Sabotage 2023
Publié le 9 décembre 2023
Il n’y a pas si longtemps, avant la première guerre mondiale, la CGT considérait le sabotage comme un instrument de pression très efficace pour faire céder les patrons récalcitrants, plus efficace même que les grèves partielles. À plusieurs reprises, des congrès confédéraux de la CGT ont validé cette technique de lutte et l’ont même recommandé. « A mauvais salaire, mauvais travail » fut pendant longtemps un mot d’ordre très en faveur parmi les militants syndicaux.
À cette époque, Emile Pouget, secrétaire adjoint de la CGT, publiait une brochure intitulée le sabotage pour expliquer son intérêt, des tracts syndicaux étaient diffusés expliquant les méthodes de sabotage, et des campagnes locales ou nationales de sabotage, par exemple dans les Postes et télécommunication en 1909 pour s’opposer à des licenciements, lors de campagnes antimilitaristes, etc. Ces méthodes semblent appartenir à un passé très lointain, car aujourd’hui, les directions des grandes confédérations syndicales ont sacralisé l’outil de travail appartenant aux capitalistes et poussent les hauts cris chaque fois que le mot de sabotage est évoqué. Le sabotage est aujourd’hui si discrédité, bien que cette tactique syndicale ait lors de très nombreuses luttes prouvées son efficacité, qu’il ne faut pas s’étonner si, en désespoir de cause, certains prolétaires en sont, pour faire valoir leurs droits, amené à « saboter leur propre corps ». La morale ouvrière distillée par les confédérations leur interdisant de s’attaquer à la propriété du capitaliste, ils en sont réduits à saboter la seule chose dont ils sont propriétaires, leur outil de travail, leur propre corps.
Pour illustrer notre propos, nous avons trouvé sur internet ce récit d’une lutte menée par un GJ soutenu par l’Union des Travailleurs et Travailleuses anti-autoritaire de Pezenas ; Précisons que ce groupe de compagnons n’est pas adhérent à la CNT AIT, mais clairement, à la lecture de leur site internet, nous partageons beaucoup de choses avec eux.
Après 2 jours et demi de grève de la faim, Seb, G.J de Béziers et adhérent de l’Union des Travailleuses et Travailleurs Anti-autoritaires, a enfin eu gain de cause concernant le non versement du paiement depuis 2 mois de son dû par la CPAM.
Indigné par la situation et désespéré face à l’inhumanité de cette machine marchande, Seb avait décidé de passer à l’action en mettant en danger sa santé, son intégrité physique et morale. Écœuré par l’injustice qui touche des milliers de travailleuses et travailleurs invalides (en incapacité de travailler), il a campé sur le parvis de la mairie de Colombiers (34) pour rendre visible sa situation, mais aussi pour contester la gestion artificielle de nos existences par la dictature des algorithmes.
Pendant ces quelques jours, la détermination de Seb et le soutien par les compagnons et compagnonnes, des proches ou bien parfois de simples passants et voisins, ont démontré la force de l’action directe et de la solidarité face aux représentants des institutions étatiques, comme le maire ou le médecin, qui se précipitèrent surtout pour sauver leur image et ne répondre qu’à moitié aux revendications et aux besoins urgents du compagnon.
La bureaucratie n’a pas d’âme, mais elle tremble quand ; comme dirait seb :" on met un coup de pied dans la fourmilière !"
Merci pour votre attention et votre soutien, on ne lâche rien !
Pour en savoir plus sur le sabotage et son histoire, nous recommandons :
- Le Sabotage d’Émile Pouget brochure disponible à la CNT AIT (en pdf sur ce site)
- Histoire du sabotage des traine-savates aux briseurs de machines Victor CACHARD éditions Libre
- Emile POUGET et la révolution par le sabotage Victor CACHARD éditions Libre