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Un véritable vol

Publié le 8 mars 2023

Du haut de sa toute puissance, le président Macron nous le dit ; « il va falloir travailler plus, il faut produire plus », et travailler plus, ça veut dire d’abord accepter de passer l’âge de départ en retraite à 64 ans. D’après ce monsieur, impossible de faire autrement, démographie oblige, économie oblige…

Alors là, bravo l’artiste : il faut à ce monsieur une belle dose de mépris et un sacré culot pour oser nous dire qu’il n’y a pas d’argent pour les retraites : tous les jours, les médias nous annoncent les bénéfices extraordinaires des entreprises françaises, un jour, c’est Total, le lendemain, c’est Stellantis, Engie, LVMH, Airbus, etc., etc.…

Même les entreprises qui battaient de l’aile comme Air France, Renault ou la Poste annoncent des bénéfices confortables. Jamais les entreprises françaises ne se sont aussi bien portées, jamais elles n’ont été autant porteuses de profit. Au total, des centaines de milliards qui vont tomber dans les poches des actionnaires lesquels, au moins nombre d’entre eux, vont placer cet argent dans des paradis fiscaux ou acheter des biens de luxe (yachts, villas …).

Si ces entreprises font des bénéfices, c’est d’abord grâce à l’engagement de leurs salariés. Jamais les travailleurs en France n’ont produit autant de richesses, mais ils n’en profitent pas. Alors que l’inflation rogne le pouvoir d’achat des familles, que le nombre des gens en dessous du seuil de pauvreté augmente, c’est ce moment que monsieur Macron choisit pour annoncer qu’il va nous falloir travailler plus, et plus longtemps.
Les lois de l’économie, nous dit-il, commandent, mais il se garde bien d’expliquer pourquoi ce qui était possible depuis des décennies est devenue impossible alors que la situation économique des grandes entreprises françaises était bien moins florissante qu’elle ne l’est aujourd’hui, alors que la production nationale de richesse était une petite fraction de ce qu’elle est en 2023.

En fait, la raison est simple : les retraites sont essentiellement financées par des cotisations prélevées sur les revenus du travail et proportionnelles à ces revenus : plus la masse salariale dans le pays est élevée, plus la masse des cotisations retraites augmente ; or, au cours des dernières décennies, la proportion de la richesse nationale produite revenant aux salariés a sensiblement diminué et bien sûr, la part des revenus du capital a augmenté en proportion inverse.

Toutes ces dizaines de milliards de bénéfices réalisées par les stars de la bourse sont autant de salaires qui ne sont pas versés aux salariés, d’où des milliards de cotisations retraites en moins. On assiste depuis des décennies à un lent, mais continu appauvrissement relatif des salariés dans ce pays : l’économie produit de plus en plus de richesses, mais les salariés ne reçoivent qu’une très faible part de ce surplus de richesse, les capitalistes se réservent la plus grosse part.

C’est donc en fait à un véritable vol qu’ils se livrent aux dépens des travailleurs, chose que monsieur Macron n’admettra bien sûr jamais. Si la répartition des revenus du travail/revenus du capital était restée la même, il n’y aurait pas de problème de financement des retraites. Pour justifier les cadeaux qu’il a faits aux très riches, monsieur Macron nous a longuement expliqué qu’il fallait croire dans sa théorie du ruissellement : la richesse de la classe privilégiée allait, selon lui, naturellement ruisseler sur les classes pauvres.

En fait, on constate qu’il n’en est rien et si la fortune des très riches augmente, les pauvres et les classes moyennes deviennent encore plus pauvres, mais comme l’avidité de la classe des très riches est sans limite, ils cherchent à s’enrichir toujours plus et cet enrichissement se fait au détriment de tous les autres. Leur volonté de faire payer aux travailleurs les déficits des caisses de retraite, conséquences logiques de leur avidité, en est une preuve.

La lutte que les salariés ont engagé pour les faire reculer sur ce point est un moment de la lutte qui oppose la classe des travailleurs à la classe des capitalistes, c’est une étape de cette lutte séculaire qui oppose le travail au capital et qui ne prendra fin qu’après la victoire de la Révolution Sociale.

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