Liberté de conscience

Publié le 7 mars 2020

Il fut un temps pas très lointain où le passage de religieuses en tenue dans un marché déclenchait un concert de chansons paillardes, où le passage de curés en soutane provoquait des coassements sonores, il fut un temps où les ouvriers chantaient sur les échafaudages leur haine de toutes les religions qui pour eux se confondait avec celle des patrons. Toutes ces manifestations et bien d’autres étaient acceptées sinon approuvées par la majorité de la population qui les accueillait avec des sourires. Seuls les religieux directement concernés et les intégristes vouaient aux gémonies les auteurs.

Parfois même de jeunes rebelles décoraient les portes des églises de slogans grandioses comme « dieu est mort » ou même allaient jusqu’à uriner dans les bénitiers des églises sans susciter autre chose que quelques lignes de désapprobation dans le journal local.

Cette époque est révolue, hélas, et l’affaire Mila nous en apporte encore une fois la preuve. Qu’une jeune fille de 16 ans, extrêmement posée et raisonnable, soucieuse simplement de dire sur son blog ses choix amoureux et son refus très rationnel
des religions se retrouve couverte d’insultes, menacée de mort par des foules hystériques sans que pratiquement aucune des organisations théoriquement laïques et progressistes prenne sa défense, qu’une ministre de la justice l’accuse de blasphème (l’ironie est que ce délit n’existe pas en droit français et on peut se demander s’il ne s’agit pas là d’un lapsus révélant que madame la ministre le regrette dans son for intérieur ?), qu’un procureur de la république lance dans un premier mouvement une procédure contre elle avec quasiment l’assentiment des organisations prétendument en charge de la défense des libertés (qui ne dit mot consent), qu’un représentant officiel du conseil des musulmans de France regrette publiquement de ne pouvoir sévir contre cette jeune fille, l’attitude de tous ces
défenseurs de l’ordre moral prouve que toutes les barrières sensées nous protéger des folies intégristes sont en train de tomber. Que les fous furieux, disciples de n’importe quel culte religieux, fassent un front commun pour interdire la critique religieuse n’a rien d’étonnant.

A travers l’histoire, les exemples abondent qui nous montrent que juifs, chrétiens, musulmans ou bouddhistes ont en commun une haine violente de tous ceux qui ne pensent pas comme eux. En particulier tous exècrent les libres penseurs et les athées et cherchent par tous les moyens à les éliminer. En ce début de XXIe siècle, en Arabie Saoudite, en Iran, au Pakistan et dans bien d’autres pays hélas, des hommes et des femmes sont emprisonnés, torturés, assassinés parce qu’ils se déclarent athées, sans dieu, sans religion. Et on ne peut que déplorer à ce sujet le silence remarquable de toutes les hautes autorités de l’état français qui ont si rapidement trouvé les mots pour blâmer Mila.

Si on ne court aucun risque en dénonçant une jeune fille de 16 ans, par contre critiquer les pratiques de certains états en matière de droits de l’homme peut avoir des conséquences fâcheuses pour les relations commerciales (Pakistan, Arabie Saoudite, Inde sont friands de nos matériels militaires). Les haines religieuses ont été et sont encore une des principales causes de guerre dans le monde et font le bonheur de tous les marchands d’armes. Et ce n’est pas parce que ces religions se prétendent des religions de paix et d’amour que cela change quelque chose. C’est au nom de ces soi-disant religions de paix et d’amour que protestants et catholiques se sont entre-tués pendant 2 ou 3 siècles, que sunnites et chiites se massacrent depuis 12 siècles, au nom de Bouddha que 40 millions d’hérétiques ont été massacrés en Chine au XIXe siècle (révolte des Taiping) etc. etc. Il faudrait
également parler de la répression ultra-violente menée à toutes les époques par les églises contre les scientifiques, rationalistes et autres libre penseurs, il faudrait également parler des autodafés, de l’inquisition, de la chasse aux sorcières, aux juifs etc....

La liste des crimes commis au nom de dieu, quel que soit le nom qu’on lui donne, est très longue ; pire, elle ne cesse de s’allonger. C’est que tout religieux se prétend détenteur d’une vérité absolue, celle que lui a révélé son dieu ou ses prophètes, elle est donc incontestable (contester la parole de dieu, c’est mettre en doute l’existence même de dieu) et toute personne qui ne partage pas cette croyance ou qui a une croyance différente est donc au mieux un concurrent qu’il faut combattre, au pire un ennemi à détruire. Voilà pourquoi depuis des siècles, les religions se combattent avec acharnement, voilà surtout pourquoi elles savent s’unir pour exterminer les libres penseurs et les athées.

Anarchistes, nous sommes ennemis de tous les dogmes qui ne sont pas fondés sur
la raison et à ce titre nous sommes les ennemis irréconciliables de toutes les religions et nous affirmons haut et fort que l’humanité ne sera véritablement émancipée que lorsqu’elle sera délivrée de ces engeances.

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