de torture, de meurtre politique. Des membres de la Guardia civil vont « se former » en Argentine et vice versa.

JUAN-CARLOS A TOUT COUVERT

Dès le tout début du coup d’État, le pouvoir espagnol sait tout de la monstruosité du régime argentin. L’ambassade d’Espagne à Buenos Aires et ses consulats en Argentine n’ont pas passé un jour sans recevoir des appels téléphoniques de familles paniquées, en recherche d’un de leur proche disparu. Mais jamais l’Espagne de Juan-Carlos n’a répondu à ces appels à l’aide. Et pas plus qu’elle n’a aidé les réfugiés sur son sol. Juan Carlos a couvert toutes les monstruosités, comme le Campo de Mayo, véritable camp de concentration. Au total, environ 700 ressortissants espagnols ont été victimes de la dictature argentine, dans le plus grand silence des autorités espagnoles. Plus de 30 000 autres personnes ont « disparu ».

Pendant tout ce temps, Videla reçoit de Juan Carlos toutes les décorations prestigieuses, et le gouvernement espagnol s’arrange avec probablement la complicité d’autres gouvernements « démocratiques », pour que l’Argentine soit présente aux grandes réunions internationales, comme la commission des droits de l’homme par exemple. Un comble

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