Réarmons... le monde du travail !
Publié le 10 mars
Cette injonction est à la mode ; nos gouvernants l’emploient à tout propos. Réarmement militaire,
réarmement de l’éducation, réarmement industriel, réarmement démographique, moral etc,
Il faut dire que les temps sont guerriers, et lorsque le moment sera venu, pas un bouton de guêtre ne doit
manquer, et les esprits doivent être préparés.
Reconnaissons que nous vivons un moment particulier : jamais nos sociétés n’ont été menacées par autant de périls qui sont autant de dangers mortels : réchauffement climatique, effondrement de la bio diversité, épuisement des ressources, empoisonnement des milieux dus à des pollutions diverses et risques très sérieux de conflit majeur. L’avenir est à tout le moins incertain.
Bien entendus, les gouvernements, pour sortir de cette spirale infernale, mettent en place depuis plusieurs années des programmes dont l’efficacité est, c’est le moins qu’on puisse dire, douteuse. Le réchauffement climatique s’accélère, la biodiversité continue à s’effondrer, l’empoisonnement des eaux, des terres et de l’air continu et ce ne sont pas les dernières mesures du gouvernement français qui vont inverser cette tendance. Enfin, pour faire face au risque de guerre, tous les états ont lancé des programmes de réarmement massifs.
Seuls les industriels du secteur de l’armement sont à la fête ! Il n’y a aucune raison de s’inquiéter si l’on en croit nos dirigeants. C’est un réflexe bien connu que l’approche de la faillite incite les dirigeants d’une entreprise ou d’un état dans cette situation à se lancer dans des projets de plus en plus hasardeux, de plus en plus scabreux. Ils espèrent le miracle, tentent le tout pour le tout et généralement ne font ainsi qu’aggraver les choses et précipiter la catastrophe annoncée.
Le jeu auquel jouent les dirigeants des grandes puissances, ressemble de plus en plus à ce scénario ; les maîtres du monde sont prêts à tout pour conserver leurs prérogatives et les signes ostensibles de leur puissance ; peu leur importe le sort des populations pourvu que leur statut de dominant ne soit pas ébranlé.
Si l’économie capitaliste continue à fonctionner, si les profits des multinationales n’ont jamais été aussi élevés, si la bourse n’a jamais été aussi haute, ce n’est au final qu’apparence.
Car ce système exaltant et sans limites, cette course à la puissance et à la richesse, qui fait du bonheur et de la liberté de simples conséquences de la richesse (Particuliers ou états, plus nous accumulons de richesses, plus, prétend-il, que cette accumulation nous rendre libres et heureux).
Mais ce système est miné par ses contradictions : une croissance éternelle dans un monde fini est une impossibilité rationnelle.
Les règles du capitalisme font de chaque individu le concurrent de tous les autres, elles nient les valeurs de solidarité et d’entraide, divisent la société en classes antagonistes (classe des exploités contre classe des exploiteurs), et entretiennent entre les États-nations une guerre économique et/ou militaire permanente. Enfin, et ce n’est pas le moins terrible, les sociétés humaines sous l’emprise de l’idéologie marchande mènent depuis plusieurs siècles une guerre sans merci à la nature.
Depuis plusieurs siècles, de nombreux penseurs ont dénoncé les méfaits de ce système en montrant son caractère fondamentalement injuste, inégalitaire et mortifère. L’effondrement des grands écosystèmes naturels qui sont à la base de la vie sur terre, prouvent suffisamment aujourd’hui, que ces choix nous conduisent inéluctablement dans une impasse, bref, qu’il est absolument suicidaire.
La nécessité d’abolir ce système et ses règles, solution préconisée par tous les penseurs révolutionnaires du XIXᵉ siècle, est devenue aujourd’hui un impératif absolu.
Si ce constat peut être aujourd’hui largement partagé par toute personne sincère et consciente, la question de savoir comment organiser la société à venir, définir ces fondements pour la construire, paraît beaucoup plus difficile ?
En réalité, cette problématique est celle qui se pose à l’humanité depuis les débuts du néolithique, depuis l’apparition des premiers états. À partir du moment où les collectivités humaines ont choisi d’abandonner à certaines catégories de personnes, prêtres, rois, dictateurs, aristocrates ou simples représentants, le pouvoir de décider de ce qui est bon pour la collectivité, d’imposer leurs lois, ces collectivités humaines ont perdu la maîtrise de leur destin. La classe des nouveaux maîtres a confisqué le pouvoir à son profit privilégiant
systématiquement ses intérêts immédiats, par l’accumulation de richesses, assouvissant le désir de conquêtes et de domination – volonté de puissance et jouissance des egos – sacrifiant ainsi les intérêts de la collectivité. Les catastrophes qui s’annoncent ne sont que la conséquence de ces abandons.
Aujourd’hui, l’humanité toute entière est obligée de choisir :
- Soit de continuer sur la même voie, de faire confiance encore et toujours à des beaux parleurs qui dès lors, prenant prétexte des nécessités tant guerrières qu’écologiques, exigeront par la force ou la terreur des mesures de contrôle social, de restriction des libertés et de réduction du niveau de vie au moins pour les classes laborieuses. C’est sur cette voie que d’ores et déjà le gouvernement français actuel s’est engagé.
- Soit d’instaurer une coupure radicale avec la réalité présente, et se lancer dans la construction d’un monde absolument nouveau, qui, abandonnant le culte de la marchandise, du pouvoir et de la puissance, se donnera pour mission essentielle d’assurer à chaque individu les moyens de son épanouissement.
Dans cette société, la qualité d’une vie ne se mesurera plus à la quantité des biens accumulés, mais à la qualité des liens sociaux développés.