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Un printemps d’Assemblées Populaires

Publié le 13 juin 2011

Ce numéro de « Un autre futur » est consacré au mouvement des assemblées populaires. Ces assemblées, se sont développées en France à la suite des assemblées identiques qui ont secoué - et qui continuent de secouer au moment où nous imprimons ce numéro - l’Espagne.

Dans un premier temps, nous avons voulu simplement, et malgré le format limité qui est le nôtre, rendre compte de ce qui s’ est passé.

Nous reviendrons bien sûr, avec des analyses, sur cet important sujet dans le prochain numéro d’ « Anarchosyndicalisme ! ».

Mais, d’ores et déjà, nous constatons que les assemblées populaires ont signé une importante rupture avec les formes de lutte (ou plutôt d’absence de lutte) managées jusqu’à présent par les partis politiques et les syndicats . Elles marquent, nous l’ espérons, le début de la fin du repli sur soi et le renouveau des luttes à la base.

Communiqué de la CNT-AIT d’Espagne

Appel à l’abstention, appel à la mobilisation et à la lutte

Les rassemblements massifs et les campements qui, depuis le 15 mai, ensemencent les places des villes et des villages constituent un exemple pertinent des capacités d’organisation que le peuple possède quand il décide d’être l’acteur de sa propre vie, quand il dépasse l’apathie, la résignation et l’absence de prise de conscience, quand il affronte les multiples problèmes dont nous souffrons, nous qui constituons la population (travailleurs, chômeurs, étudiants, immigrés, retraités, précaires…), quand il construit des alternatives.

Le mode d’organisation développé dans ces mobilisations met en évidence la viabilité de la participation directe dans les assemblées lorsqu’il s’agit de prendre des décisions qui structurent nos aspirations et nos revendications et qui nous font dépasser les positions individualistes. Nous devenons ainsi des protagonistes, nous cessons d’être les spectateurs d’un système basé sur la délégation et la représentativité qui écrase notre personnalité. Les assemblées, les tours de parole, les commissions de travail, la responsabilité, la capacité, l’organisation, l’autogestion, la coordination, l’implication et la clarté sont les crans qui font tourner cet engrenage, capable de défier les institutions, de soulever des questionnements, de provoquer un débat public que la campagne électorale [1] et les messages répétitifs des médias ont éclipsés.

Les espoirs générés par ces mobilisations massives ne doivent pas faire oublier que des partis politiques, des syndicats et des associations tenteront d’instrumentaliser le mouvement, de le dompter et de le diriger, car ils ont encore plus peur que le gouvernement de perdre le peu de légitimité qu’il peut leur rester. C’est aussi avec cette pensée qu’il faut analyser en profondeur les propositions et les messages qui émanent de cette mobilisation. Dépasser le bipartisme et modifier le Code électoral, comme le proposent certains, ne nous fera pas plus libres, ne favorisera pas la souveraineté de chaque individu. Sur ce constat, les revendications se centrent déjà sur d’indispensables changements sociopolitiques. Cependant, il y a encore des carences, elles concernent les propositions à faire dans le milieu du travail et ainsi que la dénonciation claire et explicite du rôle de collaboration que jouent les centrales syndicales institutionnelles dans l’actuelle « Réforme du travail », les EREs et les destructions d’emploi.

Depuis le 15 mai, la désobéissance est l’élément fondamental, caractéristique, de toutes les mobilisations et toutes les protestations. Désobéissance qui défie, une fois de plus, la répression et les tentatives d’interdiction des campements par les Délégations gouvernementales [2] et les Gouvernements de région. Désobéissance qui renforce encore plus la participation, l’implication et la prise de conscience de la nécessité de nous organiser. Ainsi bat un pouls collectif qui démontre la force renversante que nous atteignons quand nous nous associons et quand nous décidons de ne pas céder sur nos revendications. Un battement dans nos cœurs qui fait éclater un réveil des consciences, qui nous fait réagir, étendre la mobilisation, la solidarité et dépasser cet élément neutralisateur de la lutte qu’est la peur.

N’importe quelle nuit le Soleil peut se lever [3] sur cette place ou nous rendons palpable, par la pratique, que non seulement il est possible de nous associer, de nous unir et de luter pour changer notre présent le plus immédiat mais aussi pour élever, par l’auto-organisation, les piliers d’une société sans pouvoirs, sans inégalités, sans répression et sans délégationisme. Le 22 mai, avec plus de conscience et de clarté que jamais, répondons par l’abstention. Nous avons démontré par nous- mêmes que la classe politique ne nous représente pas et que nous n’en avons pas besoin.

La CNT poursuit sa participation au mouvement et appelle à la mobilisation permanente, à la lutte comme seul moyen pour résoudre les problèmes dans tous les aspects de la vie.

Continuons à construire, continuons à désobéir. La protestation continue, de jour comme de nuit.

Secrétariat d’action sociale,

SP, Comité confédéral CNT

Traduction, CNT-AIT de Toulouse