De l’écologisme et de sa contestation
Publié le 25 novembre 2018
Nous connaissons tous cette façon qu’ont les gens d’en haut de nous faire la morale, ce qui est bon pour eux ne l’est pas pour nous, c’est d’ailleurs souvent une bonne façon de constater combien une société est inégalitaire et injuste. Ainsi un bateleur d’estrade électorale, chantre de l’ouverture des magasins les jours fériés, devenu président de la République a pu profiter du pont de la Toussaint parce qu’il était fatigué...
Un autre pondeur de lois à une cadence à faire frémir les élevages en batterie, un jour ministre, le suivant député ou sénateur de profession, s’est violemment comporté lorsqu’on a osé lui demander de respecter les règles qu’il a lui-même votées.
Nous savons tous que aussi fatiguée soit-elle, de son travail, de ses temps de transports, de gérer ses enfants, il ne suffit pas d’un claquement de doigts à une petite employée du commerce pour poser quatre jours de pont, nos savons tous qu’un justiciable lambda qui n’ouvre pas sa porte assez vite durant une perquisition se la voit défoncer à coups de bélier et doit montrer profil bas s’il ne veut pas mal finir devant le rouleau compresseur judiciaire... (ah, ce fameux bélier étonnement absent dans l’affaire de la perquisition du bodyguard faux policier !).
Ce moralisme permanent du pouvoir qui s’épanouit à force d’intimidation intellectuelle et de répression, qui comme l’écrivait déjà La Fontaine s’exerce différemment selon que l’on soit puissant ou misérable, a enfanté un sous-produit plus moderne, l’écologisme. Si pour le capitalisme le pauvre « coûte un pognon de dingue », pour l’écologisme le pauvre pue du moteur (que ne se paye-t-il pas un hélicoptère ou un jet privé comme tout le monde ?) : Disons le clairement, l’écologisme est à l’écologie ce que le moralisme est à la morale, une puissante tartufferie.
Ainsi cette même idéologie qui a obligé les travailleurs à plus de mobilité, plus de flexibilité, qui a drastiquement réduit le réseau ferroviaire, qui a abusivement augmenté le prix de l’immobilier, qui a exclu les ouvriers et leurs familles des centres urbains… vient maintenant nous faire de la pédagogie, pour nous expliquer pourquoi les travailleurs se doivent d’être mobiles mais sans automobiles ; et cela au nom d’un capitalisme qui deviendrait plus propre (de la même façon certainement qu’il devait se moraliser après la crise financière de 2008, en nous faisant payer pour les banquiers)...
L’écologisme, c’est encore cette morale d’hypocrites qui consiste à produire des injonctions de plus en plus totalitaires, c’est notre pour bien dit-elle que fleurissent les applications de délation sur les réseaux sociaux et que nous sommes invités à dénoncer notre voisin dès qu’il jette un mégot à la rue. L’écologisme augmente donc les taxes sur l’essence mais ne parle jamais d’abaisser le coût des loyers de nos centres urbains, voilà qui pourtant faciliterait la vie des travailleurs et réduirait les transports, mais non au lieu de cela les cuistres qui nous gouvernent se proposent au mieux de nous transformer en mendiants avec leurs chèques de compensation !
Dans ces conditions, il est plutôt sain qu’un vent de colère commence à se lever . Il semble que le prochain 17 novembre des mobilisations populaires auront lieu. D’aucuns qui font du syndicalisme comme d’autres nous font du moralisme ou de l’écologisme, se sont empressés de dénoncer les premiers grognements de révolte en pointant des appels venus de l’extrême droite dont certains politiciens et des groupuscules vont tenter de récupérer ce mouvement de contestation. Que les partis et syndicats de gauche leur abandonnent ce terrain nous en dit long sur l’état de ces institutions depuis longtemps vouées au contrôle social et qui de ce fait ne représentent plus grand monde dans la réalité sociale. Quant aux anarchosyndicalistes, cela fait longtemps aussi qu’ils ont choisi leur camp, celui de l’action solidaire et autonome des classes laborieuses.