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Anarchosyndicalisme : Déclaration de principes

Publié le 26 mars 2016

« Nous sommes des hommes vraiment sans dieu, sans
maître et sans patrie, les ennemis irréconciliables de
tout despotisme, moral ou matériel, individuel ou
collectif, c’est-à-dire des lois et des dictatures – y
compris celle du prolétariat – et les amants passion-
nés de la culture de soi-même. »
Fernand Pelloutier, 12 déc. 1899

  Pour un fédéralisme horizontal

L’Anarchosyndicalisme est une pratique qui s’inscrit dans l’histoire col-
lective de la lutte des classes, celle de l’Humanité qui oeuvre pour sortir
de la servitude, de l’exploitation, et de la misère dans lesquelles veulent
nous maintenir tous les pouvoirs. Il s’inscrit aussi dans l’histoire des révolutions sociales où les révolutionnaires ont lutté pour instaurer une socié-
té sans classes. L’Anarchosyndicalisme fonctionne, donc, en fédéralisme
horizontal dans une organisation qui refuse la centralisation, car ce qui
nous fédère, c’est le refus de la transcendance du pouvoir. Son unité fédérative réside sur la conviction de chaque membre dans l’évidence des
principes de Liberté, d’Autonomie, d’Égalité, et de Solidarité universelle
(entraide a-nationale et lutte globaliste) .

  Pour une démocratie directe

L’Anarchosyndicalisme veut la suppression de l’exploitation de e
l’Homme par l’Homme. Il préfigure une société qui rend impossible toute
séparation en gouvernants et gouvernés, et refuse toute forme d’État, de
dogme et d’exploitation.

Nous refusons, de ce point de vue, l’idée même de démocratie représentative, et lui opposons l’exercice de la démocratie directe. Nous affirmons que chacun doit prendre part à la délibération collective et que nous
pouvons nous-mêmes prendre les décisions qui nous concernent. Dès
l’instant où nous nous donnons des représentants, nous ne sommes plus
libres. Notre vie nous appartient et notre volonté ne se représente pas.
Tout ce que nous avons à faire, nous devons le faire par nous-mêmes.

  Pour les luttes d’action directe

Le projet révolutionnaire porté par l’Anarchosyndicalisme repose sur
l’intelligence collective dont chaque individu est détenteur à part égale.
L’organisation composée des groupes de militants n’a pas vocation à
constituer une quelconque avant-garde, à la manière d’une élite qui aurait
à éclairer la masse. C’est la société dans son ensemble qui doit sortir de la
passivité et de la délégation. L’Anarchosyndicalisme n’a donc pas pour
but de prendre en main, par tous ses organes, la direction de la production et l’administration de la vie sociale.

Notre tâche consiste, d’une part, à favoriser la libération d’une parole
collective qui, seule, est capable d’instituer les structures sociales nouvel-
les que nous voulons, et, d’autre part, à étendre les luttes d’action directe,
c’est-à-dire des luttes collectives autonomes sans intermédiaires, dont
nous affirmons qu’elles sont le moyen le plus efficace de déstabiliser le
pouvoir et de réaliser la transformation sociale. A ce titre, nous encourageons au développement des collectifs de lutte librement constitués, dans
les usines, les administrations, les quartiers. Par là, nous entendons instituer une autre forme de vie sociale anti-autoritaire et sans hiérarchies.
Nous encourageons donc la volonté des collectifs et assemblées à s’auto-
déterminer.

  Nécessité de l’organisation - Nécessité de s’auto-organiser

L’anarchosyndicalisme ne sépare jamais la fin et les moyens, la pratique
de la théorie, l’action quotidienne de la perspective révolutionnaire. Il
rend possible l’émergence et la diffusion des luttes qui, seules, mettent en
pratique notre objectif, le rendant concret, tangible, et par conséquent
immédiatement reproductible. Ces luttes existent et existeront toujours,
elles n’appartiennent à aucune organisation en tant que telle.

Notre organisation s’inscrit, par conséquent, dans les mouvements
auto-organisés, sans compromission politique ou financière, qui, de fait,
ont vocation à renverser l’ordre établi. C’est la raison pour laquelle nous
refusons toute subvention. Le processus révolutionnaire ne s’accomplit
pas de lui-même ; se contenter de le contempler n’a jamais produit que
des fantasmes. La nécessité de coordonner les efforts en une organisation, procède du fait historique lui-même qu’il n’y a pas de révolution sans
révolutionnaires. La situation révolutionnaire n’est plus seulement celle de
l’insurrection, qui relève encore de la réaction, mais celle d’une société qui
positivement se réinvente elle-même, instituant des structures nouvelles.
Le projet révolutionnaire, comme tel, ne peut se construire que dans une
organisation internationale. Il est la production sociale d’une raison poli-
tique universelle qui naît, légitimement, d’un sentiment de révolte partagé.

  Le Réseau

Le réseau confédéral des groupes Anarchosyndicalistes est l’objectif
révolutionnaire en actes. Le réseau est l’exercice même de la démocratie
directe qui veut la réciprocité totale entre l’individu et le groupe, entre les
groupes et le réseau qui les relie entre eux. L’ensemble des groupes reconnaît qu’au sein de chacun d’entre eux, la parole de chaque individu pèse le même poids. Ceci implique nécessairement, qu’en retour, tout l’effort de
chacun soit tendu vers l’intérêt du groupe, que chacun porte en lui la
responsabilité de l’ensemble.

Notre mode d’organisation n’oppose pas l’idée d’une réalisation de
l’individu pour lui-même, et l’idée que l’individu seul n’existe pas. Notre
liberté naît de l’interaction et de la solidarité entre l’individu et le collectif. Il en va de même quant au rapport qui lie le groupe, toujours autonome et politiquement responsable, à l’ensemble du réseau. La réalité première du réseau, c’est la relation. Les termes de la relation n’existent pas
indépendamment les uns des autres. Les paroles et les actions de chacun
peuvent ainsi faire naître chez tous des pensées et des actions qui lui
appartiendront en propre. Chaque groupe, et de même chaque individu,
se forme dans une interaction permanente d’idées et de pratiques. C’est
la coordination des pratiques qui importe pour autant qu’elles reflètent
notre fond idéologique commun ; l’essence de l’organisation se construisant à la faveur de ces pratiques et de ces échanges eux-mêmes.

Toujours, la pratique précède le droit : les dispositions de l’organisation ne sont pas autre chose que le résultat de l’action réelle et de l’interaction des groupes. D’abord, par simple souci d’efficacité, ensuite, parce
qu’il en va de la capacité de la collectivité à garder un rapport avec elle-
même en empêchant la confiscation du pouvoir. Ces dispositions doivent
ainsi permettre d’exclure toute émergence d’un pouvoir permanent.

Notre stratégie se consolide à partir de toute victoire, même modeste,
et de toute expérience qui procède de la solidarité et de la libre volonté
des assemblées autonomes, dans une perspective émancipatrice. Nous
voulons, par le réseau, donner vie à cette exigence première d’autodétermination qui conduit toute l’histoire de l’Anarchosyndicalisme ; pour que
prenne véritablement corps le projet révolutionnaire, et qu’il trouve, d’ores et déjà, une effectivité dans nos pratiques quotidiennes, dans notre vie
présente.

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