Nous c’est l’AIT
Publié le 7 octobre
L’AIT est une association internationale de travailleuses et de travailleurs révolutionnaires. Fondée à Berlin en 1922, elle lutte depuis plus d’un siècle, contre vents et marées, pour l’autogestion et l’organisation libertaire des travailleurs. Elle compte actuellement des organisations dans 21 pays et s’est étendue à de nouvelles régions du monde.
L’une des organisations les plus connues de notre Internationale est la CNT-AIT d’Espagne. Il y a quelques années, une faction de cette organisation a réussi, entre autres, par des purges, à prendre le contrôle de fait de toutes les fonctions de plus en plus centralisées de l’organisation. Elle a également tenté, sans succès, de modifier le mode de votation de l’AIT pour enlever des voix à la majorité des sections de l’AIT et, en cas d’échec, de « relancer » l’AIT à huis clos avec seulement deux autres sections. Enfin, cette faction a lancé une nouvelle organisation internationale, la Confédération internationale du travail (CIT), composée d’autres organisations ayant des pratiques très différentes de l’AIT. La CNT-AIT demeure toujours la section espagnole de l’AIT, conservant les mêmes principes anarchosyndicalistes de la CNT espagnole des origines.
Il faut souligner que la section espagnole du CIT (qui se fait appeler « CNT »), qui dispose d’avocats professionnels permanents, revendique le droit exclusif du nom CNT et réclame que lui soient attribués tous les biens (et notamment les locaux) détenus par la CNT-AIT. La CIT espagnole en effet a volé les archives de l’AIT, qu’elle conserve dans de mauvaises conditions dans un entrepôt à l’extérieur de Tolède, y refusant tout accès. Elle poursuit également de nombreux syndicats de la CNT-AIT pour usurpation de sigle et squat (ainsi qu’un athénée libertaire dans ce dernier cas), réclamant d’énormes sommes d’argent. La décision d’entamer ces poursuites a été prise par les avocats, et non par l’ensemble des membres de la CIT espagnole, ce qui montre l’orientation autoritaire et verticale que ce syndicat a prise. Ces poursuites seront entendues au tribunal en septembre prochain.
Cette organisation espagnole prétend notamment que la CNT-AIT ne peut pas s’appeler CNT-AIT parce que l’AIT n’existe pas.
Il s’agit là d’un mensonge très audacieux de la part de l’organisation espagnole du CIT, qui sait pertinemment que l’AIT existe et ce, depuis plus d’un siècle.
Nous imaginons, d’après les documents juridiques, que cette bande d’avocats sans scrupules tentera d’utiliser l’État pour mener sa guerre contre les anarchosyndicalistes en Espagne au prétexte que l’AIT n’est pas enregistrée légalement en Espagne, alors que leur organisation CNT CIT respectent les lois de l’État, y compris en fournissant des informations à l’État sur leurs propres membres.
Le manque d’éthique de leurs arguments est consternant. D’autant plus que le nom CNT-AIT est également partagé par une autre organisation de l’AIT, la CNT-AIT France. C’est en France que de nombreux réfugiés de la CNT-AIT se sont rendus après l’arrivée au pouvoir de Franco et, pendant des années, cette organisation de compagnons français a assuré la survie de l’AIT dans l’après-guerre. Nos compagnons français ont également connu des changements organisationnels et il existe actuellement trois CNT différentes dans ce pays1. Se font-elles des procès et prétendent-elles, comme les Espagnols, qu’elles « ne peuvent pas se développer » parce que les travailleurs confondent leurs organisations ? Bien entendu, ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une vindicte particulière contre notre section espagnole, la CNT-AIT d’Espagne, qui a refusé de suivre aveuglément les personnes qui se considèrent comme l’avant-garde de leur organisation.
En tant qu’AIT, nous sommes tous et toutes solidaires de notre section, la CNT-AIT espagnole, qui est la continuation de la CNT-AIT historique en Espagne. Nous exprimons ainsi notre dégoût face aux mensonges éhontés de l’organisation espagnole de la CIT, qui utilise la logique de l’État et de l’étatisme et qui tente de prétendre que nous n’existons pas. Pour nous, c’est la confirmation absolue que ces personnes ont rompu avec l’éthique et les objectifs libertaires et qu’elles agissent contre ceux et celles qui adhèrent encore à cette éthique et ces objectifs libertaires.
Nous sommes l’AIT et nous ne nous défilerons pas. Nous sommes déterminés à poursuivre notre lutte sur la base des valeurs libertaires, à maintenir une structure horizontale forte en Espagne et à créer de nouvelles organisations dans le monde entier.
L’organisation espagnole de la CIT se plaint auprès des tribunaux de l’État que les travailleurs « confondent » leur organisation avec la CNT-AIT, que les travailleurs « veulent vraiment les rejoindre, mais qu’ils rejoignent la CNT-AIT à la place » et que cela les empêche de se développer. À quel point est-ce que ces personnes pensent vraiment que les travailleurs sont si stupides ? Nous n’avons pas ces préoccupations, car nous pensons que les personnes qui adhèrent à la CNT-AIT savent ce qu’elle est et ce qu’elle représente. En même temps, après avoir dû subir les affirmations pompeuses de cette faction en Espagne, qui prétend et a constamment prétendu que la CNT-AIT n’était qu’un petit groupe insignifiant de radicaux par rapport à leur puissante et nombreuse organisation, de telles affirmations soumises au tribunal montrent l’ampleur de l’hypocrisie à laquelle ils peuvent s’abaisser, et ce, en contredisant le discours qu’ils ont eux-mêmes mis en avant dans l’espace public pendant plus d’une décennie.
Nous sommes l’AIT et nous savons ce que nous représentons et savons qui représentent quoi en Espagne. Les tribunaux de l’État peuvent ne pas aimer le syndicat qui défend la révolution sociale dans ce pays, ils peuvent préférer les imposteurs légalistes édulcorés, ceux qui se plieront à leur autorité au bout du compte. Mais notre victoire est de maintenir nos principes, que personne n’a jamais réussi à nous enlever – pas même une quelconque répression étatique.
Vive l’AIT et vive la CNT-AIT !
Secrétariat de l’AIT