Le monde va mal !
Publié le 9 octobre 2019
Il n’y a pas de jour sans qu’un média fasse un gros titre sur ce thème.
Un jour, c’est le réchauffement climatique, le lendemain l’effondrement de la biodiversité, un autre jour la « plastification » des océans, la surpopulation de la planète, l’effondrement des populations d’insectes ou les incendies géants qui ravagent l’Amazonie et l’Arctique...
Le filon de la catastrophe est vendeur alors pour varier, les médias nous parlent aussi de géopolitique : des dirigeants vaniteux et imbus de pouvoir qui se comportent comme des gamins, des guerres encore et toujours qui font le bonheur de tous les vendeurs d’armement de la planète, des réfugiés fuyant la misère dans leur pays qui se noient par milliers dans une mer sillonnée par les yachts gigantesques de milliardaires rapaces. Les raisons de déprimer, de s’angoisser ou de se révolter ne manquent pas pour n’importe quelle personne dotée de sens éthique !
Jamais sur notre planète autant de richesse n’a côtoyé autant de misère, jamais sans doute l’avenir de l’humanité n’a paru aussi sombre. L’effondrement de l’humanité est devenu un thème à la mode et des spécialistes du sujet (« collapsologues » :c’est le mot à la mode) sont les vedettes des plateaux télés. Les revues, les livres, les reportages parlant d’effondrement se vendent comme des petits pains. Et pourtant tous les jours, les gens se lèvent, vont à leur travail, et le soir allument la télé pour s’abreuver de sport, de séries ou écouter les exhortations de leurs dirigeants à se serrer un peu plus la ceinture, à faire des efforts.
Le monde va mal mais pourtant tout continue comme avant, comme si de rien n’était. Le monde se réchauffe, les calottes glaciaires et les glaciers fondent, les océans montent mais dès que les chiffres des ventes de voiture ou d’avions faiblissent, dès que la courbe du commerce mondial baisse un peu, on entend les cris d’effroi des industriels, des actionnaires, des boursiers.
Les populations d’insectes s’effondrent, la disparition des pollinisateurs constitue une catastrophe majeure , tous les scientifiques en sont d’accord, il suffirait d’interdire certains insecticides mais les lobbys veillent , trop d’argent en cause et les gouvernements refusent.
La surpopulation menace, chacun se demande comment demain nourrir 9 milliards d’êtres humains mais au moindre signe de baisse des taux de natalité les gouvernements s’alarment : qui fera tourner l’économie ? qui va payer les retraites ?
Les scientifiques déplorent la disparition des zones humides, l’artificialisation des sols et pourtant les entrepôts géants, les zones commerciales, les autoroutes, les lignes TGV se multiplient pour le plus grand bonheur des bétonneurs, des marchands, des concessionnaires…
On pourrait multiplier les exemples, à chaque fois, un mur d’argent s’oppose aux préconisations de la raison et l’on repousse à plus tard les mesures environnementales nécessaires. Les générations futures se débrouilleront. Il y a un monde entre les discours et les actes car une véritable politique respectueuse de l’environnement, au service des populations nécessiterait un bouleversement total des règles économiques. La recherche du profit maximum est la règle d’or qui détermine les choix de n’importe quel entrepreneur sur cette planète. Un industriel ou un commerçant choisit de produire un bien parce qu’il pense pouvoir le vendre et en tirer un profit financier, et parce que l’entrepreneur a des concurrents, il va tout faire pour rendre son produit le plus désirable et le moins cher possible. Il y va de la survie de son entreprise et du niveau de ses profits.
Et parce que les états sont eux aussi en situation de concurrence entre eux, la ligne de conduite de tous les gouvernements est simple : surtout ne rien faire qui pourrait avoir une incidence négative sur la croissance économique, ou qui pourrait amputer les profits des entreprises nationales. Chaque état ne voit que son intérêt et c’est pour lui la meilleure façon d’acheter la paix sociale (croissance égal emploi, rentrées fiscales, etc...) et de tenir son rang parmi les nations. C’est pour ça que par exemple, l’Europe autorise la vente de produits phytosanitaires notoirement dangereux pour la faune et les populations et c’est également pour ça que le gouvernement français a pendant des décennies autorisé la vente d’amiante alors que le caractère dangereux (résultat : des milliers de malades et de morts) de ce minéral était prouvé. On pourrait multiplier les exemples.
Aujourd’hui, l’écologie intéresse les capitalistes uniquement parce qu’elle constitue un formidable relais de croissance pour les industries et de fabuleuses perspectives de profits. Remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables ? Tant pis si on ne fait que déplacer la pollution et si le rapport entre la quantité d’énergie nécessaire pour fabriquer les outils produisant l’énergie (éoliennes, capteurs solaires ...) et les résultats (quantité totale d’énergie produite) est faible ce qui est très dommageable à moyen terme.
Imposer la motorisation électrique des véhicules ? Gigantesque. Tant pis si ce projet nécessite la construction de nombreuses centrales nucléaires pour recharger les batteries avec tout ce que cela implique, si la production et le recyclage des batteries est source de pollutions monstrueuses …
Les industriels et les gouvernements nous vantent les vertus écologiques d’énergies ou d’industries qui à l’examen se révèlent aussi nocives pour l’environnement et les populations que les anciennes, mais pour sauver l’ordre social existant, pour calmer l’angoisse des populations, tous les coups sont permis pour faire croire que la situation est sous contrôle.
Par exemple, si les insectes pollinisateurs disparaissent, on les remplacera par des armées de drones robots ou pour limiter le réchauffement climatique on va mettre en orbite de gigantesques parasols. Pour faire en sorte que rien ne change, pour laisser croire qu’ils dominent la situation, qu’ils possèdent les solutions, les maîtres du monde, états et capitalistes se déguisent en nouveaux docteurs Faust.
Rien de nouveau, à toutes les époques, les états et les religions ont suscité alternativement la peur et l’espoir pour obtenir la soumission des populations, pour qu’elles acceptent l’ordre établi. Dans des temps pas si anciens, l’état, la religion, les propriétaires disaient que la prière, le paiement de l’impôt, l’obéissance à la loi étaient la meilleure façon de se protéger des fléaux : épidémies, famines, guerres. Aujourd’hui, l’état et les capitalistes nous demandent de leur faire confiance pour gérer les catastrophes environnementales à venir, ils ont -prétendent-ils- la solution mais de la même manière que les rois, les religions, les propriétaires étaient par leurs actes cause des guerres, des famines, de la misère, les états modernes avec les capitalistes sont la cause des désordres du monde.
C’est folie que de leur faire confiance. Ne faisons confiance qu’à nos propres forces, bâtissons un monde nouveau enfin débarrassé de la dictature de la marchandise.