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Le Nationalisme c’est la guerre

Publié le 18 octobre 2022

Un dimanche matin, lors de notre table de presse dominicale, des militants de la cause palestinienne sont venus nous solliciter pour signer une énième pétition. Nous avons, bien entendu, décliné cette proposition en expliquant que nous ne soutenons aucune lutte de libération nationale et aucun nationalisme de toute sorte. Ce à quoi ces militants nous ont rétorqué que c’était une position problématique et sont repartis contrariés. Dans notre journal, nous ne nous sommes jamais gênés pour attaquer toutes les formes de nationalisme, qu’il soit de droite ou de gauche, régional ou au bout du monde. Karl Marx disait : « les prolétaires n’ont pas de patrie », ce qui n’a pas empêché toutes sortes d’obédience marxiste-Léniniste de soutenir diverses luttes de libération nationales au nom de l’anticolonialisme pour au final soutenir des nouveaux régimes, certes débarrassés des colons, mais tout aussi exploiteurs et assassins que le colonisateur. On ne peut pas être internationaliste ou anationaliste, prôner la lutte des classes et, au nom de celle-ci, soutenir des régimes nationalistes plus ou moins autoritaires, sous prétexte qu’ils viennent du tiers monde et sont socialisants.

Prenons l’exemple de la cause palestinienne, et surtout des différentes personnes qui la soutiennent. Elle attire beaucoup d’antisémites déguisés en anti-sionistes (même de gauche, essentiellement eux  !), qui font d’Israël la source de tous les maux de la terre et comparent sa politique à celle du régime nazi. Certes, Israël n’est pas forcément un modèle de diplomatie et d’entente cordiale, mais ni plus ni moins que la France, l’Angleterre, les États-Unis ou la Suède... Et affirmer ceci nous fait basculer automatiquement dans le camp sioniste, que nous ne soutenons pas davantage. Mais c’est tout de même révélateur de ce qu’est le nationalisme et son engeance spécifique qui prétend lutter contre le colonialisme. Si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous !

Un état, une nation, pour survivre, a recours forcément à tout un tas des saloperies. Ses méthodes changent en fonction du régime politique (dictatorial ou démocratique), de sa puissance économique : c’est la fameuse « raison d’État ».

La dénonciation de l’impérialisme d’un pays en particulier ne nous intéresse pas, car pour n’importe quelle nation dans le monde, même la plus humble, si l’opportunité historique se présente, elle se transformera en des nations impérialistes. Toute nation l’est potentiellement.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le capitalisme a trouvé dans la nation un cadre adapté pour son développement. Tout discours « prolétarien » et à la fois nationaliste est une anomalie. Le nationalisme appelle forcément à la collaboration de classe et à l’établissement ou rétablissement d’une hiérarchie sociale. Et pour que leur projet puisse se réaliser, ils utiliseront comme toujours les ouvriers, des paysans, des petits employés, comme chair à canon. La bourgeoisie possédera toujours les usines, les commerces, avec un gouvernement à leur botte, composé strictement de bourgeois comme eux.

Il n’est un secret pour personne que le nationalisme, quel qu’il soit, mène souvent au racisme, à l’exclusion et à la discrimination. Les antiracistes actuels, souvent très zélés quand il s’agit de dénoncer les fachos franco-européens du coin, font presque la promotion de l’idéologie de la « nation of islam », au nom d’un certain antiracisme radical et prétendument décolonial.

Les fauteurs de guerre le font fréquemment au nom d’une certaine idée de « la communauté de destin », ou autres fadaises de ce genre. À la vieille de la 1ʳᵉ guerre mondiale, l’archiduc d’Autriche fut assassiné par un nationaliste serbe. Cet évènement a par la suite provoqué, du fait des jeux d’alliance à travers toute l’Europe, la grande boucherie de 14-18. L’un des arguments de la France et de l’Angleterre était la défense du faible contre le fort, en l’occurrence le soutien à la Serbie face à l’empire Austro-hongrois et l’Allemagne. La bourgeoisie, en usant d’une propagande intense qui représentait systématiquement les Allemands comme des barbares assoiffés de sang, a réussi à rallier les sociaux-démocrates et même certains anarchistes à son union sacrée contre son voisin germanique.

Chaque pays se sentait dans son bon droit, et c’est toujours au nom d’une noble cause noble qui en réalité est un authentique impérialisme qu’ils envoyaient leur peuple à l’abattoir. Les enjeux financiers étaient importants, et certains en ont profité pour amasser des fortunes colossales pendant la 1ʳᵉ guerre mondiale. Il faut ne pas oublier que les guerres sont aussi des occasions de pillage et de rapines, et l’industrie tourne à plein régime pour ravitailler les armées et soutenir l’effort de guerre.

L’actuelle guerre en Ukraine, comme tant d’autres avant, se joue aux dépens des populations, ils s’y affrontent des puissances capitalistes aux intérêts divergents. Il est évident que la Russie voyait d’un mauvais œil l’expansion de l’OTAN aux portes de ses frontières. L’Ukraine est surtout un territoire géo-stratégique particulièrement important. Il est donc logique que beaucoup de monde convoite cette zone géographique. Prétextant une forte concentration de mercenaires néonazis (des nazis tout court en fait), la Russie a alors envahi l’Ukraine (toujours pour des nobles idées...). Ce qui a fait fantasmer certains de nos antifascistes locaux divisés entre les pro-Poutine et les pro-Zelensky, c’est vraiment lamentable.

À la télé, dans les journaux, ils professent tous leur rejet la guerre, mais souhaitent en même temps la victoire de l’Ukraine. Ils demandent pour ce faire qu’on lui livre davantage d’armement, voire que l’on y envoit des militaires français. Présentant le simple militaire russe comme un assassin et un barbare sanguinaire (tiens, tiens...).

La question est pourquoi la Russie, s’est-elle lancée dans une opération, dont les conséquences seront catastrophiques, y compris pour elle ? Et surtout quel est son intérêt ??
Il arrive parfois, pour un état, que lancer une guerre, peut paraître être la solution la plus pragmatique. Poutine est certainement un nationaliste, mais il n’est pas fou et quoiqu’on en dise, il ne gouverne pas seul. La logique des classes dirigeantes, leurs intérêts divers et variés, n’ont généralement rien de commun avec ceux des prolétaires. L’idée d’appartenance à une nation, d’une communauté de destin, au sein de la population est bien pratique, pour masquer ses divergences et amener les exploités à combattre pour défendre les intérêts de leurs propres exploiteurs.
L’invasion de l’Ukraine a probablement été planifiée des années à l’avance, les états-majors, ont toujours des plans sur des situations les plus variées. Il n’est pas sûr que cette opération militaire ait été véritablement choisie, mais plutôt brandie comme une menace dans le concert des nations. Ou tout du moins dans un premier temps.

À l’heure où la guerre en Ukraine fait rage et les nationalismes sont exacerbés, en occident on nous somme de prendre parti pour le régime ukrainien. En réalité, il ne vaut guère mieux au niveau de saloperie et d’arbitraire vis-à-vis de l’ukrainien de la rue, que son puissant voisin envers le Russe moyen. En Russie, il est déconseillé de désapprouver cette guerre de quelques manières que ce soit, sous peine de prison. Les militaires russes qui opèrent en Ukraine viennent pour la plupart d’entre eux des régions les plus pauvres de Russie, où les taux de chômage sont particulièrement hauts. C’est une vieille recette qui fonctionne toujours, les prolétaires servent de chair à canon, pour les puissants, les industriels et les commerçants de tout pays quel qu’il soit.
Des deux cotés de la frontière, le service militaire est obligatoire et les femmes attaquent les bureaux de recrutement. Beaucoup de soldats Russes et Ukrainiens désertent, soutient à eux.

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