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Les assemblées populaires en débat

Publié le 17 juillet 2011

 Petite chronologie

Le mouvement dit des « Indignés
 », amorcé en Espagne
le 15 mai dernier, a constitué une
belle surprise, à l’instar des révolutions
tunisienne et égyptienne.
Preuve que tout est désormais possible.
Retour sur ces quelques semaines
qui, espérons-le, aideront a changer
la donne en Europe.

  • 14 mai :
    de France, on a pu percevoir des
    signes avant-coureurs, avec une
    manif de plus de 100 000 personnes
    contre les coupes budgétaires à
    Barcelone .
  • 15 mai :
    occupation de la Puerta del Sol, la
    place centrale de Madrid par des
    militants d’Izquierda Unida (équivalent
    du Parti de Gauche). Ils revendiquaient
    la réforme de la loi électorale
    et tenter ainsi de gagner quelques
    strapontins aux élections locales toutes
    prochaines. Ils se font déloger
    manu militari par les flics le jour
    même. Mouvement de protestation
    contre la police : les Madrilènes envahissent
    la place en masse dès le lendemain.
    C’est le point de départ d’un
    mouvement d’ampleur nationale et
    internationale d’assemblées populaires
    autogérées. Toutes les villes espagnoles
    ont été concernées, même les
    villes moyennes. Dès le 19, un mouvement
    de soutien apparaît à
    Toulouse. Très rapidement aussi à
    Perpignan, Montpellier puis dans de
    nombreuses villes en France. En
    Europe, le soutien s’exprime en
    Grèce, en Italie, en Grande-Bretagne,
    au Portugal...
  • 27 mai :
    la police régionale catalane (les
    glorieux « mossos d’escuadra ») tente
    de déloger l’assemblée de la place de
    Catalogne, au coeur de Barcelone. La
    répression entraîne un mouvement de
    solidarité. Les manifestants reprennent
    la place, encore plus nombreux
    et déterminés. La violence policière a
    fait prendre conscience au gens qu’ils
    sont méprisés par les puissants, et les
    pousse à se radicaliser.
  • 28 mai :
    des AP prennent la décision d’étendre
    le mouvement aux quartiers.

Une multitude d’assemblées locales
voit le jour, point de départ pour l’expérimentation
de la démocratie directe.

  • 12 juin :
    les indignés de Madrid lèvent le camp,
    stratégie intelligente qui succède à la
    prise de conscience que, vouloir maintenir
    les assemblés à tout prix malgré
    l’essoufflement, allait desservir le
    mouvement et qu’il était temps d’amorcer
    un travail de fond dans les
    quartiers. A Barcelone la levée du
    camp est imminente.
  • 15 juin :
    action du campement de Barcelone
    avec une manif et un sit-in devant le
    parlement local. Les flics interviennent
    de nouveau pour disperser les
    milliers de personnes présentes. Les
    députés ont du mal à entrer et doivent
    même utiliser un hélicoptère pour y
    parvenir. Les gens présents accueillent
    « chaleureusement » les politiciens,
    entre huées et jet de peinture.
  • 19 juin :
    les assemblées des divers quartiers de
    Madrid et des autres villes ont convergé
    vers les centres-villes.
    Manifestations un peu partout en
    Europe.

Le mouvement a, dans un premier
temps, été plutôt modéré, avec des
gens venus d’horizons assez divers et
des revendications plus ou moins intéressantes.
Ce mouvement d’ « indignation
 » plutôt mou, s’est radicalisé
au fil du temps et de l’avancée de la
réflexion collective. Dès qu’il a débordé
les partis et syndicats collabos, le
mouvement a su faire preuve d’imagination
et de capacités d’extension.

Contrairement à ce que les médias
(et des partis politiques) ont diffusé,
ce mouvement n’est pas dû à la CNT-AIT,
ni en Espagne ni ailleurs. Par
contre, ce qui est vrai, c’est que nous,
militants anarchosyndicalistes nous y
sentons tout à fait à notre aise, tout
simplement parce qu’il est une forme
de cette démocratie directe que nous
pratiquons habituellement entre nous
et que nous voulons voir se développer
dans toute la société. Ajoutons qu’en
Espagne, les militants du mouvement
anarchiste dans son ensemble ont
répondu présent dans cette nouvelle
étape de maturation d’une lutte sociale
contemporaine.