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Accident du travail

Publié le 1er juillet 2023

Dans l’industrie, et en particulier les métiers d’ouvrier, tôt ou tard, nous sommes confrontés à un accident du travail, plus ou moins grave, plus ou moins bénin, parfois la mort, quelquefois des maladies liées évidemment à nos professions, souvent en rapport à une très grande demande de production. Sur mon lieu de travail, nous avons régulièrement une sensibilisation aux accidents de travail, qui va du simple bobo à des accidents beaucoup plus grave, avec toujours cette sensation d’être culpabilisé d’avoir provoqué délibérément nos accidents. Tout est affiché sur un tableau qui énonce tous les accidents du groupe industriel ici France, mais aussi à l’étranger. Récemment, un collègue de la maintenance a failli mourir d’un accident de travail, faute d’une négligence administrative de la direction, et bien entendu, cet incident n’a pas été relaté dans le grand tableau de sensibilisation aux accidents qui coûte, paraît-il, si cher à l’entreprise. Ce qui est tout de même fatigant, et énervant, c’est cette impression que nos vies ne sont tenues en compte qu’en fonction de perte ou d’entrée d’argent, et ces fameuses sensibilisations ne sont en réalité qu’un moyen supplémentaire de nous mettre la pression, et qu’importent les moyens l’important est que ça n’affecte pas la production.

Comité d’Usine n°1 : Bulletin d’info des travailleurs de l’aéronautique et de la métallurgie

D’après le très sérieux institut qu’est l’INSEE, en 2018, les ouvriers seraient les victimes principales et représentent environ 40% des accidents du travail, suivie des agriculteurs qui eux représentent 32%. Ce qui fait tout de même beaucoup !

Ces accidents sont plus fréquents chez les hommes, qui sont généralement exposés à une accumulation des conditions pénibles (bruit, stress...), et aux types de profession exercés, les jeunes travailleurs débutants et parfois les apprenties, sont en première ligne, et dans les trois quarts des cas, l’accident contraint les personnes à un arrêt de travail d’au moins une journée. Un cas sur cinq, un arrêt de travail de plus de trois mois est nécessaire. Il semblerait également que plus la carrière est avancée, et plus le risque d’avoir été blessé dans un accident de travail est élevé, ainsi entre 55 et 59 ans, une personne sur trois signale un accident sur l’ensemble de sa carrière, contre seulement un jeune de moins de 30 ans sur cinq. On peut trouver toutes sortes de graphiques sur les sites de l’INSEE ou de L’ASSURANCE MALADIE avec des rapports sur les accidents de travail parfaitement imbitable, ou le chiffrage des victimes du travail varie d’un institut à l’autre, tous avec des chiffres et des sources, mais en attendant ce sont nos vies qui sont en jeux sur l’hôtel de la rentabilité. Régulièrement, des hommes et des femmes meurent au travail, ont des accidents handicapants, ont des maladies diverses et variées, sans que ça fasse la une des journaux de référence. La précarisation et le travail dérégulé, tant chéris par ces grands journaux, ces politiciens, ces grands patrons qui au passage sont aussi pour un certain nombre d’entre eux, des grands admirateurs du système capitaliste chinois et forcément tout ce qui va avec, ce qui est plutôt inquiétant pour notre futur.

Que les choses soient claires, quand un ouvrier (et toutes sortes de salariés d’ailleurs) entre dans une usine ou un chantier, il doit avant tout s’adapter aux conditions de travail qu’on lui offre. Ces conditions ne sont pas forcément optimums puisque pour l’employeur, lui, il fait un investissement sur la personne qu’il embauche, et comme tout investissement, il ira au moins cher, et la sécurité aussi est un investissement et qu’il aura tendance à suivre la loi du capital, c.-à-d. le moins cher pour un profit maximum.

On entend parfois le discours qui dit, qu’à notre époque, avec l’évolution technologique, les métiers d’ouvriers sont moins pénibles que du temps de nos grands-père. Certes le travail a évolué, mais il va aussi plus vite, et si la machine va vite, le travailleur est obligé de s’adapter à la machine, et pas l’inverse, ce qui suppose beaucoup d’accident, mais qu’importe pour Renault ou Peugeot, un travailleur dans l’automobile aujourd’hui est beaucoup plus productif, qu’un ouvrier de l’automobile d’il y a 50/60 ans, et avec un effectif bien moins nombreux. Du tout bénef pour l’industrie automobile.

Le travailleur, le salarié ou l’ouvrier, appelons-le comme nous voulons, ne vend rien d’autres que sa force de travail, et qu’il le veuille ou non, à l’usine ou sur un chantier, ce n’est qu’un ouvrier, qui doit travailler, donner du rendement, cracher de la valeur, suer du capital. Sur le lieu de travail, il n’est pas à égalité avec la direction, contrairement ce que voudrait nous faire croire la télé. Le travailleur, l’ouvrier, n’est libre de rien et n’est propriétaire de rien, même pas de ce qu’il manipule, et la « démocratie » il l’a laissé au portail de l’usine. Il n’est là que pour donner des matières premières à des machines qui produisent de la valeur, et qui restent la propriété du patron. Et, le reste de nos temps libre qui nous est offert, nous le partageons en bière, foot, télé, nourriture, nos prêts bancaires, nos vacances... Et, nous sommes en réalité libres de rien, ou plutôt libre de vendre notre force de travail, ou alors libre de mourir de faim.

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