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Logement un droit bafoué en permanence

Publié le 14 mars 2012

  Habitat-Paris : la police des HLM

Ces derniers mois, deux scandales ont touché l’organisme HLM Habitat Paris. Ils
mettent en lumière la gestion catastrophique de cet organisme semi-public et
plus largement le traitement que subissent les plus défavorisés.
Tout d’abord, le 27 octobre dernier, un accident d’ascenseur a fait 3 blessés graves
 : une maman et ses deux enfants de 4 et 6 ans, dont un a frôlé la mort.
L’ascenseur a dévalé 5 étages ! Ce qu’il y a de particulièrement scandaleux, c’est
qu’Habitat Paris avait été alerté plusieurs fois du dysfonctionnement de l’appareil
mais n’avait pas réagi. Le 20 juin 2011, un habitant lui a adressé un « mémo de communication
 » car l’appareil s’était arrêté en dessous du niveau normal. Le 27 juillet, plusieurs
locataires avaient adressé une pétition à Habitat Paris pour dénoncer des « pannes
récurrentes » et demander la réparation de l’appareil ainsi qu’un audit pour trouver
les raisons de ces pannes... Bien que la sonnette d’alarme ait été longuement tirée,
Habitat a fait la sourde oreille, enregistrant les plaintes sans y donner suite. Habitat
Paris et la société chargée de l’entretien des ascenseurs se renvoient maintenant la
balle : une succession de mensonges pour l’un, des communiqués ayant pour but de
se décharger de toute responsabilité pour l’autre. L’absence de considération pour les
habitants est écoeurante. Après l’accident, Habitat n’a rien trouvé de mieux que de
tenter de détourner l’attention de l’opinion publique en portant plainte contre X !

Plus récemment, après avoir été alertée par des associations de locataires, la
Commission nationale informatique et libertés (la CNIL, l’organisme officiel chargé
de veiller au respect de la vie privée dans le domaine des données liée à l’internet) a
mis à jour un fait non moins scandaleux. Ce scandale porte désormais le nom de
« L’affaire Habitat Paris ». Il s’agit de l’existence, au sein de cet organisme, d’un fichier
listant avec précision des faits concernant la vie privée des locataires !

Il existe, le plus légalement du monde, un fichier informatisé, dit « compte locatif »
qui regroupe un certain nombre d’informations sur les locataires. Ce fichier n’est
donc pas illégal, mais il découle néanmoins d’une logique de contrôle social qu’un
anarchosyndicaliste ne peut que condamner. Mais cela ne suffisait pas pour Habitat
Paris qui n’a pas hésité à pulvériser les limites de la vie privée. Aux mentions autorisées,
le fichier d’Habitat Paris a ajouté, sans complexe, des informations portant
atteinte à la vie privée, parfois à la vie intime, des locataires avec des jugements très
subjectifs comme : « Personne très difficile à vivre », « Alcoolique », « N’est pas de nationalité
française
 », «  Séropositif », «  Dépression, hôpital psychiatrique », « Fils cancer, Madame malade
des poumons
 »… Encore plus grave, les simples gérants d’immeuble avaient accès librement
à toutes ces informations dont ils pouvaient se repaître allègrement depuis leur
ordinateur portable. Ils avaient même accès aux informations concernant des locataires
des autres immeubles. Il faut préciser que c’est la première fois que la CNIL
rend public le résultat d’une de ses enquêtes. Et ceci en raison de la gravité des faits
et du nombre de locataires touchés. Pourtant Habitat Paris continue a affirmer que
ce ne sont que des cas isolés (et cela en dépits des évidences et des preuves fournies)
tout comme il ose affirmer que tout ça, c’était pour le bien des locataires : « Quelques
salariés, affirme le communiqué d’Habitat, dans l’intention bienveillante d’avoir un suivi
attentif et adapté, ont cru bien faire en enregistrant (...) des informations données par des locataires
qui exprimaient un besoin d’aide sociale.
 ». Intention bienveillante, quand on stigmatise
un locataire en le traitant d’alcoolique ? Souci d’apporter une aide sociale, quand des
personnes sont indiquées « pas de nationalité française  » ? Permettez-nous d’en douter !
Pour se dédouaner, Habitat se pose de nouveau en victime : « Ces enregistrements,
[auraient été] effectués sans qu’aucune instruction n’ait été donnée en la matière, … », par des
salariés de base. Et personne, dans la ribambelle de chefs que nourrissent les sociétés
d’HLM, ne s’est jamais rendu compte ? Et vous pensez qu’on va avaler ça ?

Le comble, c’est, qu’à ce jour, malgré la gravité des faits, Habitat Paris et la Mairie
socialiste de Paris sa partenaire, ne sont menacés d’aucune sanction.

La CNIL demande seulement une mise aux normes d’ici deux mois. La vie privée
des pauvres ne vaut vraiment pas grand chose aux yeux des institutions !

M.

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