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Ici et là-bas

Publié le 6 mars 2009

L’état de misère que connaît l’écrasante majorité de la population antillaise est une démonstration supplémentaire de la réalité que nous subissons tous.

C’est pourquoi chacun reconnaît dans les motifs de la grève et du mouvement qui l’accompagne des causes qui lui sont familières. L’exploitation subie partout sur la planète a la même origine : le capitalisme et son bras armé, l’Etat. Aux Antilles, l’Etat, au nom du peuple français, agit depuis toujours avec le plus grand cynisme. Ainsi, lorsqu’il fut contraint d’affranchir les esclaves, il alloua de fortes indemnisations. Pas aux esclaves libérés. A leurs anciens maîtres, pour les dédommager du "manque à gagner" que constituait pour eux cette perte de chair humaine ! C’est comme si les nazis avaient été indemnisés à la fermeture des camps de concentration ! Depuis, 95% de l’économie est détenue par les descendants des anciens esclavagistes, toujours protégés et engraissés par ce même État.

En 2009, l’indifférence de l’Etat aux problèmes des populations est toujours aussi marquée. Les évènements de Guyane (novembre 2008) ont été pratiquement passés sous silence en métropole (et cela, alors même qu’ils étaient interclassistes). Ceux de Guadeloupe ou de Martinique n’ont été relayés qu’après plusieurs semaines de lutte. Nombreuses ont été les personnes qui ont fait remarquer que le mari de la chanteuse, toujours prompt à se "rendre sur des lieux" où il ne se passe rien, a soigneusement évité de se rendre là où il se passait quelque chose. Ni courageux ni encore moins téméraire il attend, dit-il, que ça se calme pour aller s’y promener. Belle illustration de la stratégie choisie par l’Etat, les patrons et de leurs alliés : celle du mépris et du pourrissement, avec, en réserve une dose de répression si besoin est.
Faut-il, dans ces conditions, s’étonner de la nouvelle manœuvre dilatoire dont se sont rendus coupables partis et syndicats ? Le P.S. déclare "craindre" que la situation déborde en métropole, alors qu’il faudrait que la protestation se généralise. La C.G.T. (dont les militants sont impliqués là-bas manifestement contre l’avis des têtes dirigeantes d’ici) ne proteste que du bout des lèvres et ne trouve pas mieux à faire, plusieurs semaines après le début de la lutte, que d’organiser petitement une manifestation plan-plan, comme si ce qui se passait là-bas était tout à fait exotique et n’avait à voir que de très, très loin avec ce qui se passe ici. Or, c’est directement le même Etat et le même patronat qui sont aux responsables des situations ici comme là-bas. Aussi, une bonne pression ici aurait eu des conséquences directes là-bas... et ici aussi d’ailleurs. Mais, c’est exactement ce dont ne veulent surtout pas les organisations syndicales et politiques qui auraient les moyens d’exprimer la solidarité en acte, en déclenchant par exemple une grève nationale. Pourtant, nous aurions tous tant à gagner à soutenir les mouvements qui se passent Outre-mer, et tant à apprendre de la façon dont ils se mènent.

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