Un Autre Futur n°158
Publié le 15 avril 2018
Occupation et blocage d’université
Pas la peine de revenir sur cette loi républicaine qui donnerait trop d’importance à ceux qui l’ont votée, car comme toutes les lois des élites étatistes elles n’ont d’intérêt que pour ceux qui les écrivent. Mais restons concentrés sur les méthodes de lutte.
Si occuper, bloquer des facs, est le résultat des jeunes qui s’organisent en assemblées générales (AG) et décident ensemble des
moyens et des buts à atteindre par l’intermédiaire de cette lutte, il me semble essentiel de se poser les bonnes questions : pourquoi bloquer, pourquoi occuper et comment ? En tant qu’anarchiste révolutionnaire, c’est seulement à
travers un projet révolutionnaire que le sens de la lutte doit être déterminé…
Si on occupe une fac pour organiser une réunion non-mixte et non-blanche autant rester chez soi, car diviser les gens n’a jamais été révolutionnaire, surtout en raison d’attributs biologiques, mais vu que le militantisme est à moitié bouffé par les postmodernes, on pouvait s’attendre à ce que cela arrive et ce fut le cas à la ac de Jean-Jaurés (anciennement Mirail).
Il est clair que ce type de réunion n’a aucun intérêt pour la classe laborieuse qui doit plus que jamais se réunir sans aucune distinction, si ce n’est de classe.
Les intérêts des étudiants seraient mieux défendus et le mouvement aurait une direction plus révolutionnaire s’il parvenait à organiser de vrais débats de fond tel que l’État, le capital, l’exploitation et la domination capitaliste,... Une fac vivante que la masse des étudiants veut réapproprier.
Une fac bloquée par une minorité, c’est une fac morte, c’est pourquoi en mon sens
la lutte des facs n’a rien de révolutionnaire ; mai 2018, mai 1968, c’est pour les doux rêveurs, la réalité, c’est par nos actes qu’elle se définit. Maintenant, ce sont les experts de la lutte qui ont en main leurs outils, leurs AG biaisées, où l’on sélectionne, où tout se décide à l’avance, ces mêmes « profs de lutte », qui sont déjà en train de se féliciter de leurs actions, mais ne prennent pas le recul suffisant par rapport à leur incohérence. Le projet de loi n’est pas plus dangereux pour les étudiants qu’il ne l’’est pour leur avenir.
Si le mouvement arrive à dépasser ces « profs », à utiliser d’autres méthodes, alors la lutte aura une chance de prendre un sens révolutionnaire. Cela ne voudra pas dire que ça sera gagné, mais au moins ça ressemblera à un mouvement que l’on n’aura jamais vu auparavant, alors oui, peut-être que les générations futures parleront d’un mai 2018.