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Centenaire de la croix noire anarchiste

Publié le 18 décembre 2020

Il y a cent ans de cela, en pleine période révolutionnaire en Ukraine, Olga Taratuta ; militante anarchiste russe, créait le premier groupe de la Croix Noire Anarchiste.

Olga de son vrai nom Elka Ruvinskaia, était née dans un petit village rural d’Ukraine, à l’été 1876, dans une famille d’origine juive. Devenue institutrice, elle lutta sans répit contre le régime dictatorial tsariste russe. Pour échapper à la répression, elle s’exila en Suisse, où elle travailla avec Lénine au journal Iskra. Puis elle s’éloigna du marxisme pour évoluer vers l’anarchisme. Elle fit plusieurs allers retours entre la Suisse et la Russie, pour y mener des actions clandestines. Elle est finalement arrêtée en 1909 et est condamné à 21 ans de prison. Libérée en Mars 1917 par la première Révolution russe, elle s’engage rapidement dans le soutien et le secours aux prisonniers politiques de toute tendance (anarchistes, socialistes révolutionnaires, …) que le nouveau régime communiste envoie pourrir dans ses prisons « révolutionnaires »/
A l’automne 1920, elle est missionnée par l’Armée Insurrectionnelle d’Ukraine pour créer la « Croix Noire anarchiste » dont le siège est à Kharkov. Le but de cette organisation est d’aider les détenus politiques du mouvement qui sont de plus en plus nombreux dans les geôles bolcheviques. Dans la foulée plusieurs groupes sont créés, à Moscou et dans d’autres villes. Mais les bolchéviques, ne tolérant aucune autre expression politique, interdisent la Croix Noire dès janvier 1921 et envoient Olga Taratuta en prison, où elle est torturée. Libérée en 1924, sa vie continue cahin-caha, d’arrestation en libération, jusqu’au 27 novembre 1937, où elle est de nouveau arrêtée sous l’inculpation de menées anarchistes et anti-soviétiques, jugée et fusillée le 8 février 1938. [1]

Toutefois, si les Croix noirs anarchistes en Russie avaient été liquidées, elles avaient suscité un mouvement de solidarité international, et de nombreux groupes de l’ABC se créèrent partout où se trouvaient des anarchistes ou simplement des amoureux de la liberté sans compromis.

Pendant la Révolution espagnole, en 1937, la CNT-AIT créa la SIA (Solidarité Internationale Antifasciste), étendant le travail humanitaire de la Croix Noire Anarchiste au-delà des prisonniers anarchistes à toutes les personnes persécutées, exilées ou migrantes du fait des régimes fascistes. SIA joua un rôle de premier plan pour venir en secours à tous les réfugiés espagnols, après la Retirada de 1939 [2].
Cent ans après la création de la première Croix Noire Anarchiste, la meilleure façon de rendre hommage à Olga Taratuta et à tous les compagnons qui se sont battus contre l’arbitraire et la répression est de continuer leur combat.

Nous voulons, à l’occasion de ce centenaire, mettre en avant trois campagnes qui nous semblent emblématiques des combats qui restent à mener :

• Soheil Arabi, est un prisonnier anarchosyndicaliste iranien, qui a été condamné à mort en 2014 pour avoir juste écrit ce qu’il pensait à savoir que Dieu n’existe pas et que la République Islamique d’Iran est une dictature. Sa peine a été commuée en 13 années de prison, qui sont depuis autant d’années de tortures psychologiques et physiques. Nous ne devons pas abandonner Soheil Arabi et avec lui tous ceux qui se battent pour la Liberté en Iran et ailleurs dans le monde. C’est pourquoi nous avons lancé il y a un an une campagne pour informer sur la situation de Soheil ARABI et mobiliser les énergies pour exiger sa libération.

• La pandémie de Covid19 est mondiale et elle frappe indistinctement tous les pays. Mais on sait que partout ce sont les pauvres qui souffrent le plus. Dans certains pays comme le Bangladesh, le minimum basique pour l’hygiène est souvent absent, à commencer par l’absence d’eau propre. A l’appel de la Bangladesh AnarchoSyndicalist Federation, une campagne à laquelle ont répondu la CNT-AIT et la SIA, a permis de collecter des fonds pour la distribution de savon mais aussi de masques de protection.

• En France, les réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile et les dictatures politiques et religieuses de cette région, sont toujours relégués comme des indésirables. Pourtant ils sont les premières victimes du terrorisme d’État et du terrorisme Islamiste qui sévissent dans la zone. Fidèle à son histoire de solidarité, SIA continue son activité en soutien comme hier avec les réfugiés espagnols.

Comment aider ?

Vous pouvez aider de nombreuses manières : vous pouvez participer à l’action de SIA en passant au local lors des permanences ; vous pouvez diffuser à la vente autour de vous le calendrier 2021 de SIA, vous pouvez aussi envoyer un chèque de solidarité à CNT-AIT, 7 Rue St Rémésy,à l’ordre de SIA