AIT : 100 ans de luttes … et on continue !

Publié le 7 janvier 2023

Il y a exactement 100 ans, du 25 décembre 1922 au 2 janvier 1923, des délégués ouvriers venant de tous les continents se réunissaient à Berlin pour fonder l’Association Internationale des Travailleurs (AIT). Reprenant le flambeau de la Commune de Paris et de la Première Internationale anti-autoritaire, s’appuyant sur leurs expériences acquises par leurs participations actives aux révolutions mexicaine, russe, ukrainienne, allemande ou italienne des années 1920, pionniers de l’anticolonialisme naissant, ils posaient les jalons d’une nouvelle doctrine d’action révolutionnaire, l’anarchosyndicalisme. Ayant comme finalité le communisme libertaire, ils établirent leur organisation de lutte révolutionnaire internationale sur les principes de fédéralisme, d’autonome, égalitaire et solidaire, d’action directe et de rejet non seulement de l’État et du Capitalisme, mais aussi de toute organisation politique.

Cent ans après, le Capitalisme est toujours là, ravageant la planète et les humains. Les États sont plus puissants que jamais, étendant toujours plus leurs capacités mortifères et guerrières. Les politiciens continuent de nous endormir, nous matraquer et nous éborgner quand nous ne faisons plus semblant de les croire. Alors que l’Humanité est confrontée à une menace existentielle, les principes et les tactiques de l’anarchosyndicalisme sont-ils toujours d’actualité en ce début de XXIᵉ siècle ? Guerre en Ukraine, misère sociale, désastres écologiques, exploitation des êtres humains… concrètement quelles sont les propositions des anarchosyndicalistes d’aujourd’hui pour agir, du niveau local au niveau global.

C’est notamment sur ces questions que les délégués du 28ᵉ Congrès de l’AIT ont débattu, du 5 au 11 décembre 2022 à Alcoy (Espagne), dans une salle remplie d’histoire, puisqu’elle fut le lieu de création de la section espagnole de la Première Internationale en 1873.

Car 100 ans après, déjouant tous les pronostics et les oiseaux de mauvais augures qui annoncent tels des perroquets sa disparition tous les 10 ans, l’AIT est toujours là. Elle a survécu à toutes les répressions, tous les exils, toutes les tentatives d’annihilation, de la Patagonie jusqu’au Japon, des camps de concentration nazis jusqu’aux goulags communistes, et même l’intégration via l’argent et la corruption, poison le plus mortel de tous auquel ont succombé bien des syndicalistes mêmes « révolutionnaires » …
Pendant 5 jours, dans cette ville industrielle en crise d’Espagne, où l’on sait ce que signifie la dignité ouvrière et la solidarité de classe, s’est retrouvé ce petit concentré d’humanité venant de 4 continents, échangeant dans toutes les langues de la terre… et même en esperanto, sans considération identitaire d’aucune sorte. L’AIT est bien vivante, elle est même en croissance comme sont venus nous le dire les compagnons d’Indonésie, du Pakistan, d’Australie, du Chili ou de Colombie. Et même en Europe, puisque nous avons eu le plaisir d’accueillir les compagnons irlandais d’Organize dans la grande famille internationale de l’anarchosyndicalisme.

Indéniablement, l’anarchosyndicalisme, ses principes et des modes d’actions sont plus d’actualité que jamais. Le syndicalisme institutionnel n’en finit plus de sombrer dans la corruption avec les patrons et les puissants. L’inculpation de Luca Vicenti, secrétaire générale de la Confédération Syndicale Internationale (l’internationale commune à la CFDT, la CFTC, la CGT et FO) dans le cadre du Qatargate en est la parfaite illustration.

Les travailleuses et les travailleurs ont bien compris qu’ils n’ont rien à attendre des syndicats institutionnels. Les résultats aux récentes élections professionnelles dans la fonction publique, dont la CNT-AIT fut le seul anarcosyndicat à appeler au boycott, parlent d’eux même. Reste maintenant à traduire cette distanciation vis-à-vis des syndicats en un mouvement pour reprendre les luttes. À l’image de la grève actuelle des contrôleurs de la SNCF, lancée par un collectif autonome de travailleurs, auto-organisés, refusant de jouer le jeu de la représentativité et du spectacle médiatique en refusant de parler aux journaux. Christophe Barbier, le fameux chroniqueur ultralibéral de BFMTV, ne s’y est pas trompé « c’est le retour de l’anarchosyndicalisme, cette doctrine basée sur la pensée de Bakounine, qui utilise l’action directe, et refuse toute médiation syndicale entre le patron et les travailleurs ».

100 ans après, les principes et les tactiques de l’AIT ne seraient donc pas tout à fait morts… Alors que s’annonce une réforme des retraites qui va être saignante contre les travailleurs et les travailleurs, à nous d’amplifier le mouvement pour qu’enfin, nous passions des défaites syndicales défensives successives depuis 50 ans à une offensive massive et inventive. À toutes les travailleuses et les travailleurs qui n’ont pas complètement perdu espoir, la CNT-AIT leur ouvre les bras : rejoignez-nous !

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